Once upon a time in a tortuous mind ...

Le titre est de ma grandeur et, s’il ne vous plaît pas, sachez que je me soucie autant de votre avis que de celui de l’australopithèque qui me tient lieu de voisin du dessous. En gros je m’en fous, oui, c’est un peu ça l’idée. Bref, vos gueules. Le récit qui suit contient des éléments classés secret défense ; leur lecture vous expose à de potentielles poursuites par les chinois du FBI, les extraterrestres de la NSA, et les taupes bipèdes et non-aveugles de la CIA. Bien entendu, je décline toute responsabilité en cas de coulage impromptu dans du béton sur un chantier nocturne, de nage forcée avec un boulet de cinquante kilos au pied au large des îles hawaïennes, ou encore de définctage prématuré suite à la prise en aveugle d’un virage de haute montagne en conduisant pieds et poings liés dans le coffre. Ces nécessaires précisions apportées, qu’il me soit permis maintenant d’aborder ce qui vous intéresse tous, sous-doués du bulbe en manque d’imagination que vous êtes : le passé de vos personnages préférés de Bleach, et plus particulièrement les relations de certains d’entre eux avec certains autres. Vous remarquerez la parfaite coordination avec l’entame par Kubo-san d’une série de flash-back ; elle n’est pas due au hasard, ce mec étant mon pote. D’ailleurs, le chara-design de Stark est de moi, en fait. Ouais. Enfin … Trêve de tergiversations, entamons céans cette rétrospective.

Nous sommes en 105 avant nous mêmes, dans les locaux de la dixième division de protection des Armées de la Cour. Un homme regarde pensivement par la fenêtre du bureau du capitaine de ladite escouade. Il a des cheveux bruns sur le chef, un haori blanc orné du kanji « 10 » sur les épaules, et des idées sombres qui s’agitent sous son scalp. A cause d’expériences douteuses de son copain d’absence de rasoir de la douzième division, Urahara Kisuke, une expédition doit partir dans quelques minutes en direction du Hueco Mundo pour aller, entre autres, tataner du Hollow, mais également – et surtout – récupérer un artefact dont tout le monde se fout mais que le vieux Yama a décidé de ne pas laisser aux mains de ces charognards de Menos. Le problème étant bien sûr que c’est lui qui se retrouve à devoir réparer les erreurs de son psychopathe de pote, lui, le capitaine de la dixième division, Shiba Isshin. Son instinct de guerrier lui souffle que ça va mal finir mais sa morale de guerrier, elle, lui dicte de suivre les ordres du vieux croûton pas encore tout à fait cacochyme – et donc potentiellement toujours parfaitement capable de lui faire comprendre, avec diplomatie mais sans finesse, qui commande et qui obéit … Alors que son lieutenant vient lui annoncer à travers la porte du bureau que le peloton est prêt à partir pour les joyeuses aventures qui s’annoncent, Isshin s’étire puis bâille mollement avant de rejoindre ses troupes rassemblées dans la cour. Il traînerait bien les pieds mais comme c’est pas la classe pour un capitaine, il prend une allure fière et arbore un sourire crâne, genre " C’est par où la promenade de santé dans le pays des Hollow ? ". Un rapide briefing à ses hommes, et les voilà partis en direction du passage ouvert pour l’occasion. Yamamoto et quelques autres sont venus les saluer : Unohana, Kyouraku, Ukitake … Toujours les mêmes, aucun des nouveaux n’est présent.

« Tch. Urahara … Tu me le revaudras. »

Infidèle à ses principes, le dirigeant fou du récemment créé Bureau Technologique ne s’est même pas déplacé. Honte de voir son ami contraint de réparer le fruit de ses erreurs ? Probablement … Bah, il verra à son retour. Pour le moment, le plus important est d’assurer la survie des ses hommes et surtout le succès de sa mission ; le regard que lui jette le vieux commandant-général ne laisse d’ailleurs aucun doute quant à la non-imaginabilité d’un échec. Enfin bref, dernier de toute la compagnie, Isshin s’engage à son tour dans la passerelle inter-dimensionnelle, laquelle commence à se refermer dans son dos, quand soudain … Tout s’enchaîne.

« Oh, mince, l’aspirateur … J’ai oublié d’éteindre l’aspirateur ! »

A la surprise générale, Isshin revient en arrière au dernier instant, avec la classe d’Indiana Jones récupérant in extremis son chapeau par-dessous une porte de pierre en train de se refermer sur son bras. Sans prêter la moindre attention au passage qui se clôt derrière lui ou à ses hommes, qui ne doivent pas comprendre pourquoi leur chef n’est pas entré avec eux, le capitaine de la dixième se précipite chez lui, puis débranche l’appareil électrique qu’il a omis d’arrêter le matin même avant de partir taffationner. Cela fait, c’est sous le regard courroucé du Père Noël en noir qu’il s’en retourne sur la colline du Soukyouku, où l’attend un nouveau passage, ouvert rien que pour lui – trop la classe, ouais. Esquivant le sermon de l’ancêtre d’une pirouette pas que scénaristique, le distrait s’empresse de rejoindre sa troupe du côté obscur de la mort, et ainsi peut commencer l’action véritable de cette histoire qui déchire grave son troll des cavernes, vive moi.

A propos d’action, ça commence à défourailler sec dès les premières minutes de progression du petit groupe de Shinigami dans cet infini désert immaculé qu’est le Hueco Mundo. Les Hollow, alertés par l’importante quantité de reiatsu en provenance de tout ce beau monde, se sont rassemblés et entament une petite guérilla comme ils savent en faire : hop, le petit moche avec des ailes de ptérodactyle fait un raid aérien, hop le gros pas beau avec trois cents pattes attaque par dessous en se déplaçant dans le sable, hop le vicieux avec les cornes charge comme un taureau … Mais bon, en face, c’est pas n’importe qui. ‘Fin j’veux dire, c’est quand même l’escouade de Shiba-Taichou, quoi. Donc vas-y que je te tranche des cornes, que je te coupe du masque, que je te lacère des écailles … Et tout ça dans la bonne humeur s’il vous plaît ma petite dame. Ouais, on a le goût du combat ou on l’a pas, et eux, ben … Ils l’ont. Ah, au fait, concernant le capitaine Shiba, notons que pour le moment il se contente de rester légèrement en retrait, observant ses hommes combattre, comme un vrai pro de la tactique.

Les combats durent encore une bonne demi-heure avant que le calme ne finisse par reprendre son saint règne au milieu des dunes nacrées. Les Shinigami, dont les plus blessés souffrent d’à peine quelques égratignures, commencent à se regrouper autour de leur chef en se gaussant grassement de feus leurs ennemis – comme de vrais hommes – lorsqu’une immense pression spirituelle apparaît de nulle part et leur intime le silence. Quelques secondes d’hésitation puis, l’origine du nouveau reiatsu se faisant plus précise, chacun tourne la tête dans la même direction. Là-bas, au sommet d’une des dunes les plus hautes du coin, une ombre filiforme et surmontée de deux cornes apparaît en contre-jour, découpant sa silhouette dans le clair de lune. Et là … C’est le drame.

Ou presque. Oui, je sais : j’aurais pu dire que " ça a failli être le drame ", mais avouez que la scène aurait alors perdu toute son intensité dramatique. Enfin bref, lâchez-moi et concentrez-vous un peu sur l’essentiel. Pouf, pouf … N’eût été l’intervention d’Isshin, la moitié de ses subordonnés périssaient en l’instant. Fort heureusement, les super sens aiguisés du capitaine lui ont permis d’anticiper et de contrer l’attaque-de-la-mort-qui-tue – ou pas, si vous avez suivi – de la bestiole à laquelle il fait désormais face, une sourire narquois sur le visage. La bestiole, parlons-en : un bandeau blanc masquant son œil gauche, une espèce d’auréole blanche sur le crâne, une faux géante à la main … On ne peut pas dire que son accoutrement, étrange sinon ridicule, en jette autant que son énergie spirituelle. Pourtant, c’est avec une surprise mêlée de mépris qu’elle relâche la pression qu’elle continuait jusque-là à exercer contre la lame d’Isshin, dégainée pour l’occasion, puis recule de quelques pas. Toisant son adversaire du haut de sa taille plus grande que la normale, l’étrange énergumène lâche une question.

« T’es qui toi, bordel ? »

Un petit sourire en coin, Isshin décline son état civil, tandis qu’une petite info-bulle se met à défiler au-dessus de sa tête – en anglais parce que c’est plus la classe : << Shinigami Captain ; level 38 ; XP:56673, HP:203, SP:407, S:56, A:54, I:49, W:59, C:45 ; Neutral Good >>. Bon, ensuite c’est l’enchaînement classique : le cornu fait celui qui n’a pas peur et lance un nouvel assaut, Isshin le pare nonchalamment, le cornu déchaîne son reiatsu pour un nouvel assaut, Isshin sort son shikai et lui met sa rouste … Truc de base. Suant sang et eau mais excessivement têtu ( borné ? ), le faux-soyeur fléchit ses jambes et entreprend pour finir de concentrer à nouveau son énergie spirituelle pour lancer ce qui ressemble furieusement à une ultime offensive. Ne s’y trompant pas, le leader de l’équipée Shinigami décide de devenir sérieux, son visage se faisant soudain dur ; l’on sent que lui aussi va déchaîner toute sa puissance. Et il ne fait aucun doute que celle-ci sera de très loin supérieure à celle de son adversaire. Bref, le méchant va mourir ; une odeur de tragédie plane sur la scène ; c’est brutal et beau à la fois. Et j’arrête là les descriptions emphatiques parce que ça saoule. Les deux bêtes de combat vont pour s’élancer l’une vers l’autre, lorsqu’un couple de mots – d’autant plus fort qu’il est unique – stoppe celle des deux qui a des cornes.

« Noitora, arrête. »

Des mots venus d’une femme lointaine, apparue dans le lointain, sur une colline lointaine. Curieusement, pas besoin qu’elle soit proche pour voir qu’elle a un masque en forme de crâne de bélier, qu’elle a les cheveux verts, qu’elle est belle, et qu’elle en impose. Enfin … Pour les commodités du scénario, laissons-la se rapprocher. Laissons-la aussi se faire engueuler par celui qu’elle a appelé " Noitora " et lui enterrer la tête dans le sable d’un coup de pied pour le remettre à la place qui est sienne. Laissons-la enfin se présenter dans ses formes : Nerieru Tu Odershvank, Nell pour les intimes << VastoLorde Arrankar garantie 100% naturelle ; level 39 ; XP:56687, HP:211, SP:397, S:52, A:56, I:54, W:54, C:53 ; Chaotic Neutral >>. Ouais, elle en jette. Elle en jette tellement qu’Isshin reste coi l’espace d’un instant, noyé dans son regard andalou de beauté d’Europe de l’Est.

Néanmoins, ses instincts reprennent vite le dessus et il troque sans plus tarder son Zanpakutou libéré contre une cigarette allumée, parce qu’il sait que ça le rend cool. Elle lui plaît, il lui plaît, ils se plaisent. Là encore c’est beau, mais un peu moins brutal que tout à l’heure. Quoique : elle a de la fierté espagnole dans les yeux, et il lui faudra conquérir cette fierté. Pour cela, pas trente-six solutions ; ils doivent s’affronter. Eteignant sa cigarette dans un haussement d’épaules amusé, Isshin dégaine à nouveau son arme tandis que Nell révèle Gamuza au grand jour. Enfin à la grande nuit. Enfin bref vous avez compris, faisez pas les relous. Devant des Shinigami médusés et un Noitora aussi attentif que sablonneux, les deux titans font résonner le clair de leurs lames dans des éclairs métalliques – de toute beauté et qui zèbrent très esthétiquement le sombre firmament du Hueco Mundo, mais ça on s’en fout, c’était juste pour le jeu de mot. Shikai, libération, bankai … Tout s’enchaîne, et finalement, ce qui doit arriver arrive, mais là vous devrez imaginer.



Entre sept et dix mois plus tard, donc, quelque part au Hueco Mundo. Ca bruite, ça geint, ça crie, puis ça silence. Puis ça crie et pleure en même temps, mais pas avec la même voix. * Zoom vers là d’où c’est qu’il vient, le bruit. * Ils sont deux, ils sont nés, ils sont beaux – ou pas. L’un a les cheveux bleus, une demi mâchoire en os ridicule et collée sur la joue gauche ; l’autre a les cheveux noirs, les yeux verts et un demi masque unicorne qu’on se demande comment nature a pu se faire. L’un pleure et trépigne en tout sens, frappant tout ce qui se trouve alentour ; l’autre reste calme et observe le monde de son beau regard attentif. L’un a l’air crâne et l’énergie de son père ; l’autre a les yeux et la noblesse de sa mère. Et stop les parallèles : le premier reçoit le prénom de GrimmJow, le second celui d’Ulquiorra, et basta.

Posant un long regard chargé d’amour paternel sur ses faux jumeaux de fils, Isshin finit par poser un regard plus triste sur Nell qui, elle, les regarde avec un regard chargé d’amour maternel. Même si, sept à dix mois auparavant, il a assuré le succès de sa mission en s’arrangeant pour que ses hommes ramènent le bidule que voulait récupérer le vieux Yama, il bien va falloir qu’il finisse par rentrer à la Soul Society à son tour. Il le sait, elle le sait, ils le savent. C’est beau, mais triste en même temps. Passons les derniers jours ensemble, passons les adieux des tourtereaux, passons les larmes retenues. Après un viril « Soyez des hommes, mes fils. », après un dernier sourire, Isshin tourne les talons, s’éloigne, hésite, continue, traverse le pont inter-dimensionnel et se dirige vers la suite de sa vie. Principalement des ennuis, dans l’immédiat, mais ce sera pour plus tard.



Quelques temps ( jours ? heures ? minutes ? ) à peine après le départ émouvant de tonton Isshin, donc, dans la pseudo grotte où habitent Nell et ses deux marmots. Tandis que GrimmJow fait mumuse avec les divers ustensiles de maquillage de sa maman sous l’œil amusé de celle-ci, Ulquiorra s’amuse avec son propre œil à lui, le sortant puis le remettant répétitivement dans son orbite et trouvant ça très rigolo. Soudain, les deux bambins stoppent leurs activités ; une ombre vient en effet d’apparaître à l’entrée de la grotte, une ombre filiforme à cornes. Oui : c’est bien Noitora qui vient courtiser la pauvre et frêle Nell, en manque d’amour maintenant que son amoureux l’a lâchée, le vil salaud y faut y casser la gueule. Bien évidemment, trop fidèle à ses nobles sentiments – et en plus trop dégoûtée par le faciès détestable du pauvre cornu –, la belle ne tarde pas à le mettre dehors, avec une grâce et une efficacité provoquant une ovation des deux chérubins pas encore frères ennemis. Noitora est venu, Noitora a tenté, Noitora s’est fait refouler.

Meurtri, blessé dans sa chair comme dans son cœur, le pauvre hère erre quelques heures dans le désert. Puis il décide de passer à autre chose, et songe à une autre de ses connaissances. Elle a la peau mate comme une fille du sud, et ses yeux sont de la couleur de l’émeraude ; il la trouve belle, elle aussi. Il va la voir, elle aussi.

« Vazy sors avec moi spèce de tepu. »

…

« Steuplaît. »

Un peu tardif, l’ajout de la politesse n’a, semble-t-il, pas grand effet, à en juger en tout cas par la réaction de la pulpeuse damoiselle, laquelle ne se fend même pas d’une explication lorsqu’elle lui assène un fulgurant direct du pied dans les intestins et l’envoie creuser un nouveau cratère relativement très beaucoup profond dans le sol, à quelques vingtaines de mètres de là. Elle l’a jeté, elle aussi. Une insulte que la morale m’interdit de reporter ici dépasse les dents de Noitora tandis qu’il se relève péniblement, observant le dernier bourreau de son cœur s’éloigner au loin. Puisqu’elles ne l’aiment pas, plus jamais il ne fera confiance à une femme, plus jamais il ne les respectera.