| | Le Caveau des Turpitudes | |
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Auteur | Message |
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L'Un Seul *Traducteur BKT*
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| Sujet: Le Caveau des Turpitudes Lun 1 Nov 2010 - 19:53 | |
| "De là où je suis, je couche ma folie sur des blouses blanches." Venez... approchez... Et rentrez... "Une architecture de mots et de papiers. Un parfum d'insomnie et de caféine. Un trône de tissu. Un royaume d'idées. Un monarque, couronné d'aucune richesse. Ses empreintes sont partout, surtout sur les mots, surtout sur le papier. Et appauvrissent son sommeil. Son corps repose tout entier sur les pages blanches, prie au-dessus des autres. S'offrant en sacrifice d'un ciel idéal." Amateurs de lettres; néophytes au coeur perdu, cherchant dans l'amertume des autres une raison pour justifier la leur; histoires d'un soir; baisers volés; pèlerins; et les autres, je vous souhaite la bienvenue ici. Assez? Alors n'insistes pas, quittons-nous bons amis. Quant aux autres... toutes les routes mènent à Rome. Toutes, certainement, d'une certaine manière en tout cas, reste à savoir comment, combien, pourquoi, et de ne pas oublier que nos réponses sont futiles tant que nous n'avons pas touché au but, et comprendre ensuite qu'il n'y en a pas de définitive, que la route se poursuit, qu'attendez-vous pour vous y promener? Et tout recommencer. Toujours pas assez? Vous êtes officiellement admis dans le Caveau de mes Turpitudes. L'originalité n'a jamais été mon fort, je l'admets sans difficulté, raison pour laquelle j'ai préféré jouer la carte de la sincérité en improvisant totalement cette introduction qui, et je l'admets également sans peine, souffre d'autant de faiblesses qu'elle en devient ridicule et fastidieuse à la lecture. Mais rassurez-vous, l'heure est aux vraies présentations. Je suis L'Un Seul. (De même, enchanté) Et j'essaye d'être un bon écrivain. Je ne vous demanderai pas me dire comment on devient un "bon écrivain", ni comment vous l'êtes devenus, plutôt de me dire comment vous percevez la manière par laquelle je tente de le devenir. Pourquoi demandé-je cela? Parce que tout le monde n'a pas la même perception du "bon écrivain". A quoi bon engager un débat interminable? A quoi bon perdre son temps à cela? En fait, je réclame beaucoup de vous, je vous demande, d'abord, de découvrir, à travers mes travaux d'écriture, cette fameuse "manière", cet "opus operandi" que j'ai choisi afin de parvenir à mon but ultime et, par la suite, de me donner vos impressions. Bien sûr, vous avez le droit de critiquer mes choix, mes mots, l'agencement de mes lignes, de mes paragraphes, et ne vous y trompez pas, chaque commentaire sera pris en compte, sera disséqué, analysé, ingéré, et enfin, déféqué sous forme d'une retouche pleine de gratitude et de reconnaissance. Mes textes sont imparfaits, et j'ai conscience qu'ils le sont. Cependant, j'ai l'intime conviction qu'ils sont "assez" bons pour vous êtres soumis. Si ce n'est pas le cas, ma foi, il vous suffira de m'incendier, de prendre la squelette de ma fierté et de dénombrer ses fractures, ses points de rupture. Je vous souhaite une bonne lecture, en espérant qu'elles vous soient propices. - "Texte 1":
Ce soir-là…
Les huées pour thrène… Les crachats pour linceul… L’escalier pour tombeau…
Et la lune… la lune… la lune décidemment si seule, ce soir-là.
Sous la lune pleine d’une nuit sans étoiles, l’écume délétère recrache par morceaux la proue déchiquetée de son existence. L’eau est de chairs, et son sel mortifie les lèvres de ses tourments ; c’est son empire que l’on livre aux gémonies.
Sous la lune pleine d’une nuit sans étoiles, le venin de l’ire dissous les derniers espoirs de l’impudique agonie. Le vent est d’os, et son hurlement décalcifie le squelette de son âme endeuillée par l’ignorance ; c’est son empire que l’on livre aux gémonies.
Sous la lune pleine d’une nuit sans étoiles, les clepsydres de cyanure empoisonnent le temps des rêves. L’orage est de sang, et sa foudre saigne les plaies des nuages mélancoliques dans l’infirme firmament ; c’est son empire que l’on livre aux gémonies.
L’artiste, de son vivant, n’est que monceaux de chairs, fatras d’os, flaques de sang. Sous la lune pleine d’une nuit sans étoiles, Il est bien plus que cela.
- "Texte 2":
L’Artiste, de ses mains, du bout de ses doigts maudits, étranges crânes aux paupières lourdes d’encre noire, enseveli ce monde d’éphémères sous des gravats d’ongles vides.
Des plumes de chair pour parfaire son agonie, des épitaphes de peaux mortes pour nourrir la stèle du vivant ; ses mots sont des pétales d’âme exfoliés dans la tourmente.
L’Artiste pleure le mensonge, et si ses larmes exhalent un parfum de sorcière, c’est parce que le monde est son grimoire de sortilèges obscènes.
À demi-maux, L’Artiste se baigne dans des cicatrices incarnates. Il boit des tasses de sang, transgresse les ukases. Il est le pénitent de la Vérité, ce geôlier intraitable que l’aumône exalte.
À mi-chemin entre ciel et terre, L’Artiste est la chrysalide de l’homme triste.
- "Texte 3":
« Trouver un sens à sa vie, c’est oublier que nous l’avons perdu. » Ponctionnées aux chairs corruptibles des pactisés, salives et sueurs œuvrent, complices, dans une immixtion coupable de concupiscence. Ainsi, les aliénés, assiégés par la torpeur lubrique des accusés, succombent aux aiguilles du parjure et travestissent leur folie en vacarme d’orgasmes organiques. Réalité triomphante : Encre et larmes se disputant la préséance de l’affliction créatrice, dénoncent à l’écho silencieux du papier les infirmités de l’Artiste éperdu du désespoir.
Merci. "D'où que tu viennes dans la vie, quoi que tu saches des incertitudes du coeur et de l'esprit, regardes autour de toi. Tu n'es plus seul" _________________ Koalas Next 4 km
Dernière édition par L'Un Seul le Sam 20 Nov 2010 - 13:39, édité 1 fois | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le Caveau des Turpitudes Lun 1 Nov 2010 - 20:31 | |
| C'est assez déroutant si je puis dire. Tes textes sont à la fois pleins de sens et a la fois totalement dénuée de fondement et c'est surement sa qui les rends si intriguant .
Si ce n'est une petite critique: les grands et parfois inintelligibles mots c'est , certes , beau mais un surplus de ceux-ci sa en devient lassant voir repoussant à la lecture , qu'on comprenne ces mots ou pas d'ailleurs. ( critique modeste qui faut surtout pour le texte 3)
Pour ma part je trouve que les plus belles phrases se font avec les mots plus simples de même que les plus grandes œuvres littéraires de toute époque sont celles qui sont les plus intelligibles pour la plupart des gens qui les lisent. ( Je mettrai les grands traités philosophiques et autres œuvres de psychanalyse à part cela va de soi)
Je continuerai a te lire ( et surement prochainement te faire à mon tour lire ce que ma muse m'a inspiré) En espérant que mon humble avis te servira à quelque-chose
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le Caveau des Turpitudes Lun 1 Nov 2010 - 21:38 | |
| Tudieu ! je viens de perdre le pavé que j'avais écris !
Donc, on reprend, avec un soupçon d'agacement (envers mes mains pleines de doigts.)
Je viens poster sur ce topic, parce que tu m'intrigues L'un Seul, de part tes posts à la langue si recherchée.
Alors, globalement, je rejoint l'avis de Ben2917 : la surcharge de vocabulaire donne une sensation d'étouffement.
Avoir un beau vocabulaire (et j'ai rencontré des mots que je ne connaissais pas) c'est bien, ça montre une érudition, un amour pour la langue. Mais il ne faut pas que ça se fasse au détriment de ce que j'appelle (et probablement d'autres avant moi) le style (et d'aucun sait que c'est dur de trouver le sien), qui lui ne se résume pas au simple vocabulaire.
Aussi, je trouve que travailler un peu plus la métaphore filée serait un plus.
Je m'explique. Tes phrases sont belles, indépendamment, mais il leur manque un peu de cohérence à la métaphore, pour donner une puissance au texte.
c'est un peu comme dans le rock (et la musique), une juxtaposition de riffs qui poutrent ne fait pas forcément un bon morceau.
Par exemple dans le texte 2, tu écris à un moment :
"À demi-maux" voilà un excellent jeu de mots, ton texte tourne autour de la souffrance de l'artiste, tu as un vocabulaire diversifiée pour parler de celle-ci, mais je trouve qu'il manque une "fusion", une association du thème de la "souffrance "et de la "création artistique", qui pourtant se trouve accompli de manière parfaite dans le " A demi-maux", si tu vois ce que je veux dire ...
Je trouve qu'il manque aussi un peu de travail sur le rythme, et les sonorités. Ces deux aspects, contribuant à créer l'ambiance du poème ou du texte. Mais là, c'est dur de trouver un exemple, alors je te donne un des poèmes (si ce n'est LE poème) que je trouve les plus beaux :
Annabel Lee d'Edgar poe (si tu le connais pas déjà)
http://www.poesie.net/annabel8.htm
Les deux dernières strophes (en anglais oeuf corse) sont juste WOUAH ! (rien que dans les sonorités, quand tu les lis à haute voix).
Donc voilà, les petites remarques que j'ai pu relever et qui à mon sens pourraient peut être te faire progresser. (Même si tu es bien parti !)
D'ailleurs, faut que je pense à aller faire un tour sur le topic "vos lectures du moment" et faire mon feedback de l'affaire charles dexter ward que tu as lu aussi. (et faudra que je crée un topic sur Howard, parce que ça le fait pas de pas en avoir !)
Voilà, en espérant que ce soit le genre de post que tu recherches.
Bonne continuation L'un Seul, t'as un fort potentiel !
PS : "L’Artiste pleure le mensonge, et si ses larmes exhalent un parfum de sorcière, c’est parce que le monde est son grimoire de sortilèges obscènes."
Très belle phrase, très belle métaphore !!!
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| | | L'Un Seul *Traducteur BKT*
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| Sujet: Re: Le Caveau des Turpitudes Jeu 4 Nov 2010 - 17:34 | |
| Je vous remercie pour le temps que vous avez bien voulu m'accorder. Malheureusement, je suis en manque de celui-ci pour vous répondre à tous les deux - ce que je m'engage à faire, bien entendu, et en détail, pour la peine -, je me contenterai donc aujourd'hui de vous transmettre deux autres textes, d'un style différent et qui, je l'espère, vous inspireront davantage que les trois précédents: - "Texte 1":
Ses mains, en proie à la maladresse de la première fois, tatouent des formes invisibles, parfois inutiles, sur un corps victime du chaos extatique. Il. Marionnette dédiée aux transes de l’amour, sébile avide d’exsudations, ses tendances immatures chancèlent dans l’obscur couloir des idées interdites. Elle. Gestes choisis, gestes soudains. Il et Elle sombrent. Inanimés.
- "Texte 2":
Pendant que la nuit confesse ses exactions promises à l’impudeur, les venins de l’insomnie calomnient les sommeils véniels en caresses égarées par la torpeur. Alors, l’insoumise cécité guerroie l’éveil animal du désir artériel et dénonce les mensonges d’orgasmes. Les cieux se rétractent, ferment leurs portes. À l’amour sans parole.
Bonne lecture ! _________________ Koalas Next 4 km
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| | | katamaran Humain
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| Sujet: Re: Le Caveau des Turpitudes Lun 15 Nov 2010 - 21:14 | |
| Oué srx cé koi sè trucs kon khaptte r1?!???????? Hum, reprenons nous... L'un seul, sans doute un des membres de ce forum qui m'intrigue le plus. La faute certainement au raffinement de la plupart de tes interventions, j'ai donc sauté sur l'occasion de lire certaines de tes créations. Mon avis? Il rejoint en fait mes 2 prédécesseurs, c'est ( très!) bien écrit, mais fichtre ce que c'est " lourd ". Alors bien sûr tout est relatif, Harry Potter est complexe pour pas mal de monde je présume... En fait je veux simplement en venir au fait que tes textes ne sont pas du tout faits pour le lecteur lambda. Prenons ma personne en exemple, j'ai (je pense ^^) un niveau correcte en français même si la lecture n'est pas mon premier passe temps, je m'en suis toujours tiré lors de mes études (bon ok c'est pas un miracle non plus.), et bien je dois dire que lire tes œuvres m'ennuie, pas parce qu'elles sont mauvaises, mais simplement car elles sont trop chargées pour moi même si j'en comprend l'ensemble. Je ne vais donc pas vraiment critiquer ce que tu fais, je pense qu'il y a deux ou trois érudits sur ce forum qui seront à même de donner une critique constructive sur ce que tu fais. Pour ma part je vais continuer à prendre plaisir à lire ce que tu "ponds", en me sentant un peu bête :) Continue dans cette voie *Signature d'un illettré* | |
| | | L'Un Seul *Traducteur BKT*
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| Sujet: Re: Le Caveau des Turpitudes Sam 20 Nov 2010 - 11:42 | |
| Il aura fallu l'temps, mais chose promise, chose due. Tout d'abord, et même si je vais cruellement manquer d'originalité, je vous remercie encore d'avoir pris le temps de vous appesantir sur mes travaux. La lecture demande un investissement certain, et je vous suis reconnaissant pour ça. Je vais donc commencer par le premier point que vous avez soulevé, à l'unanimité : - La surcharge de vocabulaire.
Ma foi, vous avez tous raison... Et vous avez tous torts. La perception que vous avez est tronquée par l'inusité de certains mots ou de certaines expressions. Des mots tels que : thrène, délétère, gémonies, ire, clepsydre, fatras, sont très peu utilisés dans le langage courant, et les rares fois où j'ai voulu, en effet, en peupler mon discours, les regards traduisaient à la fois de la colère - parce que la plupart des gens pensent qu'une personne utilisant un mot peu usité essaye de se la péter ou de paraître intelligent, et permettez-moi de vous dire que ce n'est pas toujours vrai -, de la frustration - parce qu'ils ne me comprennent pas -, de la gêne - pour la même raison - et pour d'autres, plus rares, de la jalousie. Je l'avoue volontiers, ce sont des perceptions qui m'embêtent un peu, non pas qu'elles m'empêchent d'écrire, plutôt qu'elles empêchent "les autres" d'apprécier ce que j'essaye de faire. Il n'est pas aisé de réhabiliter certains mots que la conscience collective a bannis de son répertoire sous prétexte qu'ils incarnaient une "difficulté" imaginaire, parce que, d'après moi, la seule difficulté réside dans la fainéantise intellectuelle. Est-il si fastidieux de se lever de son fauteuil, de s'emparer du dictionnaire et d'apprendre? Est-ce de l'orgueil ma placé? Non, je ne pense pas, et ne vous méprenez pas, je ne prétends que vous soyez fainéants, j'essaye de comprendre certains phénomènes qui condamnent le style que j'essaye d'embrasser, un style que beaucoup qualifie d'hermétique, de pompeux, et même, parfois, d'arrogant. Autrement, ben219, je m'oppose totalement à ta vision des choses. Une oeuvre, selon moi, ne peut pas apparaître dans une totale transparence au lecteur. Un poème n'apparaîtra jamais - ou même un texte en prose - de la même manière à tout le monde, et j'ai même tendance à croire que la perception de l'auteur lui-même ne fait pas autorité. Encore un débat à lancer, intéressant tout ça ! Vous trouvez mes textes compliqués? Ils ne le sont pas. Lourd? Oui et non. Et je suis loin d'être un quelconque érudit en la matière. Je m'essaye à différents styles - tout en gardant un substrat commun -, parce que contrairement à ce que tu penses, Lobo, je suis contre le fait d'avoir un style unique, rigide et immuable. Mais là, ce sont deux conceptions qui s'affrontent, et de cet "affrontement", aucune n'en sortira vainqueur ou perdante. Mais là n'est pas la question, il nous suffira de créer un sujet pour en parler. Le Message Privé est une bonne occasion également d'en débattre. J'en profite pour préciser une petite - non, une grande - chose. Le fait que, justement, vous ressentiez cette surcharge est entièrement de ma faute, et ça, je l'accepte totalement ! Un écrivain de métier, bardé de son expérience et de son talent éprouvé, aurait fait "passer la pilule" bien mieux que moi. Raison pour laquelle vous avez à la fois torts et raison, de même que moi, qui ne suis qu'un apprenti - et mon propre maître aussi, même si je compte beaucoup sur les lecteurs pour m'appuyer dans ma démarche. Voilà ce que j'avais à dire sur cette "surcharge de vocabulaire". J'espère avoir répondu à toutes vos interrogations, et si vous en avez d'autres, si vous ne comprenez pas un point de vue, n'ayez aucune crainte de me le faire savoir, cependant, par Message Privé. - Une métaphore d'ensemble.
Je présume, Lobo, que tu fais référence au texte n°2? Et je te comprends, parce que mon but n'était pas d'englober toutes ces phrases en un seul thème qui leur donnerait, à toutes, en plus de leur signification indépendante, un sens commun, seulement de faire des "essais" sur la perception que j'ai de l'Artiste, tout en considérant que chacune de ces phrases n'est qu'une "introduction" et permettent d'engager une débat sur l'intention qu'elle suggère. En ce qui concerne les autres textes, je ne suis tout simplement pas d'accord, mais le débat reste, bien sûr, ouvert à toutes autres critiques constructives ! - Le travail sur les sonorités, les rythmes.
Oui ! Loin d'être évident celui-là, et je pense y être - en partie, seulement - arrivé avec le premier texte, qui est aussi le plus récent - deux ou trois mois. Et tu as raison, Lobo, ce travail est d'autant plus important qu'il me permettrait d'adoucir cette lourdeur - d'où mes lacunes énormes à ce niveau-là. J'y travaille ! Katamaran, j'admets que mes textes ne soient pas faits pour le lecteur lambada, bien que la conception que nous nous faisons de ce fameux lecteur devrait être détaillée afin que tout le monde ait la même idée, même si je pense, en fait, qu'il n'y a pas de grande utilité à en venir à de telles extrémités. Harry Potter, une oeuvre complexe? Je ne veux pas insister sur cette assertion, étant donné qu'en définitive, tout est une question de perception. Mais il est important que je dise ceci: il existe mille fois mieux. En revanche, je n'ignore pas l'impact très positif qu'a eu cette série, et c'est surement ce que je retiens le plus parce que, oui, j'ai lu tous les Harry Potter quand j'étais plus jeune - c'est bel et bien une indication de mon âge, pour les plus observateurs - et j'ai adoré. C'est à ce moment-là que tout a commencé, si je puis dire. Personne d'autre ? _________________ Koalas Next 4 km
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| | | _Max_ Lieutenant
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| Sujet: Re: Le Caveau des Turpitudes Sam 20 Nov 2010 - 16:14 | |
| Tiens, j'me suis dit que j'allais poster un comm' avec quelques impressions. Globalement je dois dire que c'est beaucoup plus digeste que ce à quoi je m'attendais. C'est un texte qu'on pourrait lire à voix haute en en comprenant la majeure partie, de façon assez fluide hormis quelques allitérations volontaires) et ça j'aime bien. Y'a du vocabulaire, mais je le trouve globalement bien intégré dans le propos (bon alors chuis quand même allé regardé le dico deux ou trois fois hein). Comme chaque texte est assez court, on comprend facilement le propos mis en valeur et c'est bien. Ceci dit, je n'ai pas été très séduit par le second texte de ta deuxième salve, car là j'ai trouvé que la forme était boursouflée sans que cela ait une résonnance sur le fond du discours (que je ne suis pas certain d'avoir saisi dans son entièreté). Je veux dire, en gros, je lis "ah ben quand on arrive pas dormir on peut pas dormir mais quand même on a sommeil", et puis à côté on a des exactions promises à l'impudeur (de qui de quoi de ousque on sait pas, ça à la rigueur c'est pas grave la nuit il se passe plein de choses pas nettes, mais en plus tu rajoutes la confessions et là j'abandonne ^^), on a des insomnies qui calomnient des sommeils véniels, bon le véniel, là je le trouve gratuit parce que je trouve pas vraiment par rapport à quoi il serait véniel ou pas. Alors qu'"une larme qui exhale un parfum de sorcière", même si je me doute bien qu'une larme ça doit pas sentir grand chose, je vois quand même où tu veux aller, donc là ça marche. Dans la première salve, j'ai apprécié le fait qu'il y ait une thématique commune, parce que ça permet de s'immerger dans un tout. Ceci dit, à thématique proche, je trouve le troisième moins réussi, relativement abscons (pour ne pas dire abstrus ) dans son premier paragraphe, et encadré d'une part d'une phrase entre guillemets (pourquoi ? citation ? doute, incertitude, gêne) et d'un " : " qui m'a paru assez peu aguicheur en prose poétique. Finalement la dernière phrase se suffit à elle même (d'ailleurs, globalement je trouve que dans chacun de tes textes, il y a une phrase choc qui synthétise tellement à elle seule l'ensemble dudit texte que le reste en pâlit parfois légèrement. - Citation :
parce que la plupart des gens pensent qu'une personne utilisant un mot peu usité essaye de se la péter ou de paraître intelligent, et permettez-moi de vous dire que ce n'est pas toujours vrai SI ça peut te rasurer, tu ne m'a pas fait cet effet. mais ça existe, des proutprouteux qui se paluchent la nouille en écoutant du Deathspell Omega et en causant des symétries dans la parousie eschatologique et de dégénérescence anthropoligique et pas axiologique, enfin. A part ça, les textes m'ont permis de tilter le jeu de mot sur ton pseudo (oui parfois je ne suis pas très vif), et tu m'as l'air d'avoir une conception assez peu gaillarde de l'Artiste ! Bon on est pas mal dans l '"artiste romantique maudit" mais au moins ça donne une ambiance générale ferme, ce qui est plutôt positif. Mes préférés sont le deuxième et le quatrième. Bref, continue ! | |
| | | L'Un Seul *Traducteur BKT*
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| Sujet: Re: Le Caveau des Turpitudes Dim 21 Nov 2010 - 14:06 | |
| Merci pour ce commentaire, _Max_ ! - _Max_ a écrit:
- Ceci dit, je n'ai pas été très séduit par le second texte de ta deuxième salve, car là j'ai trouvé que la forme était boursouflée sans que cela ait une résonnance sur le fond du discours (que je ne suis pas certain d'avoir saisi dans son entièreté). Je veux dire, en gros, je lis "ah ben quand on arrive pas dormir on peut pas dormir mais quand même on a sommeil", et puis à côté on a des exactions promises à l'impudeur (de qui de quoi de ousque on sait pas, ça à la rigueur c'est pas grave la nuit il se passe plein de choses pas nettes, mais en plus tu rajoutes la confessions et là j'abandonne ^^), on a des insomnies qui calomnient des sommeils véniels, bon le véniel, là je le trouve gratuit parce que je trouve pas vraiment par rapport à quoi il serait véniel ou pas.
Oui, maintenant que tu le soulignes, ce texte n'est pas des plus réussi. Je tenais quelque chose pourtant, ce "quelque-chose" a dû m'échapper en cours de rédaction, je compte le retravailler plus tard. - _Max_ a écrit:
- D'ailleurs, globalement je trouve que dans chacun de tes textes, il y a une phrase choc qui synthétise tellement à elle seule l'ensemble dudit texte que le reste en pâlit parfois légèrement.
C'est tellement vrai. Il faut savoir que ce genre de texte naît, littéralement, d'un je-ne-sais-où - quand ce n'est pas la nuit - et qu'il arrive souvent que je me répète, que je me contredise malgré les nombreuses heures - suivant la révélation - que je lui consacre et pendant lesquelles je pars à la recherche de scories. - _Max_ a écrit:
- Bon on est pas mal dans l '"artiste romantique maudit" mais au moins ça donne une ambiance générale ferme, ce qui est plutôt positif.
J'ai conscience que ce thème n'est pas très original, toutefois, j'essaye toujours d'exploiter "l'éculé" pour en offrir une vision inédite - ce qui, en soi, est vraiment difficile, et je n'y arrive pas encore, malgré les heures de travail. Afin que tous puissent participer à ce sujet, je publie le premier chapitre d'un roman qui me tient à coeur, et pour cause, cela fait un an que j'y travaille. Il s'appelle Races, et selon les échos, positifs ou non, que j'en aurai, je continuerai, de manière plus ou moins régulière, à en publier la suite ou quelques extraits qui me semblent satisfaisants. Je rassure certains, le style est différent, bon, on reste dans le Made in L'Un Seul, ne vous faites pas d'illusion. - Chapitre "Le Premier":
Chapitre « Le Premier »
« Des soupirs suspendus pour châtier l’espérance » Aucune brise de vent ne soufflait sur le Quartier, et plus que d’habitude, l’air y était lourd d’effluves fécaux. J’avisai l’amas d’excrétions qui reposait à quelques centimètres seulement de mon visage. Cela n’aurait pas été la première fois, pensai-je sans me détourner. Je fis la grimace. Ma vessie, au bord de l’étouffement, n’eut cure de mes ordres et libéra l’urine brûlante par saccades nerveuses. Une myriade d’aiguillons harcela ma verge. Je crispai les poings, après quoi, mes sphincters se relâchèrent, réchauffant mes cuisses flasques d’un contenu fétide. Un frisson de plaisir parcourut ma peau. Quand plaisir et sordide s’accouplent. Appelés par mes pulsations, des monstres enragés défrayèrent le monceau de chairs flétries qu’était devenu mon corps. Je sentis leurs griffes le labourer, le tordre et le déchiqueter avec folie. Mes muscles se crispèrent, provoquant un tremblement qui se communiqua jusque dans mes extrémités capillaires. Mes yeux roulèrent dans leur orbite et je vomis un morceau d’organe incarnat qui se mit à gesticuler entre mes lèvres. Je me contorsionnai pour échapper à la souffrance. Je pensai saigner de partout. Même le bout de mon nez me faisait souffrir. Pour ne pas devenir fou, j’avais appris à refouler la douleur au second plan, et c’est ce que je fis, avec plus de difficulté que la dernière fois. Un réveil identique aux autres, n’eut été la violence accrue de la pluie glacée qui s’abattait sur le Quartier. J’avais acquis la certitude que ce n’était pas de l’eau que le ciel déversait sur nos têtes, que ces averses n’avaient rien d’un phénomène ordinaire orchestré par un quelconque cycle naturel. Tout ce que j’en savais se résumait ainsi : c’était froid et d’une splendeur sinistre. En fait, ce qu’il faut savoir des choses interdites. Au-dessus de nous, les nuées n’étaient que territoires hostiles peuplés par d’obscurs desseins. S’y déchainaient des torrents de noirceur infinie qui, creusant leurs ravines utérines, permettaient à la foudre victorieuse d’enfanter son armée de conquête. Étaient-ce cette progéniture d’ombres belliqueuses que j’entendais hurler au loin ? Était-ce le tonnerre qui leur répondait ? Malgré les réticences de mon esprit, je pensais assister à leurs affrontements ; était-il possible qu’elles se disputassent le trône des cieux en lacérant l’éther d’éclairs aveuglants ? Affluait, par intermittence, un silence dément, creusé par les poitrines caverneuses qui tressaillaient sous le poids des calamités. Je connaissais si bien ces sons qu’il ne m’était pas impossible d’en surprendre sur le point de s’éteindre, définitivement. Beaucoup d’entre nous ne dormait pas, mais il m’aurait été difficile de comparer leur état à celui d’un être dégourdi, en assonance complète avec son environnement. Un mal invisible, séant par-delà l’océan de braises sombres qui ravageait le ciel, modifiait à ce point notre être que nous n’étions plus capables d’appréhender le réel sous l’égide des sens salvateurs. Les gestes ataviques les plus élémentaires s’accomplissaient dans une totale et douloureuse inconscience. Nous ne nous appartenions plus, notre corps, hors de contrôle, à l’abandon, reflétait notre esprit, lourd et dissonant. Pendant mes brefs moments de lucidité – qui s’avéraient être une torture bien plus terrible encore – je me rappelais cette humanité, ce qui avait fait notre gloire, notre prestige. Nous qui avions édifié les plus grandes murailles, bâtis de somptuosités nos demeures et entretenu celles de nos ancêtres. Nous qui avions veillé sur la pérennité de nos valeurs et assuré la prospérité de nos villes et villages ainsi que de nos habitants. Nous, les humains, représentants de la race érudite, n’étions plus que des succédanés de cette race en perdition pour qui même la faveur du sommeil était devenue un fantasme inaccessible. Je côtoyais des fantômes égarés sur le chemin du trépas, trahis par des impasses et des fausses directions. Nous foulions le sol d’un royaume dont ils avaient estropié les sentiers, violant de leur sauvagerie l’ultime pèlerinage des esprits-défunts. Succombant à l’envie de soulager mon prurit, je grattai le sommet purpurin de mon crâne, faisant fi des plaies purulentes apparues à la suite de mes récentes crises d’urticaire. J’avais conscience que mes ongles crasseux – ceux qui me restaient – ne feraient qu’empirer la situation, mais c’était plus fort que moi. Je m’arrachai lambeaux de peaux, croûtes et cheveux rescapés. La douleur ne suffisait pas à me retenir, au contraire, elle m’extasiait, car celle-ci contribuait à asseoir la réalité substantielle de mon corps. J’anticipai un sermon. Je savais que je regretterais plus tard d’avoir fléchi face à la tentation, lorsque le plus bref contact infuserait une souffrance telle que je revivrai la naissance des astres. Les rumeurs d’une léthargie sans songes et sans étoiles me parvinrent ; les injonctions crépusculaires et les Phases de Latence n’ayant plus leur ascendance bienfaisante sur moi, la torpeur dont je me drapai à chaque fois que mon cerveau me l’intimait ne ressemblait en rien à ce sanctuaire imprenable où s’invitaient les âmes afin de s’y abandonner. Avais-je dormi ? Ou avais-je seulement parcouru les méandres d’un rêve éveillé ? J’entendais mon cœur s’accélérer dans ma poitrine. Je vibrais de son écho brutal qui se propageait à l’intérieur de mon corps. Ma gorge me rappelait la sécheresse piquante d’un étroit couloir de braises et ma langue, un ancien vestige au destin de poussière. Aucun doute, la déshydratation me guettait. Je trempai d’abord ma langue dans l’une des nombreuses petites cavités qui contusionnaient le sol et recueillaient l’eau de pluie. Un premier contact m’apparaissait toujours préférable ; balayer la prudence par l’expérience était une erreur bien trop souvent commise. Une sensation d’apaisement m’envahit, je me rassurai tout en renforçant la tangibilité de ma place dans ce monde où je pensais ne plus en avoir. J’oubliai presque les douleurs. Presque. Des filets de sang s’écoulaient de mon crâne – je n’y avais pas été de mainmorte, cette fois-ci – et dégoulinaient sur mon visage. Je n’y prêtai guère attention, l’accordant toute entière au liquide que je lapais comme un animal sauvage assoiffé. M’étant assuré que personne ne me regardait, je glissai lentement ma main sous la paillasse pour en ressortir deux misérables quignons de pain noirâtres en décomposition. J’eus un haut-le-cœur. La nausée me rejoignit. Ils étaient mous, et seraient donc plus faciles à manger. Tant mieux. Il y a peu, ma dentition s’était sensiblement fragilisée ; je saignais souvent des gencives. J’avais déjà perdu quatre dents. Deux en travaillant – j’avais soulevé une pierre si lourde que, dans l’effort, j’avais crispé ma mâchoire et sous la puissance de l’afflux sanguin, elles n’avaient eu d’autre choix que de s’expulser avec violence et effusion de sang –, une en mordant sur un caillou – je l’avais confondu avec de la nourriture – quant à la dernière, je venais de l’avaler. Je me pinçai le nez, rassemblai toute la salive que contenait ma bouche, la mélangeant avec un peu de pluie que j’avais gardé exprès, et avalai cette maigre pitance qui faillit, à plusieurs reprises pendant l’ingestion, m’étrangler pour de bon. Lorsque je pus à nouveau respirer normalement, je me dis que si je devais mourir, ce ne serait pas pour du pain qui n’en avait plus, ni la saveur, ni la consistance. Soudain, je perçus les premières gifles comminatoires lacérer le silence et les chairs endormies. Des lamentations s’élevèrent. C’était le signal ; les Morscrures étaient arrivés, ils commençaient à nous réveiller. Certains prisonniers ne bougeaient pas malgré le harcèlement des fouets, refugiés dans un repos artificiel, assassin pour les sens. Leurs paupières étaient bleuies par le manque de repos. J’espérai qu’ils se réveillent rapidement ; il était déconseillé de contrarier les Démons. Par groupe de six, ceux-ci avaient investi le Quartier en faisant irruption par les quatre entrées – trois d’entre elles leur étaient réservées – de telle sorte que, dans notre délire, nous imaginions qu’ils avaient accès à l’entrée de nos rêves et qu’ils en violaient l’intimité.
N'hésitez pas à réagir, qui que vous soyez, toutes les critiques sont à prendre en considération, sans exception, autant les bonnes que les moins bonnes. (J'arrête les lapalissades.) PS : J'hésite à aérer le texte, j'ai l'impression qu'il perdrait de sa cohésion, et, d'ailleurs, l'élément typographique n'a jamais été mon fort. _________________ Koalas Next 4 km
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| | | _Max_ Lieutenant
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| Sujet: Re: Le Caveau des Turpitudes Sam 27 Nov 2010 - 15:44 | |
| Alors comme je te l'avais dit, j'ai lu ce premier chapitre.
Première impression : "mmh, j'ai faim !"
Bon le moins que l'on puisse dire, c'est que tu n'y vas pas avec le dos de la cuillère pour rendre pregnante - pour ne pas dire odorante - l'atmosphère morbide et purulente de ton premier chapitre, je pense que, globalement, il est aisé de comprendre l'essentiel : un cadre idyllique où il fait bon vivre et où on rigole dans les champs de fleurs. Je n'ai évidemment pas grand chose à redire concernant l'orthographe ou la grammaire, y'a juste le "beaucoup ne dormait pas", il me semble, que beaucoup entraîne un pluriel,et "ne pas être en assonance avec son environnement" : je pense comprendre en gros ce que tu veux dire (en gros, ils sont pas méga réceptifs à ce qui se passe), mais le choix du verbe, j'ai eu beau regarder dans le dico (oui parce que évidemment, j'ai encore appris deux ou trois mots), je ne trouve que la définition relative à la figure de style. Du coup, on peut l'interpréter comme "adéquation, harmonie", sauf que ça marche pas puisque justement, des loques humaines dans un environnement de pestiféré, ça va bien ensemble. Ah et puis, dernière chose, y'a le : "En fait, ce qu’il faut savoir des choses interdites.", qui fait un peu parachuté et que je n'ai pas bien saisi.
Sinon je lisais l'ensemble et je me disais que ton défi à toi, ça va sûrement être non pas d'élever ton niveau d'écriture, mais plutôt de le hiérarchiser et de la maîtriser sur ton oeuvre. En fait, pour prendre la métaphore martiale, je pense que tu as tendance à vite sortir la mitrailleuse lourde pour tuer la moindre fourmi qui se présente. Par exemple, tu nous brosses un tableau d'apocalypse pour la pluie, et tu nous parles de naissance des astres pour une douleur sur la peau du crâne. Bon, tu veux frapper fort dès le début, je comprend bien, mais, quand il faudra que sortes vraiment l'artillerie lourde pour les passages clés et le climax de ton oeuvre, comment vas-tu faire ? D'autre part, c'est vrai qu'on t'en avait parlé pour tes poêmes je crois, mais le fait d'être tout le temps à fond pourrait éventuellement donner une impression de linéarité à ton écriture, à force d'être en haut tout le temps, ça pourrait aplatir le tout. Pour un petit texte s'est pas gênant, pour un premier chapitre "dans ta face", comme ici, ça passe encore (l'histoire des dents permet de reprendre son souffle), mais sur plusieurs chapitres, prudence.
En tout cas, comme à ton habitude, ça a le mérite d'être intriguant, un peu dégueu quand même mais finalement assez fascinant. Je me demande où tu vas aller. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le Caveau des Turpitudes Sam 27 Nov 2010 - 20:30 | |
| Que de débats lances , comme quoi malgré certaines mauvaise langues , on ne trouve pas que de mauvaises choses sur internet mais bon sa c'est un autre débat justement Je vais à la fois te répondre et donné mon avis sur ton chapitre. Commençons par mon responsa : Je suis a la fois d'accord et en désaccord avec toi sur la transparence de l'œuvre au lecteur. Pour moi les grands auteurs , et moi comme toi ( enfin quoique sa se trouve prochainement nous serons au pantheon de ceux-ci) malheureusement n'en fesont pas (encore) parti, ce sont à la fois ceux qui nous laissent avec une certaine distance au texte mais également avec un sentiment d'appartenance, un sentiment de reconnaissance avec l'œuvre lu . Prenons par exemple Georges Orwell qui est pour moi un des grands auteur du 20eme siècle. Dans 1984 , que je pense tu a du lire ,on retrouve les deux sortes de point de vue que peut avoir le lecteur a la sortie du livre et même pendant. Quelle lecteur , encore plus de nos jours , n'a pas reconnu en Big Brothers notre société actuelle , notre manière de vivre actuelle et je peux assurer que ce sentiment est commun à la majorité des lecteurs ayant lu ce livre. Mais paradoxalement , le lecteur va également se détacher de ce texte , prendre une certaine distance avec le texte inconsciemment notamment parce-que on ne pourrait supporter s'imaginer vivre dans la société décrite et narrée par Orwell dans 1984. Mais même ce sentiment n'est-il pas commun à a plupart des lecteurs? Tout n'est enfaite qu'une question de subjectivité et on peut retrouver la question philosophique du " A chacun sa vérité" qui introduit une relativité des sens et de la vérité Enfin sa c'est encore un autre débat Par rapport à ta réponse vis a vis du vocabulaire que tu emploi je suis ma foi d'accord avec toi. De moins en moins de personne vont parcourir leur dictionnaire lorsqu'un mot leur échappe , préférant ainsi l'éluder et continuer leur lecture qui sera donc incomplète et c'est regrettable. Et le problème est la , faut-il préfère un discours plus claire mais moins riche et donc intelligible par une quantité supérieure de personne ou bien restreindre en quelque sorte son nombre de lecteurs potentiels mais privilégiées la qualité et la complexité narrative qui ajoute a la puissance du texte ? Les deux sont discutables et dans ton cas je pencherai pour la deuxième et c'est tant mieux pour ceux qui comprennent et j'en fait partie bien heureusement Les débats sont lancés place a l'analyse de ton très bon chapitre: C'est noir , c'est parfois même scato mais qu'est-ce que sa fait du bien dans un monde ou la lecture "bisournous" semble parfois régner L'histoire est prenante , l'atmosphère noir et lugubre à souhait. Tes descriptions pourrait faire chavirer les cœurs et estomac fragiles de certain mais moi sa me plait , on ressent tout l'univers compliquée , claironner de chemin noir et délabrées , que tu commence a nous faire découvrir.( ton caveau de tes turpitudes me plait de plus en plus justement) Tout sa pour dire que j'ai aimé , et comme notre cher Max l'a tres bien dit c'est fascinant et on veut te suivre dans ton chemin lugubre et scabreux En espérant juste que tu y reste dans ce chemin et que tu nous fasse pas du Nothomb ( désolé pour les fans ). PS: Moi aussi j'ai aimé Harry Potter et pas qu'un peu... tu m'a rendu nostalgique d'ailleurs en me faisant revenir dans ma tendre et belle enfance !! |
| | | _Max_ Lieutenant
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| Sujet: Re: Le Caveau des Turpitudes Sam 27 Nov 2010 - 21:25 | |
| Tiens oui, j'ai oublié de dire mon avis, à savoir que j'avais plutôt aimé ce premier chapitre, aussi. | |
| | | L'Un Seul *Traducteur BKT*
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| Sujet: Re: Le Caveau des Turpitudes Dim 28 Nov 2010 - 14:11 | |
| Des réactions ! J'en profite pour y répondre. - _Max_ a écrit:
- Sinon je lisais l'ensemble et je me disais que ton défi à toi, ça va sûrement être non pas d'élever ton niveau d'écriture, mais plutôt de le hiérarchiser et de la maîtriser sur ton oeuvre.
Je pense que, de tous les commentaires/critiques/avis que l'on m'a déjà faits, celui-ci est de loin le plus pertinent, non seulement parce qu'il est on ne peut plus vrai, mais aussi parce que tu soulèves la problématique principale de mon "opus operandi". Seulement, ce commentaire semble insinuer une chose; que je ne puisse pas, à des instants clés, élever encore d'un cran le niveau de mon écriture afin de les sublimer et de leur donner, donc, tout le volume nécessaire à leur différenciation, à leur indépendance. Penses-tu donc que je n'en suis pas capable? Ou penses-tu qu'il ne puisse pas y avoir de "niveau supérieur" sans larguer complètement les lecteurs qui, n'ayant pas spécialement les mêmes affinités que moi avec l'écriture, vont se retrouver non pas "sur le cul", mais "sur le côté de la route", sans comprendre et, surtout, sans apprécier ce que je tente de signifier, de mettre en scène ? (Saloperie de longueur) La première question est délicate, dans le sens où, oui, je peux faire mieux, d'ailleurs, l'on peut toujours faire mieux, mais l'important est de se situer par rapport à son "niveau" actuel, et, en effet, tu as raison, celui-ci est, semble-t-il, le "dernier pallier atteint". Je serais tenté de te dire que je peux faire mieux, et envoyer du "très lourd" quand il le faudra, mais ça, tout le monde peut le dire. Je pense plutôt qu'il n'y a que le lecteur pour me le dire, il n'y a que ses "ressentis" qui compte. D'où l'intérêt de vous soumettre la suite d'ici peu, c'est-à-dire, après ces quelques radotages. Quant à la deuxième, tout dépend du public que je vise. Justement, quel public suis-je sensé viser avec ce "niveau"? Je n'en ai pas la réponse, sincèrement, et c'est très frustrant. Je m'efforce donc d'offrir une écriture soignée, riche et imagée. Toi et moi savons, tout comme ceux qui veulent vivre en tant qu'artiste, que le désir de la "perfection" est omniprésent, aliénant et fait office de frein à notre épanouissement général. (En fait, je parle de moi, là, pas de généralisation, donc.) Ce premier chapitre a été modifié un nombre incalculable de fois, réduit de moitié, puis encore de moitié, et je pourrais, encore et encore, l'ajuster à un idéal changeant - d'où l'aliénation - pour, au final, ne jamais être satisfait de mon oeuvre. En somme, tu m'as fait bien comprendre une chose : astreins-toi, lors de la composition d'une oeuvre donnée, à un "niveau" donné, de telle sorte que la linéarité n'empêche pas les différenciations. J'espère, donc, t'avoir bien compris. (Oui, tout ça pour ça. C'est affligeant d'avoir un esprit lent comme le mien.) Pour te répondre, ben2917, concernant la transparence pour le lecteur, et son pouvoir d'interprétation du sens, même si je suis d'accord avec ce que tu avances avec force justesse, je dirais que, justement, dans l'écriture, il n'est pas toujours question de sens. *Hein?* Oui, je travaille beaucoup sur le rythme - même si, comme le dit Lobo, ce travail est encore insuffisant, et je suis d'accord avec lui -, la "mélodie" des mots, de leurs associations, etc.. Cela permet au texte, à l'oeuvre, d'acquérir plusieurs dimensions qui lui sont propres et délivrent des messages à chaque fois différents. Mais cette discussion nécessiterait davantage de place que celle offert par ce modeste billet d'échange, je te propose donc, si tu le souhaites, de poursuivre par Message Privé. - ben2917 a écrit:
- Faut-il préfère un discours plus claire mais moins riche et donc intelligible par une quantité supérieure de personne ou bien restreindre en quelque sorte son nombre de lecteurs potentiels mais privilégiées la qualité et la complexité narrative qui ajoute a la puissance du texte ?
Encore une fois, tout dépend de l'objectif de départ. Si l'on veut brasser les "dollars", nager dans l'pognon comme l'onc' Picsou, alors, je conseille à tout le monde d'écrire un livre de vampires, de loup garou ou d'elfes aux oreilles pointues. Je leur conseille de ne pas trop se casser la tête dans le choix du vocabulaire et dans l'élaboration scénaristique. Certes, les puristes du genre vous incendieront, vous pourfendront de leur critiques assassines, mais vous serez riches, très riches, assez pour avoir une haute idée vous-même et oublier ce que pensent les gens. (C'est très stéréotypé, je sais, c'était pour les besoins de ma démonstration.) Je ne souhaite pas m'enrichir, sincèrement, ce n'est pas mon but. (Vu ce que je gagne par an en travaillant comme un fou, croyez-moi, 'faut pas être vénale et avoir soif d'argent facile.) Le métier d'écrivain, et n'en déplaisent à ceux qui pensent le contraire, est un vrai métier. Mais il est plus que cela pour moi, c'est une manière de vivre, une philosophie, et c'est pour ça que mes écrits sont si denses, si complexes, parce qu'ils se rapportent avant tout à ce que je suis, à toutes les influences qui m'ont peaufiné et me peaufinent encore. Bref, là, je dérive du sujet en racontant ma vie, et je n'aime pas beaucoup faire ce genre de choses en public, mais il faut bien comprendre que, non, tous les écrivains ne veulent pas, "à tout prix", s'enrichir sur la crédulité de leurs lecteurs, ils veulent un idéal, quelque chose de trop grand pour leur petite personne, ce à quoi j'espère parvenir en élevant, autant que possible, et sans que cela détruise tous mes espoirs de diffusion, mon niveau d'écriture. - ben2917 a écrit:
- ton caveau de tes turpitudes me plait de plus en plus justement
- _Max_ a écrit:
- Tiens oui, j'ai oublié de dire mon avis, à savoir que j'avais plutôt aimé ce premier chapitre, aussi.
Merci à vous deux ! - "Chapitre "Le Deuxième":
Chapitre « Le Deuxième » Je commençai à ramper. Très vite, l’effort me fit transpirer. Pour compenser, j’aspirai la pluie sombre qui remplissait le sol rocailleux. Mes genoux et mes coudes étaient déjà ensanglantés, et je sentis mon pouls s’accélérer encore, sa fréquence rapide persistait dans mon crâne sous la forme d’un bourdonnement permanent. Je m’arrêtai ; un écho bruyant, celui de mes bronches sales, me clouait dans l’inertie. Recroquevillé, je ne pus vérifier si j’attirais ou non l’attention, d’autant que des nuées de pointillés jaunes assiégèrent aussitôt ma vue, s’ajoutant à la trop longue liste de mes embarras. Mais je n’avais pas envie d’y songer. En temps normal, ma cécité ne me permettait pas d’embrasser un large spectre, je m’en remettais toujours à elle pour m’avertir d’un danger imminent. Mon esprit resta silencieux, je présumai donc que personne ne m’avait repéré. Je persévérai et atteignis la fosse nord-est du Quartier, lieu où se mélangeaient excréments et cadavres dans une atmosphère méphitique. Je la longeai, les émanations putrides me montaient au cerveau, j’avais l’impression d’inhaler des mauvaises drogues. Je poursuivis avec un bras, la main de l’autre couvrant mon nez. À proximité de la fosse, je reconnus deux corps allongés. Ceux-ci étaient méconnaissables ; leur visage avait été réduit en bouillie par les larves qui y avaient fait leur nid. Un mystère entourait le fait qu’ils aient conservé leurs yeux intacts. Je me rapprochai, réalisai ma méprise. Les globes oculaires avaient disparu, à la place, des milliers œufs étaient collés les uns aux autres en attente d’éclore et de se repaître du festin. Face à cet horrible spectacle, je ne pus empêcher mes vertiges de se joindre à la valse étourdissante de mes symptômes, et ma gorge de se contracter lorsque des relents nauséabonds s’engouffrèrent dans mes narines en provoquant ma susceptible nausée. J’hoquetai et recrachai ce qui devait être les deux quignons et de la bile. Me morigénant, je me forçai à tout ravaler. Je ne pouvais pas gaspiller le peu de nourriture que j’avais ingurgité. Contrôlant des vomissements toujours plus agressifs, je me calmai, rassemblant toute la concentration dont j’étais encore capable pour visualiser mon objectif. Ma priorité. M’approcher le plus possible de l’entrée nord et ce, sans que les créatures ne me repèrent. Ce qui me serait défavorable pour la suite des évènements ; celles-ci n’aimaient pas que l’on modifie les règles du jeu. * Chroniques du SursisFragment : Le jeu du survivant (5) (incomplet) Lieu de la découverte : Îles Mortes Date : inconnue Règle n°1 : Ce n’est pas un rêve. Règle n°2 : Se réveiller. Règle n°3 : Survivre.
Le Quartier, quatre issues. Quatre groupes, chacun composés de six Morscrures. Armés de leur fouet, ils passaient de rangée en rangée, ne se gênant pas pour nous marcher dessus, et jouaient alternativement de leur art avec une euphorie extatique que je n’avais aucun mal à ressentir. Quant à nous, nous n’avions aucun rôle spécifique. Hormis de devenir le réceptacle d’une stupeur aux accents funestes. Et pour cela, toutes les conditions étaient remplies. Nous étions engourdis dans un sommeil factice, fragile et vicieux, ce genre de sommeil duquel l’on se réveille privé du moindre souvenir. Ce genre de sommeil qui renouvelle, à chaque réveil, la puissante entité destructrice que le Quartier incarnait pour nos esprits assujettis. Les six punitions successives qu’ils nous administraient ressemblaient beaucoup à des rappels auxquels nous devions rapidement répondre par un autre, pour bien faire, celui de la terreur. Autrement, nous mourrions sur le coup, écrasés par une réalité d’épouvante. Une fois arrivés à l’extrémité de la rangée, laissant dans leur sillage des corps tailladés, des âmes folles, ceux-ci passaient alors à la suivante, et ainsi de suite, jusqu’à que les vingt-quatre Démons ne se rejoignent à l’entrée nord, la seule issue admise pour les prisonniers. (Partie illisible) * J’étai immobile. Je n’avais pas été assez rapide cette fois. Les créatures étaient trop proches et cela m’avait obligé à interrompre ma progression. J’adoptai une position semblable à mes voisines, car, à mes côtés, étaient allongées deux femmes, même si j’avais des difficultés à les reconnaître en tant que telles. Leurs respirations, lentes et silencieuses, contrastaient beaucoup avec celles qui m’entouraient d’habitude. Leur bras était étendu l’un vers l’autre. Elles se tenaient la main. Étaient-elles sœurs ? Amantes ? Je me glissai en-dessous de leur complicité et la déposai sur moi, comme si nous appartenions à la même famille. Je devais me fondre dans le paysage, faire vrai aux « yeux » des créatures. Ces deux femmes, je les connaissais. Elles étaient les seules à avoir survécu, les seules à s’être montrées suffisamment fortes pour prétendre à une place non loin de l’entrée nord. Leur force et leur courage m’avaient impressionné, ce qu’elles accomplissaient était un exploit qui forçait le respect. En les regardant, j’assistai à leur triomphe ; elles qui se dressaient, victorieuses, là où beaucoup d’hommes avaient failli. Je les admirai d’un regard triste mais dénué de plaisir, car face à cette violente nudité, comment aurais-je pu en ressentir ? Je crispai mentalement les dents et encaissai six violents coups de fouet qui me fustigèrent. Elles s’étaient séparées sous les affres du traitement et je les entendis se plaindre, émergeant peu à peu, découvrant leur peine. J’attendis que les créatures se soient suffisamment éloignées pour poursuivre avec prudence, tout en geignant. L’une des sœurs se redressa, me fixa sans comprendre, les paupières mi-closes, oscillant encore entre cet état d’inconscience et de curiosité. Je hochai la tête en signe de salut, je pensais ne plus les revoir. Les bruits de ma reptation étaient camouflés par ceux des prisonniers qui se réveillaient. Je fis encore plusieurs haltes durant lesquelles je repris mon souffle et bu directement du ciel. Elles en avaient presque terminé. Moi aussi. Nos postures fœtales les réjouissaient, je croyais les entendre rire de nous et jouir des souffrances dont elles accablaient nos corps faméliques. Elles étaient l’amorce du déclin de nos vies. Leurs langues de cuir hargneuses sifflaient pour leur bon plaisir avec une dextérité sanguinaire. En observant les prisonniers, il me sembla subitement que seul le sang avait encore les vertus de nourrir l’étincelle mourante qui abritait nos cœurs. Par contre, je remarquai que, malgré les coups insistants, d’autres ne bougeraient plus. Pour eux, je ne me faisais aucun souci, ici, la mort était une volupté, ses caresses n’empruntaient plus rien à l’abomination et le linceul noir qu’elle faisait glisser sur son squelette blanc n’inspirait plus aucune crainte, seulement la délivrance. Je me levai péniblement, imités par des centaines d’autres silhouettes osseuses, marbrées par les ecchymoses et ces immondes taches noires. Je m’étais assez rapproché. Du reste, sans me faire remarquer. Toutefois, j’étais un peu plus loin que d’habitude, j’espérai que cela suffirait. Il fallait que nous soyons tous levés avant que les créatures ne perdent patience, sans quoi, elles se seraient déchaînées. En nous humiliant d’abord, en nous châtiant ensuite. Une fois, nous fûmes forcés d’assouvir leurs propensions tortueuses parce que nous ne nous étions pas réveillés à temps. Alors, elles nous avaient obligés, un par un, à nous « baigner » dans la fosse où pourrissaient les cadavres et nos déchets, nous forçant, pour certains, à les embrasser, à déféquer sur leur visage, et, parfois, à leur faire bien pire encore. Nous nous soumettions à leurs jeux, car nous n’avions aucune issue, autre que la mort, bien sûr. Et si, à l’époque, il m’a souvent été donné d’assister à un suicide, je n’ai pu, à aucun moment, me résoudre à devenir la victime de ce spectacle qui précède la délivrance, lorsque le désespéré se coupe la langue et meurt, étouffé dans son propre sang. Je ne retenais que l’image de ce corps traversé de spasmes qui se noyait dans l’immensité de ce royaume où rien n’est refusé à personne. Aujourd’hui, tout a changé, je ne suis plus dans le Quartier, je suis libre. Je vis. Et c’est bien pire. Nous avançâmes, telle une procession de vieillards en route pour une oraison funèbre. Nos visages étaient baissés, nos mines déchues. Tous avaient eu, ou avaient encore, une famille, quelque part. Tous étaient natifs d’un pays, d’une région ou d’un village dans lequel ils avaient constitué leur univers. Tous avaient été des hommes, des femmes. Tous avaient espéré, beaucoup. À présent, l’espérance était devenue un blasphème, une malédiction. Derrière moi, j’entendis les plaintes habituelles, et celles-ci m’encouragèrent à évaluer la distance qui me séparait de la sortie. Je soufflai. J’y étais presque. Plus que quelques mètres. Entre temps, deux prisonniers me dépassèrent. Ce n’était rien. J’étais certain d’y arriver. Par précaution, je jetai un timide coup d’œil à l’arrière ; les perturbations se rapprochaient. Mais elles étaient trop loin pour m’inquiéter. Je fis encore une dizaine de pas avant de m’engouffrer dans le flux rouge duquel je ressortis sain et sauf. Et la déception me cueillit, comme à l’accoutumée. L’horizon était comprimé par le ciel qui continuait à pleurer. Et le tonnerre déchirant le lointain m’assourdissait. Un bref instant, j’avais eu l’impression d’avoir traversé un sas pour une autre destination. C’eut put être l’enfer que j’aurais accepté, rien ne pouvait être pire que cet endroit, sauf peut-être un autre Quartier. Je rejoignis ce que j’appelais la « vingtaine des d’opprimés », une rangée constituée d’une double décade de prisonniers comme moi, en ce moment rassurés d’avoir franchi le champ rouge, rassérénés d’avoir survécu à cette première épreuve, même si la suivante ne tarderait pas à suivre. Et nous l’attendions déjà ; la sentence du jour. Elle allait devoir s’accomplir sous nos yeux. Je savais qu’à présent, au-delà des champs d’énergie, l’effroi soudoyait les natures corruptibles et pervertissaient tous leurs codes d’honneur. Les derniers prisonniers se bousculaient de plus en plus, la brutalité devait faire rage dans leurs rangs. La peur, l’angoisse, la crainte de la mort. Tout leur serait pardonné, la vie avait pour tâche de dissoudre, mais la mort, celle d’absoudre. D’un rythme ininterrompu, l’écran rouge vomissait les captifs, l’empreinte de la détermination durcissant leurs traits. Je les détaillai. Ils n’étaient plus que de curieux squelettes glabres habillés par une matière si fine que le moindre mouvement semblait contraindre à la déchirure. Leurs os ressortaient outrageusement, déformant leur peau dépigmentée. Ils étaient d’une faiblesse écœurante, même le vent aurait eu raison d’eux si celui-ci ne s’était pas éteint à l’arrivée des créatures. Mais eux, c’était moi, aussi. Assujettis à l’état de lies, nos existences étaient à l’agonie. Et pourtant, nous combattions encore, puisant dans ces réserves que seuls les oubliés peuvent prétendre. Au fil des minutes qui s’égrenaient, des rides de soulagement s’affichaient avec plus d’intensité aux côtés de celles, résolues, qui s’étaient d’abord imprimées sur leur visage. Leur corps exprimait aussi leur état d’esprit : agité de spasmes nerveux et de faibles tremblements. Ils sursautaient presque. Surtout, ils savaient à quoi ils avaient échappé. La règle du jeu du Survivant était on ne peut plus simple : le dernier à sortir du Quartier était exécuté. Et te retardataire eut soudain un visage. Un nom. Il fut emmené au Poteau de Chairs. Il nous dévisagea, mais cette fois, sans aucune haine. Il m’apparut même serein. J’ouvris la bouche, tentai de remuer les lèvres. Elles se scellèrent. Je détournai le regard. Je suis désolé, réussi-je à murmurer. Il cria bien avant que douleur ne l’y incite. Je l’entendis recracher son sang, beaucoup de sang. Ses membres furent parcourus de soubresauts nerveux et le vide ne tarda pas à consteller ses yeux. L’un des clous avait transpercé son cœur et celui-ci ressortait à l’air libre, empalé. Le calvaire ne durerait pas. Je priai pour qu’il ne dure pas. Plus que tous les autres, j’avais envie qu’il meure rapidement, parce qu’il était le seul à ne pas s’être abîmé dans la faiblesse de sa race. J’étai fier pour lui. Puis, j’eus un mauvais pressentiment, et si elles n’appréciaient pas ? Et s’il mourrait trop vite à leur goût ? N’allaient-elles pas… Un prisonnier hurla. Je relevai la tête, affolé. Il se débattait comme un fou, frappait les créatures qui n’avaient jamais eus à gérer une telle situation. Malgré leur immense force, elles n’arrivaient pas à maîtriser l’individu qui vociférait, gesticulait et brandissait ses poings à l’assaut de ses ennemies. Cette manifestation – la première du genre – nous choqua d’abord, nous fit réfléchir ensuite. Et si ? Une sorte d’impulsion naquit. Les prisonniers se regardèrent, s’interrogeant les uns les autres. Et si ? J’en vis encore d’autres se concerter. Le silence qui régnait entre nous devenait lourd de sous-entendus. Et si nous nous rebellions ? Une créature restée en retrait décida d’intervenir. Elle s’approcha du condamné, para plusieurs tentatives et d’un mouvement sec, sépara le crâne du corps qui continua quelques secondes à s’agiter puis, finit par s’affaisser. Sa tête roula. Nous nous dévisageâmes. Que s’était-il passé ?
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| | | _Max_ Lieutenant
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| Sujet: Re: Le Caveau des Turpitudes Sam 4 Déc 2010 - 18:52 | |
| Au fait, je passe en coup de vent te dire que j'ai trouvé ton deuxième chapitre très bon, plus "reposant" de lecture. La seule chose que je ne suis pas totalement sûr d'avoir compris - mais ça n'a pas grand lien avec ton écriture, c'est le fait que l'état lamentable des personnages du jeu était du exclusivement au jeu lui même où bien si le jeu n'était finalement qu'un mode quelconque de domination et de tourment dans cet enfer plus vaste. A priori, la deuxième solution, quand il parle des travaux au précédent chapitre, ça n'a pas l'air de faire partie du jeu. - Citation :
- Seulement, ce commentaire semble insinuer une chose; que je ne puisse pas, à des instants clés, élever encore d'un cran le niveau de mon écriture afin de les sublimer et de leur donner, donc, tout le volume nécessaire à leur différenciation, à leur indépendance.
Penses-tu donc que je n'en suis pas capable? Ou penses-tu qu'il ne puisse pas y avoir de "niveau supérieur" sans larguer complètement les lecteurs qui, n'ayant pas spécialement les mêmes affinités que moi avec l'écriture, vont se retrouver non pas "sur le cul", mais "sur le côté de la route", sans comprendre et, surtout, sans apprécier ce que je tente de signifier, de mettre en scène ? (Saloperie de longueur) Euh, aucun des deux. Les lecteurs, je confesse que tant que moi je comprend, ça ne m'intéresse pas des masses (c'est ton boulot, ça ^^), en fait je parle juste de modalités de métaphore. Je reprend l'exemple de l'irritation cranienne avancée, tu parles de "revivre la création des astres, soit, plus ou moins, le big bang. Bon, d'accord, mais si ton personnage subit une douleur plus forte dans ton récit, tu vas être obligé d'aller encore plus loin pour garder la hierarchie de douleur (bon évidemment ça serait ridicule de faire en sorte que la gradation corresponde absolument mais quand même), et de faire se rentrer dedans des dimensions parallèles, ou un truc dans le genre ! | |
| | | L'Un Seul *Traducteur BKT*
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| Sujet: Re: Le Caveau des Turpitudes Dim 5 Déc 2010 - 14:44 | |
| Olé ! - _Max_ a écrit:
- Je reprend l'exemple de l'irritation cranienne avancée, tu parles de "revivre la création des astres, soit, plus ou moins, le big bang. Bon, d'accord, mais si ton personnage subit une douleur plus forte dans ton récit, tu vas être obligé d'aller encore plus loin pour garder la hierarchie de douleur (bon évidemment ça serait ridicule de faire en sorte que la gradation corresponde absolument mais quand même), et de faire se rentrer dedans des dimensions parallèles, ou un truc dans le genre !
En effet, je me rends compte que cela peut porter préjudice à une certaine forme de crédibilité. Je pense donc suivre ton conseil. Merci pour ton commentaire, c'est toujours un plaisir ! Je me permets, pour cette fois, d'apporter quelques précisions, une sorte de carte d'identité de ce roman que je destine à l'édition.('faut pas s'mentir, c'est mon objectif final. Vous verrez dans une trentaine de chapitres...) Nom: RacesArchitecture interne: Partie 1 : Le Complot des Ombres Partie 2 : L'Arbre des Sycles Partie 3 : Les Bannis Partie 4 : La Forêt Purpurine Partie 5 : Le Pays de HokiVous êtes donc dans la première partie intitulée le Complot des Ombres.Synopsis très général:"Dix lunes pour couronner le front du ciel, Dix races pour régner sur un trône de terre."L'histoire se déroule sur une planète nommée "Monde", peuplée par dix races possédant chacune un pouvoir particulier. Tous les êtres ne possèdent pas de capacités magiques, certains sont de "simples" organismes vivants, de "simples" représentants de leur race. Le ciel de "Monde" est couronnée par dix lunes dont les influences vont de la variation gravitationnelle à la Phase de Latence - période pendant laquelle tous les êtres rentrent en "hibernation" -, et de l'accroissement à la stagnation des nombreux écosystèmes qui la composent. Voilà, court, simple, efficace. Petite précision : Les Chroniques du Sursis, ces "interruptions" que vous pouvez observer, pour la première fois, au chapitre 2, sont les fragments d'un ouvrage dont on ne connait pas l'auteur et que j'intègre au fur et à mesure de l'avancée de l'histoire. Ils servent d'indicatifs, de suppléments d'informations, ou d'anecdotes concernant telle ou telle race, telle ou telle coutume. J'en ai fini, voici, à présent, le troisième chapitre. - Chapitre "Le Troisième":
Chapitre « Le Troisième »
* Chroniques du SursisFragment : (titre inconnu) (6) Lieu de la découverte : Îles Mortes Date : inconnue Contenu : complet Elles avaient enfreins leurs règles. Leurs propres règles. À nos yeux, même elles n’en avaient pas le droit. Parce que sans elles, nous étions perdus, dénués de repères. En les bafouant, elles avaient commis une erreur, et celle-ci allait leur coûter très cher. La réaction surprenante du deuxième homme les avait pris de court ; jusqu’alors, aucun prisonnier n’avait osé les défier ouvertement. Cette révolte, aussi soudaine et déstabilisante qu’elle ne l’avait été pour les Démons, deviendrait, pour nous, l’oriflamme d’une volonté libératrice. Ce que nous retenions surtout, était leur chute du haut de leur piédestal. Ainsi destitués, la gloire émanant de leur règne disparaissait sous terre. Ils avaient révélé leur faiblesse, leurs limites. Dès lors, un nouveau monde nous avalait goulument, lequel était-ce cette fois ? Qui en était le maître ? Quelles en étaient les lois ? À qui était destinée l’allégeance que nous jurions autrefois aux Morscrures ?* Je me sentis brûlant d’une fièvre inconnue ; en moi, se réveillait lentement l’ardeur d’une étincelle mourante, encore trop craintive pour qu’elle ne s’élevât à la vue de tous. D’où provenait-elle ? D’instinct, je sus qu’il me fallait la préserver, qu’il me fallait l’entretenir afin qu’elle grandisse et devienne une flamme fière. Je l’écoutai me parler, me susurrant des mots étranges. Je la couvai pour ne pas qu’elle s’éteigne. Elle continuait à me parler dans une langue que je ne comprenais pas, ce n’était pas la même voix que d’habitude, et je sentais qu’elle n’avait pas non plus la même origine. Étrangement, ce monologue abscons me berça. Je reconnus même, grâce à sa récurrence, un mot, accompagné de ses chuchotements. Ce mot était : Shahm’sil’ûûm.Au départ du Quartier, nos silhouettes s’entourèrent de ce halo indescriptible qui annonce le changement. Certes, nous étions toujours des esclaves, mais nous ne servions plus le même maître. Une force en provenance directe de notre âme bouleversait nos sens. Celle-ci s’éveillait et se renforçait, motivée par la ferveur d’un flux prodigue qui jaillissait en nous, et dont j’allais devenir le débiteur. Pour le moment, nos apparences inimitables donnaient le change aux créatures. Nous ressemblions toujours à des condamnés à mort en route pour leur exécution, toutefois, celles-ci paraissaient préoccupées. Que percevaient-elles au-delà de nos aspects inchangés ? Elles pressentaient sans aucun doute cette effusion ardente qui nous guidait nous, leurs prisonniers, au rythme d’une cadence à laquelle nous n’étions pas coutumiers. On venait de leur arracher les ficelles des mains. Je les sentais en proie à la nervosité. Et nous l’étions aussi. Éprouvaient-elles ce que nous appelions l’incertitude ? À la dérobée, j’entrepris de sonder, parmi mes camarades, les attitudes affranchies, les prunelles révélatrices. Je cherchai des traces de ce que nous venions de vivre, comme si j’avais peur de ne plus m’en souvenir. Je cherchai à mettre un mot sur ce qui nous arrivait. Je finis bien sûr par le trouver. Résurrection. C’était à cela que j’assistais, c’était à cela que nous assistions tous. Je supputai que nous étions prémunis pour quelques temps encore des persécutions car, en analysant sommairement la situation, j’en conclus que nos deux clans étaient dans l’expectative. Devenus de parfaits étrangers l’un pour l’autre, chacun se jaugeait, à sa façon, sans qu’aucun n’ose faire le premier pas. Puis, je sentis cette volonté commune de presser le pas, de leur montrer que nous, les survivants de leur règne, étions prêts à les affronter. Je les remercie encore de ne pas s‘y être abandonnée. Dans l’immédiat, nous ne devions pas modifier nos comportements. L’ostentatoire nous étaient interdits, les créatures l’auraient pris comme une manœuvre de provocation et ils nous l’auraient fait payer sur-le-champ. Nous ne l’oubliions pas, elles restaient dangereuses, et je présumai qu’elles nourrissaient à présent des envies de vengeance à notre égard. La vigilance était de rigueur, elles s’étaient vues amputées de leur arme principale ; leur statut. Nous ne les reconnaissions plus comme nos maîtres. Nous avions changé de visage et d’allure. En conséquence de quoi, nos regards ne s’emplissaient plus de ce respect mêlé de peur, ils n’étaient désormais plus que peur et défiance, insuffisants pour des existences meurtries dont le seul désir est d’être glorifiée. Ils voulaient la mainmise sur nos esprits, que nous les adorions, que nous les vénérions. Mais c’en était fini, nous nous étions libérés du joug, ne manquaient que nos corps qui, eux, étaient encore à leur merci. Nous marchâmes longtemps. Je ne savais pas où ils nous emmenaient, c’était la première fois que nous nous éloignions autant du Quartier. Les lourdes chaînes qui entravaient nos chevilles en avaient fait chuter plus d’uns. Ils étaient morts avant d’avoir pu se redresser. Une créature – toujours la même – leur avait broyé la nuque d’un seul coup de poing. Une dizaine de prisonniers périrent ainsi, leurs corps abandonnés aux créatures malfaisantes qui hantaient notre sillon. La fatigue nous empoisonnait. Nonobstant la réanimation miraculeuse de notre volonté, nous ne pouvions nier notre état. Nous souffrions comme jamais, et cette marche avait cela d’obsédante que nous n’en connaissions pas la destination. Il était évident pour nous que les créatures se vengeraient de l’affront subit. Serait-ce en nous faisant marcher jusqu’à l’épuisement ? Que nous réservaient-elles vraiment ? Que tenteraient-elles pour récupérer ce qu’elles avaient perdu ? Nous allions très rapidement le découvrir. Depuis combien de temps marchions-nous ? Je me rappelle m’être posé cette question tandis que nous gravissions une colline au relief escarpé. Depuis que nous avions quitté les alentours du Quartier, la rocaille était devenue fange et celle-ci rendait notre progression astreignante. Mes jambes n’étaient que foyers de douleurs insoutenables. En plus de cela, des éboulements survenaient de tous côtés dans un fracas de fin du monde. Mon dos me tiraillait et l’action abrasive des chaînes sur mes chevilles me faisaient saigner, à un moment, je crus même voir la blancheur d’un os dans l’océan de sang et de chairs rougies. Durant cette ascension interminable, plusieurs d’entre nous perdirent la vie – plus d’une dizaine –, emportés par les pierres furieuses, et trois autres parce qu’ils n’arrivaient plus à suivre le groupe. Un trio de créatures les avait alors accompagnés derrière un rocher duquel ils n’en étaient pas ressortis. Et la pluie, encore et toujours, qui nous cinglait de son mépris. Je n’entendais plus aucun bruit dans les nuées, les affrontements qui les avaient ébranlées s’étaient-ils terminés ? Le trône des cieux avait-il trouvé son successeur ? Nous atteignîmes enfin le sommet, et je chassai rapidement ces considérations pour me concentrer sur la vue qui s’offrait à nous. Une immense vallée d’un ébène profond s’étalait sous nos yeux exorbités par l’effort. Creusée jadis par un cours d’eau qui s’éparpillait encore en un éventail de bras distordus, le corridor était cerné de part et d’autres par deux montagnes qui partaient à l’assaut des plus hautes sphères. Je fis face au paysage, et le poids de son infinie noirceur faillit avoir raison des mes dernières ressources. Je crus y sombrer. En fait, je ne m’étais pas attendu à cette densité, à cette atmosphère si pesante. J’avais l’impression de patauger dans une matière visqueuse que je ne voyais pas mais qui me collait quand même à la peau. La rivière n’était plus. Enfin si. Une eau noire bouillonnante d’où s’échappaient des arabesques de fumée avait remplacé celle, cristalline, qui s’écoulait autrefois. À proximité des berges, d’étranges formes de vies végétales participaient à l’ode paludéenne qui se jouait pour notre plus grand désespoir. Une odeur âcre planait et consumait nos corps. Une plaie purulente, voilà ce à quoi j’avais tout de suite pensé. Cette vision irréelle semblait être l’œuvre d’une infection qui avait tout contaminé, sans exception. Comment cela avait-il pu se produire ? Étaient-ce ces créatures qui avaient provoqué cela ? Comment ? Qui étaient-elles vraiment pour accomplir de telles abominations ? Nous fûmes rudement enjoins à emprunter un long escalier étroit qui serpentait jusqu’à la rive ouest de la rivière sombre. Je pressentis cet escalier comme un piège mais je n’eus d’autre choix que de m’y engager, sous peine d’être promptement exécuté. Mes plantes de pied étaient douloureuses, usées à sang, et les chaînes ne me facilitaient pas la tâche. À de nombreuses reprises, je dus m’y reprendre à deux fois pour ne pas glisser. L’épaule du voisin me fut bien souvent salvatrice. Les uns à la suite des autres, nous descendîmes, se tenant à celui qui précédait pour éviter d’être déséquilibrer par la taille rudimentaire des marches. Il continuait à pleuvoir. Mais personne n’avait froid. Tout le monde avait peur. Où avaient-elles l’intention de nous conduire ? En quels lieux de désolation nous feraient-elles la démonstration de leur courroux ? À mon grand étonnement, la descente se fit sans heurt. Il n’y eu aucun mort, même pas un blessé. Un miracle selon moi. Néanmoins, celle-ci ne fut pas sans conséquence sur notre santé. Nos respirations étaient fastidieuses, comme si l’oxygène creusait dans nos poumons pour s’y frayer un chemin. Nous vacillions sur place, au bord de l’évanouissement dont le gouffre béait, prêt à nous consommer au cœur de ses entrailles. Je fus secoué d’une quinte de toux qui me força à expectorer des glaires rougeoyant. Ce qui me confirma que mes gencives continuaient toujours à saigner parce que je ne faisais plus aucune distinction entre le goût de ma salive et celui du sang. Je m’éclaircis la gorge, avalant toute une série de dépôts qui obstrueraient mes bronches, et essayai de recouvrer un semblant de calme intérieur. Non loin de moi, je vis un prisonnier dont la gorge était entièrement recouverte de ces taches noires qui empoisonnaient notre anatomie. Ses mains ne cessaient d’aller et venir pour les gratter, j’en déduisis qu’elles devaient le gêner pour respirer, et devinai sa seule envie : s’arracher la peau. Bien sûr, il n’était pas le seul à éprouver les calamités que causaient ces maudites taches. Celles-ci envahissaient le torse, le dos, les jambes, parfois même l’entièreté du visage ; atrophiant les muscles, sclérosant les tissus, gangrenant les membres. Là où les miennes s’étaient épanouies – la partie supérieure de mon crâne ainsi que mon bras droit – tous mes poils et cheveux étaient tombés. Ce n’était d’ailleurs pas un hasard si la majorité d’entre nous était chauve, ou l’était partiellement. Les aptitudes préhensiles du bras infecté s’étaient fortement amenuisées depuis le temps. Il m’était impossible de soulever la moindre charge sans défaillir. Par contre, ma main m’appartenait encore, elle restait indemne. Ce détail me frappa soudain. Je n’y avais jamais fait attention. L’expansion de la tache noire s’était purement et simplement interrompue au niveau de mes poignets sans jamais aller plus loin, pourquoi ? J’inspectai mes voisins, en repérai quelques uns dont les mains étaient contaminées, regardai à nouveau celle qui aurait dû l’être, sans vraiment comprendre ce qui rendait le phénomène insolite. Je ne le compris que plus tard. J’avais, à tort, pensé que ce paysage ne recelait rien de particulier, outre les mille dangers que ses ténèbres uniformes enfantaient et couvaient en son sein. Pourtant, l’endroit me m’était pas inconnu, sauf que, sur l’instant, je ne pus l’associer à aucun souvenir précis ; preuve que tout ce qui n’était pas en relation directe avec le Quartier et avec ses atrocités avait été effacé de ma mémoire. À l’entour, il n’y avait pas âme qui vive. Cependant, des témoins trahissaient une ancienne activité, humaine ou non : comme un baraquement aux portes et fenêtres fracassées, ainsi qu’un réseau ferroviaire rudimentaire qui disparaissait à travers une mine, qui avait été creusée dans la montagne. De petits tumuli de pierres luminescentes s’élevaient ça et là. Je me concentrai, focalisant toute mon attention sur ces lumières qui, à mesure que mon regard s’y attardait, dégageaient leur splendeur immaculée avec plus de force. Une question me vint presque incontinent. Comment font-elles pour briller alors qu’il n’y aucune lumière ? Sur Monde, il existe deux sources d’obscurité ; celle engendrée par les Phases de Latence, bienfaitrice pour le rétablissement du corps et de l’esprit ; et celle engendrée par la magie, dont l’exposition prolongée est désastreuse pour l’organisme. Et là où nous étions, cette obscurité était totale et permanente. Nous ne distinguions que le contour des choses, ce qu’elles inspiraient en elles-mêmes. Quant aux Démons, à force, nous connaissions leur nature invisible, cet aura que tout être dégage, témoin de ce qui le lie à la magie, à la vie, à la mort ainsi qu’aux autres êtres vivants. La brillance de ces éminences fut telle qu’elle m’obligea à plisser les yeux, et réalisant qu’avec un tel rayonnement, j’aurais dû les distinguer au loin, je remarquai qu’aucun autre prisonnier ne semblait leur accorder d’égard. Serais-je le seul à les voir ? Je me renfrognai. Quelque chose… quelque chose ne va pas… Pourquoi cet endroit m’est-il familier ? Un frisson hérissa les derniers représentants de ma pilosité masculine et mes appréhensions se renforcèrent. Quel message m’adresse-t-on ? Je regardai autour de moi, et un détail me percuta. Depuis notre descente, de petits groupes de trois à quatre prisonniers s’étaient formés. Ils ne disaient rien, ce que démentaient leurs échanges de regard, quant à eux, on ne peut plus éloquents. La confirmation que j’attendais depuis les récents évènements m’était enfin donnée ; notre résurrection se réalisait et continuait à s’accomplir. Je repérai un noyau d’agitation autour duquel commençait à se former un cercle de dos squelettiques et inquisiteurs. En son centre, quelqu’un y était allongé, étreint de convulsions. Des prisonniers lui avaient saisis les chevilles, il me sembla qu’ils avaient fait de même avec ses poignets. La personne gémissait, ses cris seraient bientôt à portée des créatures, et si cela devait arriver, je ne donnais pas chère de sa vie, ni des autres. Je ne sus de quelle curiosité je fus sous l’emprise mais, quelle qu’elle fut, elle me poussa à me rapprocher. Peut-être était-ce dû au fait que je ne l’entendisse plus geindre. Était-elle déjà morte ? Lorsque je parvins à me frayer un chemin jusqu’à elle, je ne la reconnus pas tout de suite, son visage se contorsionnait sous l’action d’une douleur contenue à son seuil d’expression. Ce fut grâce à la silhouette agenouillée à son chevet que je finis par l’identifier. Les deux sœurs. L’une était étendue et son corps ne cessait de gesticuler, quelque chose devait la démanger, c’était d’ailleurs pour cela que l’on avait entravé ses mouvements. De quoi souffrait-elle ? Ma question trouva rapidement une réponse ; sa poitrine était complètement envahie par des taches noires dont je voyais la surface, devenue grumeleuse, se soulever au rythme d’une respiration indépendante. Ce spectacle me révulsa, tout autant que ce qu’il me révéla. Les taches dont nous étions tous recouverts étaient vivantes. Plus tard, j’appris que celles-ci se nourrissaient de nos cellules pour croître, qu’elles nous dévoraient patiemment avant de prendre le contrôle total de nos fonctions vitales. Nous n’étions que des hôtes, des hôtes voués à la destruction. Soudain, je vis ces taches parcourues d’un fourmillement, puis, de ce qui me parut un long murmure, ce qui, inexplicablement, arracha un cri étouffé à la femme. Heureusement, plusieurs mains la bâillonnaient, même si je savais au fond de moi que cette précaution était futile ; notre rassemblement ne passerait pas inaperçu et il était évident à mes yeux qu’elle n’en avait plus pour très longtemps. Puis, il y eut un craquement, suivit d’un deuxième, effroyable. Du sang explosa aux visages de ceux qui s’étaient penchés à son chevet. J’en fus moi-même aspergé. Son sang était noir, très épais, gluant, même. Il pulsait entre mes doigts. Mon regard s’attarda sur une poitrine béante, offerte sans pudeur. Des os étranges, difformes, monstrueux, avaient perforé sa cage thoracique. J’en voyais qui continuaient à s’allonger. Ses poumons, son cœur, tous ses organes étaient noirs, entièrement infectés. Son hurlement me berça dans l’effroi et, comme tous les prisonniers, je me retournai pour voir les créatures… non, nous ne fîmes pas que les voir, nous les maudîmes. Et si ? Et si nous nous rebellions ? Quelle chance avions-nous de vaincre ? Chacun d’entre nous connaissait la réponse. La femme dont la sœur venait d’expirer s’élança la première, et fut la première à mourir. D’un tout, les créatures la réduisirent en un rien, brandissant ses membres comme des trophées, comme des avertissements. Nos âmes exultaient. Ni le sang ni la chair meurtrie n’avaient d’emprise sur nous. Et nous ne leur en donnerions plus jamais l’opportunité. De ce carnage, nous ne retînmes que le geste, symbole d’une puissance foudroyante. Notre résurrection était sur le point de s’achever, grâce à elle. Les prisonniers se ruèrent, portés par ce désir d’être, de ne plus accorder le plus petit sentiment de crainte ou de honte à ces démons qui leur avaient fait tout oublier. Et c’était vrai, tout nous avait été ravi. Nous ne possédions plus rien, pas même d’identité. Ce n’était pas un combat pour la liberté, pour la victoire ou les honneurs, mais pour des retrouvailles. Ce fut un massacre. Le sang gicla. Les membres arrachés furent utilisés comme des armes, parfois le corps tout entier. Moi, je ne bougeai pas. Pétrifié dans ce qui devait être la peur, pas de les affronter, mais de ce que j’allais retrouver. J’avais peur des retrouvailles. J’assistai à des phénomènes d’entraide ; cinq prisonniers périrent en essayant d’en sauver un autre ; mais aussi à des stratégies d’attaque ; certains tentaient d’encercler une créature mais ne parvenaient à l’atteindre. Ces démons ne furent jamais inquiétés, pas une seule fois. L’un d’entre eux fut sur moi. Une voix dans ma tête. Une mélodie. Une lumière blanche baigna mes mains tandis qu’il s’apprêtait à m’asséner le coup fatal. Je fermai les yeux, levant les bras pour une piètre défense, et attendis. Lorsque je les rouvre, pensant avoir déjà basculé, je vois la béance dans son torse, duquel se déverse encore de sang jaune ainsi que des poches à sucs. Pour expliquer la distance qui nous sépare, il me semble évident que la créature a été projetée plusieurs mètres devant moi. Alors, le temps s’arrête. Durant ce bref atermoiement, je ramène mes paumes pour les questionner du regard, espérant qu’elles me fournissent des explications à ce qui vient de se produire malgré moi. Les affrontements se sont tus. Sauf la voix dans ma tête. Je jette d’abord un regard sur les prisonniers qui me sourient, puis sur les créatures qui me dévisagent, avant de le faire entre elles. Le liquide sirupeux ne s’écoule plus de leur fente. Une attitude de colère et de prudence semble disputer leur réaction. Je commence à trembler, un discours semblable à celui que j’avais entendu après la révolte du prisonnier me revient, plus insistant encore que la dernière fois, avec, à nouveau, ce même mot : Shahm’sil’ûûm. Puis, le discours mue en antienne, répétant ainsi toujours le même terme : Shahm’sil’ûûm. Shahm’sil’ûûm. Shahm’sil’ûûm.Je perçois de la rage, de la frustration dans le ton sur lequel celui-ci est prononcé. C’est comme si l’on m’exhorte à un accomplissement, mais je ne sais lequel. L’étincelle qui s’est réveillée depuis peu remplit mon âme, une sensation incroyable prend possession de moi. Cette fois, mon corps tout entier est entouré d’un nimbe blanc, rayonnant tel un astre au sommet de son illumination, avant de s’évanouir, ou plutôt, de m’abandonner, obligeant aussi cette chaleur qui m’avait investi à refluer, pour enfin disparaître à son tour. Un dernier écho me parvient cependant : Shahm’sil’ûûm.Mais je m’effondre. Les créatures reprennent leurs esprits, certaines s’emploient à mettre un terme à la révolte en exécutant les derniers survivants, d’autres, se dirigent vers moi. Je n’arrive plus à saisir l’étincelle, s’est-elle soustraite volontairement, ou a-t-elle péri ? Je sens qu’on me soulève. J’ai mal, j’encaisse un débit de violence phénoménale qui vide mes poumons. Je vomis du sang et de la bile, le mélange n’a aucun goût, à moins que cela ne vienne de moi. Je pense que je vais sombrer dans l’inconscience, je le veux, mais il n’en est rien. Et je suis roué de coups.
Bonne lecture à toutes et à tous ! Vale _________________ Koalas Next 4 km
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| | | L'Un Seul *Traducteur BKT*
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| Sujet: Re: Le Caveau des Turpitudes Sam 25 Déc 2010 - 20:17 | |
| Double message. Et j'assume. Voici une nouvelle pour laquelle j'ai sacrifié mon Noël - mais qu'est-ce que je ne ferais pas pour elle et ses soeurs? La voici: - Prélude à la folie:
Partie 1: Le Miroir et liuetuaF el - Savez-vous pourquoi vous venez ici ? - J’sais pas, c’est ma femme, toute une histoire, répondit l’homme en fouillant sa barbe. Le psychologue remua, il avait les fesses moites et des auréoles de transpiration déparaient le tissu de sa chemise en plusieurs endroits, les plus visibles étant ceux des aisselles qui auraient fait passer sa femme pour une médiocre couturière. Ce qu’elle était, en définitive. Il se leva pour modifier le thermostat. Trente-deux degrés, s’étonna-t-il, et fit dégringoler les chiffres jusqu’à vingt-trois degrés. Sur le coin de son bureau, une bouteille d’eau vide accusa un juron silencieux. Il avait soif. Une demi-heure qu’il n’avait plus rien bu ni mangé. Pour compenser, il prit un Frisk à l’eucalyptus. Un nouvel emballage, remarqua-t-il. Aussitôt, sa bouche s’emplit d’une fraicheur agressive, comme si l’on avait ouvert toutes les fenêtres d’un placard lors d’une tempête de neige. Le vendeur du kiosque s’était trompé, il lui avait vendu la version « forte » du petit bonbon dont il était devenu complètement accro. Demain, se dit-il, demain ou même ce soir s’il n’y a pas trop de monde dans les rues, rangeant la petite boite en plastique dur dans sa poche. Il regagna sa chaise et attendit, lissa sa cravate, se racla la gorge et fit cliquer dix fois son stylo. Aucune réaction. Vingt fois. Toujours rien. - Depuis combien de temps n’avez-vous pas écrit ? demanda-t-il pour renouer le fil de la conversation. Le patient qui n’avait porté aucun intérêt à ce qui s’était passé juste avant haussa les épaules, répondit : - Six mois, peut-être sept. - Aimeriez-vous recommencer à écrire ? Second haussement, la réponse tarda. - Que s’est-il passé, il y a six mois ? - J’sais pas, ma femme doit s’en souvenir, toute une histoire, dit-il. Sur son calepin, le psy inscrit : toute une histoire, dessine une flèche puis ajoute : tic de langage. Entre parenthèse, écrit : femme, suivi d’un point d’interrogation, s’arrête, relit ses notes, ne trouve rien d’autre et soupire. Il n’a pas grand-chose. Il repasse machinalement sur les sept mots qu’il a relevés jusqu’à maintenant : longs silences, fixité du regard et grimaces faciales, comme si cela aurait pu l’aider à entrevoir le schéma de cet enchevêtrement complexe, malade, qui caractérise tous ceux qui prennent place dans son fauteuil en cuir. Déjà, les « i » ne sont plus qu’une seule barre et tous les blancs des lettres « o », « g », « e », « d » et « a » sont noircis. Une irrépressible envie de dessiner démange ses doigts. N’importe quoi. Ce peut être des courbes, des droites, des cercles. Non, pas ici, il se l’est promis. Il reporte son attention sur femme, transforme le point d’interrogation en cœur et se dit que cette homme-là devait en avoir brisé quelques uns, de par le passé. Encore aujourd’hui, pense-t-il, et une flèche vint bientôt transpercer l’organe. C’était son deuxième entretien avec ce patient. La première fois, il n’avait dit que deux choses : « Combien ? » et « ‘verrez ça avec ma femme », ensuite, il n’avait plus décroché un seul mot de toute la séance. Ce genre d’attitude était courante, banale maintenant qu’il en avait l’habitude. On parlait dans le vide, jamais pour rien. Il savait que le son de sa voix pouvait suffire à rasséréner les esprits les plus turbulents. Certains de ses patients venaient uniquement pour ça, d’ailleurs, d’autres, il est vrai, passaient leur temps à se débarrasser de leurs pensées ; des plus malsaines au plus candides ; des plus macabres aux plus lubriques. Il arrivait même qu’on lui demandât une copie des notes qu’il avait prises. L’imprimante lui était fort utile, conserver un double après chaque séance était nécessaire à la composition d’un dossier personnel. Qu’aurait-il pensé si son travail ne s’était résumé qu’à ça, à ce simple rôle de scripte ? « Va-te-faire-foutre » Peut-être s’était-il fourvoyé, finalement, tout ne s’inventait pas, même être psy. Il lorgna le faux diplôme accroché en face de la fenêtre qu’une lumière blanche équarrissait les formes trompeuses. « Va-te-faire-foutre » Il songea à sa secrétaire, en vérité, sa femme de ménage. Il avait l’impression d’être au théâtre. Qu’en savait-il, au juste ? Il ne connaissait ni l’odeur des planches, ni l’haleine des souffleurs, alors, qu’en savait-il ? « Va-te-faire-foutre » Que savait-il de ce qu’il devait faire ou non ? Il n’en avait rien à foutre de tout ça. Il était payé. Bien payé. Mieux payé que bien des hommes sur cette terre. Et pour faire quoi ? Soigner les maladies de l’âme, panser les blessures invisibles. Rien de plus facile ; guérir ce que l’on ne voit pas, c’est surement se prémunir d’une autopsie compromettante en cas d’erreur médicale. Il avait tout prévu. Il y en avait là-dedans, de quoi fermer les quelques unes qui lui avaient prétendu le contraire, dans sa jeunesse. En son for intérieur, il riait. Le mensonge se mue si facilement en vérité, et réciproquement, pourquoi n’utiliserait-il pas cette faille ? D’autant qu’il ne faisait pas de mal, il essayait de faire le bien. Pour sûr, sa mère lui aurait surement dit que le démon se déguise très souvent sous l’apparence d’un ange pour tromper les faibles d’esprit, mais sa mère était morte et enterrée, ainsi que son père et son horrible sœur, il n’en avait plus rien à foutre des sermons. Il était son propre patron, décidait de ses propres fiches de paye et ne devait de compte à personne. « Sauf à Dieu, mon fils » « Si tu savais ce que je pense du Seigneur, maman, tu me crucifierais à sa place » Certes, si tout cela n’était qu’une vaste supercherie, il n’en demeurait pas moins qu’il se plaisait à y prendre soin. Il se plaisait même à aider les autres. Un comble ! Pour quelqu’un comme lui qui n’avait de pitié pour personne et se réjouissait à l’idée de cracher de l’acide sur les plaies ouvertes, devenir altruiste revenait à lui faire avaler une pelletée de princesses au beurre. Pourtant, il n’avait pas envie d’arrêter, il aimait son métier, de plus en plus, jours après jours, sans que cela ne lui remonte et ne lui donne envie d’envoyer tout valser par la fenêtre. Il avait ouvert la première « CSAMI » : une Cellule de Soutien pour Artiste en Mal d’Inspiration. La plupart des gens ne considéraient pas les artistes comme des êtres normaux, et ils ne croyaient pas si bien dire. Immergés jusqu’à l’asphyxie dans un monde torturé par l’impermanence, ils se distinguaient par leur capacité à traduire leur extéroceptivité extrême dans le domaine de l’incréé, d’en extraire l’essence subliminale des beautés impossibles. « Et vlan, prends-toi ça dans la gueule, m’man» Telle était sa définition très personnelle de l’artiste. Son père en avait été un, aussi, et il lui avait toujours dit que la mort serait son dernier tableau. Il tendit un bras imaginaire, sa main se referma sur le vide. Une porte lisse, sans serrure ni poignée, qui lui interdisait la moindre tentative d’incursion dans un passé défini. Mais avec le temps, il avait découvert la faille ainsi que l’horreur à laquelle il n’avait pu faire face. Et puis, qu’elle importance ? Son père était mort, bel et bien mort, lui était vivant, et il n’était pas comme lui. « Va-te-faire-foutre, papa » Il glissa un regard vers la fenêtre. Dehors, il faisait blanc. Triste mesure de la réalité, pensa-t-il, car, dehors, il faisait tout blanc, d’un blanc immaculé, d’un substrat qu’il aimait et maudissait à la fois. Il songea à son fils qui aimait la neige, à ses jumelles désobéissantes qui aimaient sauter dans les flaques de boue. À sa femme qui… à sa femme qui faisait si mal l’amour et n’achevait jamais ce qu’elle commençait. « Une gourdasse comme on en fait plus » Pourtant, il lui avait fait des enfants. « Des précautions, ni plus ni moins, au cas où mon projet tomberait à l’eau » Il se mentait. « Va-te-faire-foutre » « Papa ! Tu as dit un gros mot ! » « Et ta sœur ! » Son patient n’avait toujours pas bougé, ni émit le moindre son. Il décida de changer d’approche. - Ce doit être une période difficile pour les sans-abris, surtout avec les nuits que nous avons ces derniers temps, dit-il en caressant sa cravate. Le regard du patient vacilla, son mutisme résista, cependant. - Mais bon, que peut-on y faire ? Je me demande combien d’entre eux finissent gelés ou meurent d’engelures… - Si j’étais vous, je n’insisterais pas, l’interrompit le patient, très calme, si j’étais vous, je n’essaierais pas de comprendre. Il n’en avait jamais autant dit en une fois. À présent, le pouls de la conversation était clair et puissant sous les doigts du psy, et il avait peur de le perdre. - Mais c’est mon travail, dit-il. « Quel con ! » Le rythme devint fuyant, puis de plus en plus faible et enfin disparut. L’instant était critique, il ne lui restait plus qu’une seule solution valable : la bonne vieille décharge. - Parlez-moi de Joe la Filoche. Le patient murmura. Un pouls réapparut, timide. Il crut lire les mots « paix » et « âme » sur ses grosses lèvres. Il accéléra, prenant confiance. « Je le tiens ! » Il y était presque, il atteignait le cœur du problème. Cependant, il devait prendre garde à ne pas le brusquer, ses palpitations étaient encore fragiles. Finalement, le patient lui répondit : - Ne vous a-t-on jamais appris à ne pas énoncer tout haut le nom des morts ? Qui plus est, le nom de ceux que vous n’avez pas connus ? Cela donne l’impression que vous avez connu son porteur, que vous avez partagé ses peines et ses joies. (Il se tut avant de reprendre, lentement, presque chagriné.) Il n’était pas homme à croire à tout ça, moi, oui. Il était en proie aux souvenirs, qu’attendait-il pour saisir cette chance inespérée ? - Comment dois-je l’appeler ? Le patient se retourna, et il croisa son regard. Il était immense, immense comme celui de l’homme qui convoite le soleil. Immense, et exprimant l’immensité des choses. Cependant qu’il le fouillait, il n’en extrait que de la tristesse. Il ne comprit que plus tard ; c’était la seule chose qu’il avait accepté de voir. - Un jour, il m’a avoué s’appeler Jonathan Thymion, quelqu’un, disait-il, qu’il ne connaissait plus, qu’il avait regretté et qu’il ne serait plus jamais. Je vous autorise à le nommer ainsi. Et il reprit sa position dans le fauteuil, le dos droit, le regard rivé sur l’unique tableau qui décorait la pièce. - Très bien, et comment avez-vous rencontré ce… Jonathan Thymion ? - Cette question est sans intérêt. Le psy en resta coi. - Pourquoi ? - Qui a peint ce tableau ? demande le patient. Honore la mémoire de son ami. Refuse de me parler de leur rencontre. Piste à explorer, inscrit-il dans son carnet. Il prend conscience que la situation est à un carrefour. Le patient a renoué le dialogue mais veut intervertir leur position respective. Par conséquent, la prudence est de mise. En effet, s’il refuse de rentrer dans son jeu, il est possible qu’il se renfrogne et ne dise plus un mot. « Trente-trois minutes de silence. Heureusement, j’ai mes bonbons » Dans le cas contraire… « Je ne pense pas que ce soit le besoin primaire de contrôler la situation, ça n’a pas l’air d’être son genre » Il rit intérieurement. « Et dire qu’il chiait sous les ponts » Il l’observe, l’homme continue à fixer le tableau, étranger à tout ce qui l’entour. « Voyons où cela peut nous mener, après tout, je serai toujours aux commandes. De plus, ce ne serait pas la première fois qu’un patient se révèle être plus loquace lorsqu’il pense avoir le choix entre parler et se taire » - Qui ? Et bien, mon père. Je me demande si… - La signature ? Sur le deuxième poteau, à gauche, l’effet de rouillure. « Impressionnant, c’est le premier. » - Seriez-vous un familier de la peinture ? - Aucunement, comme vous le savez, je suis écrivain. Je puis tout de même concéder que l’une de mes plus grandes faiblesses est de dépeindre les frasques d’un tableau obscène signé société. (Il se tut, à la manière de quelqu’un qui en a trop dit, et le psy crut qu’il se tairait pour de bon, mais celui-ci reprit :) Votre père était quelqu’un de tourmenté, talentueux, mais tourmenté. Vous a-t-il maltraité ? « Quoi ? » - Je ne pense pas que cela ait la moindre importance, se défend-t-il, et d’ailleurs… - Au contraire, l’interrompt-il. La façon dont vous me percevez est la résultante de la façon par laquelle votre père – et votre mère, s’entend – vous a appris à concevoir le monde ; ses immondices, dont l’abondance pléthorique détruit jour après jour ses merveilles, si rares, si éphémères. Le revers de sa main cueillit la sueur sur son front luisant. Le thermostat avait dû être réglé à la mauvaise température. « Fichue Clarisse ! » Puis il se rappela l’avoir ajusté quelques minutes plutôt. « Je travaille trop » « Ou peut-être parce qu’il a parlé de ton père ? » « La ferme, m’man » S’il continuait à s’énerver, son visage deviendrait aussi rouge que ne l’était ses fesses en ce moment. Il trouva la comparaison foireuse et descendit encore le thermostat, jusqu’à seize degrés. « Va-te-faire foutre, m’man » Cette petite interruption lui permettrait de remettre de l’ordre dans le schéma. Il avait décidé de redevenir le psy qui posait les questions, et lui, il reprendrait la place du patient qui y répondait. Toute atteinte à cette configuration, jugée désormais inébranlable, serait punie sévèrement par une mort longue et douloureuse. Ça, aussi, il l’avait décidé. - Que pense votre femme de tout ça ? l’interroge-t-il après avoir regagné sa place. - De tout ça quoi ? Surtout, garder son calme. Il prit un Frisk dont la vague de froid fulgurante lui permit d’oublier la naissance d’un bourdonnement dans les oreilles. Trente cinq minutes sans rien boire ni manger. Trente cinq ? « Encore vingt cinq minutes » Et un dilemme à surmonter. Il revint au présent. Où en était-il déjà ? Ha oui, la femme du patient, sa jolie femme, celle qui était venue prendre personnellement rendez-vous pour son mari, le pouilleux, devenu un clochard du jour au lendemain pour aller quérir je ne sais quelle aide mystique au développement de son inspiration. « Des fous, ce sont tous des fous » « Toi aussi, mon fils » « Crève ! » Il prit deux Frisk. Finalement, cette sorte n’était pas si mauvaise, peut-être deviendrait-elle sa préférée, ou peut-être que, dorénavant, chaque matin, prendrait-il deux sortes différentes, chacune destinée à des conjonctures spécifiques dans ces interminables journées. Oui, il ferait comme ça. C’était une excellente idée. « Qu’est-ce que tu dis d’ça, hein, m’man ? » Il dérivait, encore. « La fatigue, je travaille trop » « Ou la folie » Il se força à l’ignorer. - Votre femme… commence-t-il, ce ne doit pas être facile pour elle d’élever un enfant seule tandis que son mari court les rues. - Je ne cours pas les rues, répondit le patient, ni n’écumes les bars, si c’est cela que vous insinuez. - Je n’insinue rien, je pose des questions. (Il hésita à préciser que c’était son métier mais s’abstint) Que faites-vous, dans ce cas ? - Puis-je avoir un de ces bonbons que vous sucez ? - Pardon ? « Il veut un de tes maudits bonbons » « La ferme, m’man, je sais ce qu’il veut, retourne jouer avec les corbeaux » Et il se mit à rire, pour lui et en silence, bien entendu. Cela lui remonta le moral et il consentit à donner l’un de ses bonbons. - Merci. Je peux encore en avoir ? « Encore ? » Il donna encore quatre bonbons au patient qui les englouti d’un seul coup. Après tout ce temps, il ne s’était jamais demandé combien il pouvait y en avoir dans ces petits compartiments rigides. Il secoua le sien, estima qui lui en restait suffisamment pour tenir le coup. Il avisa l’horloge. Trente huit minutes. Quarante six minutes sans manger ni boire. Et plus de Frisk. Qu’est-ce qui lui avait pris de donner les dix derniers bonbons au patient ? - Pourquoi avoir changé de formule « bonbon » ? lui demande-t-il, alors qu’il avait observé une période de silence de plus de cinq minutes. - C’est de la faute du vendeur du kiosque, il s’est trompé de boîte. - Rien n’arrive par hasard, s’il ne s’était pas trompé, tout cela ne serait pas arrivé. - Tout cela quoi ? - Je peux ? (Le psy appuya une fois, deux fois, trois fois pour autant de petits bonbons) Et bien, votre bouteille vide, là, sur votre bureau, vous coûte la monnaie que le vendeur de kiosque vous remet sur cinq euros à l’achat de vos bonbons. (Il acquiesça.) Seulement, et vous l’avez dit vous-même, ce ne sont pas les bonbons que vous avez l’habitude de consommer, et cela ne m’étonnerait guère que leur prix soit légèrement plus élevé, raison pour laquelle, à l’échoppe suivante, vous n’avez pas pu vous acheter votre bouteille d’eau quotidienne, ce qui vous a contrarié. (… quatre fois, cinq fois…) En rentrant, vous étiez tellement furieux que vous avez oublié de saluer votre secrétaire, qui, entre nous, n’a pas plus le profil d’une secrétaire que moi d’un boddhisattva, ce qui la contrariée, elle aussi, et pour se venger, a augmenté le thermostat. Cette modification de réglage a eu pour effet, plus tard, de vous rappeler la contrariété de ce matin – vous savez, la bouteille d’eau vide du jour d’avant que la femme de ménage a oublié de jeter parce que trop occupée à répondre aux appels de vos patients –, et, finalement, croyant trouver un peu de réconfort dans l’une de ces friandises dont vous étiez devenu coutumier, vous découvrez que le vendeur de kiosque s’est trompé, et cela a eu pour conséquences néfaste d’accroître un peu plus la contrariété de départ. (… six fois, sept fois, huit fois, neuf fois, dix fois… Jackpot !) Comprenez-vous ? - Je… - Oui, ce pauvre petit « je » résume parfaitement la situation d’impuissance dans laquelle vous vous trouvez actuellement. Voilà ce qui arrive lorsque, de toute évidence, un esprit grandiose côtoie un esprit souffreteux, et le fait suffoquer jusqu’au bégaiement fatal qui lui coûte sa crédibilité scientifique, si tant est qu’il en ait eu une un jour, bien entendu. « M’man, ce type est fou. » Le patient n’avait plus rien du patient, faible, sensible, que les affres de la vie avaient rendu petit, minuscule. Ce patient-là était trop grand pour lui, trop grand pour sa modeste compréhension. Et puis il s’en prenait directement à lui, il le disséquait de ces mots comme si cette entreprise n’était qu’un détail insignifiant, sans même le regarder. Comment pouvait-il savoir tout ça ? Il ne croyait pas aux diseuses, aux mages et autres thaumaturges que l’esprit fertile des hommes avait inventés. Alors, comment ? Par quels moyens subtils ou non cet homme avait-il été capable de retracer chaque étape de sa journée, de les baliser pour les faire appartenir à une organisation sur base, uniquement, et en admettant qu’il n’avait reçu aucune aide extérieure, de l’observation ? Cela relevait soit de l’imposture géniale, préméditée et scrupuleuse, soit d’un pouvoir de perception qui frôlait le divin. Un tourbillon l’emporte, comme à chaque fois qu’il perd emprise sur ce qu’il est, sur ce qu’il doit être. Les souvenirs affluent, s’accumulent derrière son front et son cerveau bruit de pensées. Il ne le supporte pas, toutes ces images auraient dû disparaître avec le temps, était-ce cet homme qui avait rouvert les portes ? Cela ne se peut, de quel pouvoir jouit-il pour être capable d’un tel prodige ? Tout va trop vite, un sentiment de déjà vu s’obstine, il n’y a personne pour lui tendre la main, ce ne sera pas comme avant, il est seul. Il est seul. Il aurait dû s’en douter, et ce, dès la première séance, que ce patient ne serait pas un patient comme les autres, qu’il le rapetisserait, le ridiculiserait. Qu’il le réduirait à sa propre faiblesse. - Tout cela est affligeant au possible, poursuit-il, que sur le socle d’un simple rituel repose toute la stabilité psychique d’un être est affligeant, et dire que je n’échappe pas à cette règle. Par les neuf portes, quelle pitié ! Il croise le regard du psy qui, bouche bée, cherche une explication à ce qui lui arrive. Lui n’éprouve aucune pitié pour cet homme à la psyché rachitique et malade, il n’en éprouve pour personne. « M’man, où es-tu ? Ce type est fou. M’man, reviens, j’t’en supplie. » - Une chose est certaine, vous n’êtes pas psy, reprit le patient, et je l’ai su dès notre premier entretien. La question est : pourquoi suis-je revenu ? Ma foi, je suis écrivain, n’est-ce pas un motif suffisant ? (Le psy n’entend plus rien. Il s’est recroquevillé sur sa chaise et se balance. Le spectacle est infantile, vrai.) Bien, je vais vous laisser, à présent. N’ayez crainte, je chargerai votre secrétaire de trouver un endroit calme, paisible, pas trop semblable à ce tableau, un endroit où les gens parlent bas et sont cousus de blanc. Enfin, peut-être que votre fortune vous épargnera tout ça. Quoi qu’il en soit, ne vous faites plus de souci pour moi, je vais bien. Adieu. « M’man, ne m’abandonne pas. Je voulais juste les aider. Je voulais aider papa, je voulais... M’man ? Pardonne-moi, m’man. Maman ? MAMAN ? »
La folie est un sujet passionnant, vous ne trouvez pas? Vous m'excuserez d'avance pour le peu de profondeur dont bénéficie le texte, il est encore très jeune. Passez d'excellentes fêtes sur la Terre, L'Un Seul EDIT : Je précise que c'est une V2. _________________ Koalas Next 4 km
Dernière édition par L'Un Seul le Dim 26 Déc 2010 - 0:27, édité 1 fois | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le Caveau des Turpitudes Sam 25 Déc 2010 - 21:30 | |
| Et ben, texte lu. Impression : wouah !
Il est prenant.
Remarques formelles rapides :
- Je trouve que ça manque d'aération un peu. C'est peut être voulu (et dans ce cas c'est réussi), pour donner une impression de perdition dans les pensées du psy.
- Les parenthèses finales. Elles ont presque le rôle de didascalies, c'est bien. Mais comme tu n'en as pas mis avant, ça enlève un poil de cohérence au style global de la nouvelle.
C'est tout pour les remarques formelles je crois bien.
Edit :
Donc, comme je l'avais promis, j'édite et poursuit un peu mes remarques.
J'ai bien aimé le texte, comme je disais. Tu continues à nous mener dans ta vision de l'auteur. L'auteur qui dépasse la folie, toussa toussa.
D'ailleurs, je ne sais toujours pas si c'est volontaire ou pas, (et ce n'est pas important d'ailleurs), mais j'ai crû qu'il y une inversion entre Psychologue, et Patient. En gros que l'auteur faisait l'analyse de son thérapeute.
(Et quel thérapeute d'ailleurs. Totalement incompétent. Normal, puisque n'ayant pas reçu de formation, (mais ça à la limite) et prenant appuie sur sa psychose pour devenir psy. (huhuhu) m'enfin bon. Tout ceci sert néanmoins une histoire, donc, on s'en fou un peu de la cohérence avec la réalité)
Mais, cette "inversion" que j'ai ressenti à travers tout le texte, a cessé dans les dernières lignes. Il n'y a pas d'inversion, le thérapeute est totalement incompétent, paranoïaque, mais l'auteur, ne vient pas faire son analyse, dans un processus inversé, mais, vient juste régler ces comptes avec la psychologie.
On le voit bien, à la fin. En tout cas, c'est comme ça que je le perçois. ( Et tu sais, que même si j'emploie le "on" général, les remarques que je fais, n'engagent que ma vision des choses hein :) )
Si je devais faire de la mauvaise psychanalyse sauvage, je dirais qu'il est "pervers" , mais c'est une autre histoire, pas intéressante.
Le coup de l'auteur lecteur à froid .... mouais, déjà fait par Poe, Conan Doyle.... en soi, ce n'est mal du tout. J'aime ce genre d'analyse du détail. Mais comme ça a été repris abondamment, j'ai un peu de mal avec. En fait, j'ai du mal, avec les conséquences de cette lecture à froid. Ce n'est certainement pas une analyse psychologique. C'est remonter une chaîne de causalité, que n'importe quel fin observateur peut faire. (faut il encore trouver de fins observateurs). Mais, c'est s'arrêter à la surface des choses que d'en poser une conclusion psychologique. De l'esbroufe, et dans le texte, de l'esbroufe néfaste et malsaine. Puis qu'à partir de là, l'auteur devient le bourreau du "thérapeute". Il l'enferme dans son délire, en lui faisant croire qu'il sait des choses sur lui.
Brèfles. Cette tendance à croire que cette analyse logique holmesiene fait de lui un être exceptionnel, au courant de ses problèmes et imperméable à la pénétration psychologique, c'est aussi problématique, symptomatique.
Pis le rituel, c'est marrant ça aussi. Parce que justement, dans la névrose obsessionnelle, c'est bel et bien le rituel, la répétition qui apporte une stabilité. De même que le délire psychotique, vient combler quelque chose ...
Anyway, tout ça c'est vite dite, quelques remarques, mais ça me fait sourire. La manière dont tu places l'auteur et l'oeuvre d'art par rapport à la folie. (de manière générale) est intéressantes, après tout, l'écriture, la peinture etc .. sont d'excellents dérivatifs, des moyens de sublimation efficace etc ...
Donc, voilà, je pense que c'est tout pour mes remarques. Hormis les remarques formelles, j'ai beaucoup apprécié ce texte.
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| | | L'Un Seul *Traducteur BKT*
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| Sujet: Re: Le Caveau des Turpitudes Dim 26 Déc 2010 - 12:53 | |
| - Lobo a écrit:
- J'ai bien aimé le texte, comme je disais. Tu continues à nous mener dans ta vision de l'auteur. L'auteur qui dépasse la folie, toussa toussa.
Merci, c'est toujours plaisant d'avoir une réaction positive. - Lobo a écrit:
- D'ailleurs, je ne sais toujours pas si c'est volontaire ou pas, (et ce n'est pas important d'ailleurs), mais j'ai crû qu'il y une inversion entre Psychologue, et Patient.
En gros que l'auteur faisait l'analyse de son thérapeute. Que non, enfin, si, mais pas uniquement. Je me rends compte que vous manquez d'informations. Tu as remarqué que cette nouvelle était une "Première partie". Il y en a deux autres qui suivent, et dans lesquelles j'essaie de disséquer, cette fois, l'artiste, avant et après l'entretien, et le psychologue, avant et après l'entretien. Le mot analyse suppose des bases théoriques solides, je n'en ai pas, je dirais plutôt que je "porte une regard". (Maladroit, c'est sûr, mais personne ne m'empêchera de regarder. ^^) - Lobo a écrit:
- (Et quel thérapeute d'ailleurs. Totalement incompétent. Normal, puisque n'ayant pas reçu de formation, (mais ça à la limite) et prenant appuie sur sa psychose pour devenir psy. (huhuhu) m'enfin bon. Tout ceci sert néanmoins une histoire, donc, on s'en fou un peu de la cohérence avec la réalité)
Cette nouvelle est une exception, parce que je n'ai pas l'habitude de parler de ce que je ne sais pas. Ici, le psy est en fait "un monsieur tout le monde qui traîne sa bosse", "fils d'un artiste fou" et "milliardaire", qui plus est, ce qui lui permet d'accéder à toutes les excentricités possibles. Pratique, non? ^^ Ce que je voulais, en partie, signifier, est que la plupart des gens - oui, dans mon entourage, ils sont nombreux - aiment "se prendre pour des psychologues amateurs". Seulement, la vie n'est pas un laboratoire où les fioles cassées finissent dans une poubelle. Les conséquences peuvent être désastreuses pour une personne qui se laisse influencer par une autre. (Pas très originale, ni très profond, mais mon message ne s'arrête pas là, fort heureusement.) - Lobo a écrit:
- Mais, cette "inversion" que j'ai ressenti à travers tout le texte, a cessé dans les dernières lignes. Il n'y a pas d'inversion, le thérapeute est totalement incompétent, paranoïaque, mais l'auteur, ne vient pas faire son analyse, dans un processus inversé, mais, vient juste régler ces comptes avec la psychologie.
On le voit bien, à la fin. En tout cas, c'est comme ça que je le perçois. ( Et tu sais, que même si j'emploie le "on" général, les remarques que je fais, n'engagent que ma vision des choses hein :) ) Je te renvoie plus haut. Je ne règle aucun compte, tout le monde y passe, sans exception. (Pour être honnête, parce qu'il existe, cet enfoiré d'inconscient, je dirais que tu as surement raison.) - Lobo a écrit:
- Le coup de l'auteur lecteur à froid .... mouais, déjà fait par Poe, Conan Doyle.... en soi, ce n'est mal du tout. J'aime ce genre d'analyse du détail. Mais comme ça a été repris abondamment, j'ai un peu de mal avec.
En fait, j'ai du mal, avec les conséquences de cette lecture à froid. Ce n'est certainement pas une analyse psychologique. C'est remonter une chaîne de causalité, que n'importe quel fin observateur peut faire. (faut il encore trouver de fins observateurs). Mais, c'est s'arrêter à la surface des choses que d'en poser une conclusion psychologique. De l'esbroufe, et dans le texte, de l'esbroufe néfaste et malsaine. Puis qu'à partir de là, l'auteur devient le bourreau du "thérapeute". Il l'enferme dans son délire, en lui faisant croire qu'il sait des choses sur lui. Je n'ai pas pour prétention de faire une analyse psychologiquee, je "mets en scènes des personnages pour faire apparaître des pathologies fictives". Tout cela me sert à l'édification d'une histoire. Tout cela est un prétexte pour parler de deux parcours atypiques qui me tenaient à coeur de décrire. Certes, la crédibilité scientifique aurait été la bienvenue, mais si tu fais attention aux dernières répliques du "patient", tu remarqueras que j'ai bel et bien conscience de ce "manque de crédibilité". Je pense, donc, rester honnête avec le lecteur. - Lobo a écrit:
- Brèfles. Cette tendance à croire que cette analyse logique holmesiene fait de lui un être exceptionnel, au courant de ses problèmes et imperméable à la pénétration psychologique, c'est aussi problématique, symptomatique.
J'adore, parce que tellement vrai. C'est dingue, parce que cette forme d'arrogance le perdra, si je poste la suite, vous vous en rendrez compte. Il n'y a pas de personnages sains dans cette nouvelle, tous vont être à la fois bourreaux et victimes. (L'artiste va vivre avec les clochards pour chercher un "quelque chose". Il va même faire des voyages insensés pour cette même "chose".) Pour l'instant, le "focus" est sur le psychologue. L'artiste est aussi dérangé que le psy, c'est ça qui est génial. Non? - Lobo a écrit:
- Pis le rituel, c'est marrant ça aussi. Parce que justement, dans la névrose obsessionnelle, c'est bel et bien le rituel, la répétition qui apporte une stabilité. De même que le délire psychotique, vient combler quelque chose ...
Oui, je me doutais bien que la répétition avait quelques avantages. Ce qui est marrant, est ce qui se passe quand ce rituel se brise, que se passe-t-il pour la personne? Elle tombe, tombe, mais tente de se raccrocher à une corniche, mais laquelle? (Image minable, mais rien de mieux sous la main.) Est-elle fiable? Quelles sont les conséquences de cette chute? Cette corniche appartient-elle à une section "Enfance" ou "Adolescence"? La personne régresse-t-elle? Ou, au contraire, devient-elle plus lucide? (De mon point de vue, ce serait vraiment intéressant à développer.) En définitive, existe-t-il différentes configurations "psychologiques" qui permettent à une personne n'ayant plus les capacités nécessaire pour entretenir l'actuelle - la dominante - auxquelles elle peut se rattacher afin de subsister et de garder un semblant d'assise sur la réalité? Excuse-moi d'écrire des âneries, j'essaie vraiment de ne pas apparaître trop stupide. - Lobo a écrit:
- Anyway, tout ça c'est vite dite, quelques remarques, mais ça me fait sourire. La manière dont tu places l'auteur et l'oeuvre d'art par rapport à la folie. (de manière générale) est intéressantes, après tout, l'écriture, la peinture etc .. sont d'excellents dérivatifs, des moyens de sublimation efficace etc ...
Je me suis marré en écrivant cette nouvelle, et, à l'époque, c'est tout ce qui m'intéressait. Bon, j'ai veillé à ne pas raconter trop de conneries, faut pas pousser le bouchon trop loin, n'est-ce pas Maurice? En la relisant, vendredi, je me suis dit que cela pourrait être intéressant de la partager, même si, il est vrai, pour ceux qui étudient la psychologie, ce babillage doit vraiment être écoeurant. Je m'excuse d'avance pour ces membres-là ! Je te remercie encore pour tes commentaires, ils m'ont permis de développer d'autres idées - oui, c'est le cas. L'Un Seul Someone else? _________________ Koalas Next 4 km
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| | | L'Un Seul *Traducteur BKT*
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| Sujet: Re: Le Caveau des Turpitudes Sam 8 Jan 2011 - 15:00 | |
| Un freestyle comme il m'en arrive de moins en moins: - Coeurs d'Asphalte:
Cœurs d’asphalte, un soir d’été, Promettent sobriété.
Cœurs d’asphalte rêvent atmosphère Coup de frein et demi-sphère.
Cœurs d’asphalte, pare-brise Débris de verres qui s’éparpillent.
Cœurs d’asphalte, Dans la poussière des pneus Prient par habitude Pour un Paradis sans bitume.
Ne cherchez aucune cohérence, c'est du spontané de chez spontané, juste pour le plaisir. L'Un Seul _________________ Koalas Next 4 km
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| | | KoMdAb 4ème officier
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| Sujet: Re: Le Caveau des Turpitudes Sam 8 Jan 2011 - 15:52 | |
| Pour un jet spontané, je le trouve plutôt bon.
Le sujet peut être délicat, et bizarrement les sentiments arrivent vite (même si le produit n'est pas tres long). J'aime bien les poèmes dont les strophes commencent toutes par les mêmes mots, je ne sais pas si cette forme à un nom, mais j'en ai déja fait un (un soir d'énorme inspiration empêchant de dormir a à moins de le coucher sur papier, comme tu dois en connaitre, peut-etre pas assez à ton gout cela dit ^^). Je trouve que la répétition ajoute un effet "imprégnant", et ici elle met dans l'ambiance et donne immédiatement une image de ce que tu écris.
Paradoxalement, -et si tu l'as fais expres, je trouve ça pas mal- le fait d'employer des mots simples et "modernes" casse un peu la mélancolie (je ne sais pas si le mot est tres bien choisi, m'enfin c'est mon impréssion) du sujet. Parfois, on à tendance à se servir de mots à consonnance agréable pour qu'ils "glissent" sur nos tympans afin de donner un effet lisse, et le fait que tu choisisse un vocabulaire contemporain te fait sortir du lot ==> Bien Joué.
Bref, un petit jet simple et "spontané", ça fait plaisir à lire! | |
| | | Sacrilej 4ème officier
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| Sujet: Re: Le Caveau des Turpitudes Sam 8 Jan 2011 - 18:12 | |
| Bon, ça fait un bout de temps que je lis tes divers écrits (depuis le début, en fait). De fait, je viens d'avoir l'idée, Ô combien lumineuse !, de venir les commenter. Mais comme je suis nettement plus doué pour écrire que pour décrire (sans prétention aucune, mes capacités d'appréciation et de commentaires étant quasi-nulles), je me bornerai, sur ce dernier poème, à rejoindre globalement l'avis de Komdab (dont il faut que je trouve le secret de la signature-miroir ). La seule nuance étant que, pour ma part, je n'apprécie guère le choix des mots utilisés. Je dois l'avouer, jamais je n'ai réussi - ni même tenté - de caser "pneu" dans un poème (ça s'adapterait très mal à mon style médiéval, je crois ). Je dois dire qu'en effet, ça casse pas mal l'effet "triste" (le mot mélancolique est bien trouvé, je crois) qu'aurait pu inspirer un tel poème. Cela étant, tu écris comme tu le sens, et j'vais pas t'imposer mon style d'écriture non plus . P.S : mention spéciale, tout de même, à ton écrit précédent, je trouve la lecture à la fois fluide et lente, tant l'écheveau des pensées tourmentées du pauvre homme est bien retranscrit à l'écrit ^^.
Dernière édition par Sacrilej le Lun 10 Jan 2011 - 11:52, édité 1 fois | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le Caveau des Turpitudes Dim 9 Jan 2011 - 12:11 | |
| - Sacrilej a écrit:
Mais comme je suis nettement plus doué pour écrire que pour décrire Tu fais pas de descriptions dans tes écrits ? blague à part, L'un Seul : Sympa comme tout ce poème. Rien à redire. Et le spontané, c'est tellement bien ! |
| | | Sacrilej 4ème officier
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Age : 31 Localisation : Las Noches, troisième tour en partant de la droite Date d'inscription : 22/05/2010
| Sujet: Re: Le Caveau des Turpitudes Dim 9 Jan 2011 - 15:09 | |
| - Citation :
- Tu fais pas de descriptions dans tes écrits ?
A vrai dire, c'était surtout pour la rime . Comment veux-tu écrire sans rien décrire, voyons ? La phrase exacte étant plutôt "Comme je suis plus doué pour écrire (mes propres bouquins) que pour commenter (ceux des autres)...". ♫ Faut tout lui dire, à c'gars-là, tout lui dire ♫... J'en profite pour poser une petite question, après relecture dudit poème : c'est du spontané jusqu'à quel point ? Tu as imaginé ça et mis directement sur papier, ou tu as d'abord remanié un peu avant d'écrire ? Je dis ça parce que globalement, les vers comprennent le même nombre de syllabes, sauf la dernière strophe où on voit de grandes différences. Bref, remanié ou pas, telle est la question . | |
| | | L'Un Seul *Traducteur BKT*
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| Sujet: Re: Le Caveau des Turpitudes Dim 9 Jan 2011 - 20:07 | |
| Merci à tous pour vos réactions ! Je tiens à préciser une petite chose : ce texte n'est pas un poème. (Oui, les rimes vous ont induit en erreur.) Disons que, pour être plus précis, je n'avais pas dans l'idée de faire absolument une poème en prose ou en vers, un texte, une nouvelle ou un roman. Les mots, les phrases, les paragraphes, les strophes apparaissent indépendamment et je n'ai pas vraiment d'emprise sur ce je fais, d'où le plaisir extatique du freestyle. - KoMdAb a écrit:
- J'aime bien les poèmes dont les strophes commencent toutes par les mêmes mots, je ne sais pas si cette forme à un nom, mais j'en ai déja fait un (un soir d'énorme inspiration empêchant de dormir a à moins de le coucher sur papier, comme tu dois en connaitre, peut-etre pas assez à ton gout cela dit ^^). Je trouve que la répétition ajoute un effet "imprégnant", et ici elle met dans l'ambiance et donne immédiatement une image de ce que tu écris.
C'est le premier que je fais dans ce genre-là, justement. - KoMdAb a écrit:
- Bref, un petit jet simple et "spontané", ça fait plaisir à lire!
Tant mieux ! Je suis bien heureux que vous ayez pris autant de plaisir à le lire que moi à l'écrire ! - Sacrilej a écrit:
- La seule nuance étant que, pour ma part, je n'apprécie guère le choix des mots utilisés. Je dois l'avouer, jamais je n'ai réussi - ni même tenté - de caser "pneu" dans un poème (ça s'adapterait très mal à mon style médiéval, je crois ). Je dois dire qu'en effet, ça casse pas mal l'effet "triste" (le mot mélancolique est bien trouvé, je crois) qu'aurait pu inspirer un tel poème.
Figure-toi que je n'ai pas consciemment choisi ces mots. (Pneus, pare-brise) Ils me sont venus tels quels. Ce sont les lois du freestyle. - Sacrilej a écrit:
- P.S : mention spéciale, tout de même, à ton écrit précédent, je trouve la lecture à la fois fluide et lente, tant l'écheveau des pensées tourmentées du pauvre homme est bien retranscrit à l'écrit ^^.
La suite t'intéressera peut-être. - Sacrilej a écrit:
- J'en profite pour poser une petite question, après relecture dudit poème : c'est du spontané jusqu'à quel point ? Tu as imaginé ça et mis directement sur papier, ou tu as d'abord remanié un peu avant d'écrire ? Je dis ça parce que globalement, les vers comprennent le même nombre de syllabes, sauf la dernière strophe où on voit de grandes différences. Bref, remanié ou pas, telle est la question .
J'ai commencé avec une phrase, celle-ci :"Coeurs d'asphalte pensent bitume" et à partir de là, le reste est venu tout seul. Evidemment, une dizaine de minutes m'ont été nécessaires, ensuite, ne serait-ce que pour mettre un peu d'ordre et un minimum de cohérence dans le texte, même si j'ai très peu modifié le produit brut. L'Un Seul _________________ Koalas Next 4 km
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| | | Glorfindel Capitaine
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| Sujet: Re: Le Caveau des Turpitudes Sam 22 Jan 2011 - 22:19 | |
| Je commence bien tard ce que je n'ai pas promis. Mais qui me tiens à coeur. Je vais d'abord essayer de répertorier tout ce que j'aurais modifié dans le style ou que je trouve peu élégant. - Citation :
les plus visibles étant ceux des aisselles qui auraient fait passer sa femme pour une médiocre couturière.
Globalement la phrase est gauche, à cause de la relative surtout. A une époque j'aimais beaucoup ce genre de tournure en "qui aurait fait passer". - Citation :
Trente-deux degrés, s’étonna-t-il, et fit dégringoler les chiffres jusqu’à vingt-trois degrés.
La notion d'étonnement n'est pas rendu dans la ponctuation. Le "et" ou la virgule me semble ici en trop. De plus "faire dégringoler les chiffres. - Citation :
Un nouvel emballage, remarqua-t-il
Maladroit, j'aurais plutôt dit qu'il prend le Frisk dans un nouveau paquet, sinon on a l'impression qu'il remarque l'évidence après le détail. - Citation :
rangeant la petite boite en plastique dur dans sa poche
Un peu lourd. - Citation :
Second haussement, la réponse tarda.
J'aurais mis un point et du présent. - Citation :
Sur son calepin, le psy inscrit : toute une histoire, dessine une flèche puis ajoute : tic de langage. Entre parenthèse, écrit : femme, suivi d’un point d’interrogation, s’arrête, relit ses notes, ne trouve rien d’autre et soupire
Pourtant juste après il trouve autre chose. - Citation :
Non, pas ici, il se l’est promis.
J'aurais fait un renvoi à la ligne pour marquer la volonté. - Citation :
La première fois, il n’avait dit que deux choses : « Combien ? » et « ‘verrez ça avec ma femme »
Outre le fait que ça me rappelle Will Hunting, je trouve que c'est trop "caricatural". L'effet est là, je sais, mais je trouve l'effet caricature trop...voyant. - Citation :
Certains de ses patients venaient uniquement pour ça, d’ailleurs, d’autres, il est vrai, passaient leur temps à se débarrasser de leurs pensées ; des plus malsaines au plus candides ; des plus macabres aux plus lubriques.
Il faudrait un ";" après le "d'ailleurs". Pour le reste, remplacer par des virgules. - Citation :
Qu’aurait-il pensé si son travail ne s’était résumé qu’à ça, à ce simple rôle de scripte ?
L'usage existe pour la fonction ? Tu m'apprends quelque chose. - Citation :
« Va-te-faire-foutre »
Ponctuation ? - Citation :
qu’une lumière blanche équarrissait les formes trompeuses.
Cela ne se construit pas avec "dont" ? - Citation :
Il songea à sa secrétaire, en vérité, sa femme de ménage
Je n'aime pas le "en vérité", et j'aurais enlevé la seconde virgule. - Citation :
Mieux payé que bien des hommes sur cette terre.
Trivial. - Citation :
Soigner les maladies de l’âme, panser les blessures invisibles.
Rebattu. Le narrateur se fourvoie. - Citation :
Il y en avait là-dedans, de quoi fermer les quelques unes qui lui avaient prétendu le contraire, dans sa jeunesse.
Il existe un manuel du déséquilibré incluant père, relations sexuelles ratées, etc qui fait un peu trop penser à Freud. - Citation :
« Si tu savais ce que je pense du Seigneur, maman, tu me crucifierais à sa place »
Très fin ! - Citation :
La plupart des gens ne considéraient pas les artistes comme des êtres normaux, et ils ne croyaient pas si bien dire.
Je n'aime pas la complainte de l'artiste. - Citation :
Immergés jusqu’à l’asphyxie dans un monde torturé par l’impermanence, ils se distinguaient par leur capacité à traduire leur extéroceptivité extrême dans le domaine de l’incréé, d’en extraire l’essence subliminale des beautés impossibles.
Immersion trop voyante et hardie de l'auteur dans le texte. - Citation :
dit-il en caressant sa cravate.
Lissant me vient à l'esprit à la place de "caressant". - Citation :
Le regard du patient vacilla, son mutisme résista, cependant.
J'aurais mis un point pour bien marquer le duel. - Citation :
Le rythme devint fuyant, puis de plus en plus faible et enfin disparut. L’instant était critique, il ne lui restait plus qu’une seule solution valable : la bonne vieille décharge.
La fin est étrange. Le début maladroit. - Citation :
Ne vous a-t-on jamais appris à ne pas énoncer tout haut le nom des morts ?
Un peu trop théâtral, non ? - Citation :
Cela donne l’impression que vous avez connu son porteur, que vous avez partagé ses peines et ses joies.
"Porteur" est horrible. - Citation :
Il était en proie aux souvenirs, qu’attendait-il pour saisir cette chance inespérée ?
Confusion des sujets. - Citation :
étranger à tout ce qui l’entour.
Faute de typo. (Ou poésie, que j'aime le "encor".) - Citation :
- Seriez-vous un familier de la peinture ?
Trop lourd. "amateur" ou "connaisseur" peut-être. - Citation :
dépeindre les frasques
Me paraît "choquant". Ne sais dire pourquoi. - Citation :
ses immondices, dont l’abondance pléthorique détruit jour après jour ses merveilles, si rares, si éphémères.
L'auteur, encore. Je m'arrête là pour l'instant, c'est assez long, j'espère qu'on me pardonnera de laisser ce message inachevé pour l'instant. Ceci s'adresse également aux modérateurs. Avant qu'on me taxe "d'ultra-criticisme" je voudrais moi-même porter un élément à charge en reprenant un aphorisme sans âge : "la critique est facile ; l'art est difficile." Mais je n'aime pas l'art, ça tombe bien. | |
| | | L'Un Seul *Traducteur BKT*
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Date d'inscription : 25/07/2010
| Sujet: Re: Le Caveau des Turpitudes Sam 22 Jan 2011 - 22:41 | |
| Je ne vais point reprendre toutes les remarques énoncées, étant donné que la plupart sont déjà passées sous le rouleau compresseur de la bêta-lecture, et que d'autres me semblent, comment dire, en fait, le fruit d'une mauvaise compréhension. Je te remercie, Glorfindel, pour le temps que tu as consacré à la lecture de cette nouvelle, cela me fait fort plaisir. PS : - Glorfindel a écrit:
- Mais je n'aime pas l'art, ça tombe bien.
Je l'avais pressenti avant même la lecture de ce commentaire, peut-être ce "dédain" affleurant en surface de tes dernières interventions, via MP, qui n'est pas sans me rappeler un très bon bêta-lecteur, d'ailleurs. (Mais lui aimait - l'aime toujours, je l'espère - l'art.) Une sacrée bonne soirée sur la Terre, Glorfindel, ou ailleurs, L'Un Seul EDIT : Tiens, me vient en tête une citation que j'apprécie beaucoup: "La littérature est la preuve que la vie ne suffit pas" Fernando PessoaDédicace à Glorfindel, évidemment. *Il existe d'autres citations qui exposent un point de vue bien différent de celui de cette citation, voire même totalement différent. Et vous êtes totalement libre d'y adhérer ou non.* _________________ Koalas Next 4 km
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