Le Hagakure (en japonais, 葉隠 , littéralement « à l'ombre des feuilles » ou « caché dans le feuillage ») est un guide pratique et spirituel destiné aux guerriers.
Il s’agit d’une compilation des pensées et enseignements de Jôchô Yamamoto, ancien samouraï vassal de Mitsushige Nabeshima. Ces commentaires ont été recueillis par un jeune scribe Tashiro Tsuramoto entre 1709 et 1716, mais ils n’ont été révélés que bien plus tard (au début du 20e siècle au public japonais) car gardés jalousement pendant plus de 150 années par le clan des Nabeshima. A l'origine, le Hagakure est formé de 11 tomes.
L’auteur du HAGAKURE, YAMAMOTO, vint au monde alors que Nabeshima Mitsushige (1632 - 1700) était au pouvoir depuis deux ans. A neuf ans, il devint page du Seigneur. A vingt ans, il rencontra le moine Zen Tannen, supérieur du temple des Nabeshima. Ce moine intègre - qui démissionna de son poste en signe de désaccord lors de la condamnation à mort d'un moine - marqua profondément YAMAMOTO. Il fit ensuite la connaissance d'un second personnage, Ishida Ittei, lettré confucéen, conseiller des Nabeshima qui fut également une rencontre importante dans sa vie. Ishida Ittei était aussi un homme de grand courage, il fut exilé plus de huit ans pour s `être opposé à une décision du Daimyo.
A la mort de son seigneur Nabeshima Mitsushige (1700), YAMAMOTO ne put faire Seppuku pour le suivre dans la mort. Un décret des Tokugawa venait d'en interdire la pratique, suivant en ceci l'interdiction faite par Mitsushige Nabeshima lui-même.
Il reçut alors l'autorisation de devenir moine et de se retirer du monde. Après s'être rasé la tête, à I `âge de 42 ans, il alla vivre une vie semi-recluse dans une hutte en un lieu appelé Kurotsuchibaru à 12 km au nord du château de Saga.
Dix ans plus tard, il reçut la visite d'un jeune scribe. Tashiro Tsuramoto, sept années durant (1710 - 1717), transcrivit tous les entretiens qu’il eut avec YAMAMOTO. Malgré l'interdiction de YAMAMOTO, Tsuramoto recopia et distribua ses écrits aux Samourais de Saga sous le titre : Analectes de Nabeshima.
Pendant plus de cent cinquante ans, ce texte resta secret et devint pour les Daimyo et tous les Samourais du clan Nabeshima un manuel d'instruction morale. Ils ne voulaient pas le divulguer et ce n`est qu`à la restauration Meiji (1868) qu'il fut connu du public.
Il existe, à l'heure actuelle, deux traductions en langue anglaise The way of Samouraï de Y. Mishima, (L'auteur en traduit une centaine de maximes), et The book of the Samouraï HA GAKURÉ de William Scott Wilson, universitaire américain.
C'est un choix délibéré qui m'a fait ne retenir des onze volumes originaux du Hagakuré, pour la traduction française que je vous présente, que les paragraphes traitant explicitement du "devoir du samouraï".
Le HAGAKURE doit son originalité au fait que c'est une retranscription de maximes transmises oralement par un moine retiré du monde.
Un avis du net :Cet ouvrage secret (Hagakure signifie littéralement, caché dans les feuillages), se transmit de père en fils jusqu’au vingtième siècle. Ce n’est qu’alors qu’il parut pour la première fois au Japon dans une édition accessible au grand public. Comme on peut facilement le concevoir, Hagakure devint l’un des livres de chevet du grand Mishima. Si l’on ne tient pas compte de l’horrible couverture, qui a à peu près autant de rapport avec l’esprit du livre qu’un double hamburger avec la cérémonie du thé, on découvrira ici, grâce à une traduction assez fine, deux tomes de l’un des textes les plus étonnants qui soient. D’une part, parce qu’il s’agit d’aphorismes sur la violence et sur la mort, écrits dans une langue souple et ironique, dans un pays qui ne respecte ni la violence ni la dérision. D’autre part, parce que l’on retrouve cet esprit, bien que modifié et « civilisé », dans la tradition japonaise contemporaine, notamment dans le monde cruel de la grande entreprise. Hagakure établit également un lien évident avec le Kill Bill de Tarantino et certains caractères de tueurs implacables chez Takeshi Kitano (je pense plus précisément à sa reprise en 2003 du film-culte Zatoichi). Un grand livre en définitive. Permettez-moi de vous offrir en cadeau ce petit aphorisme pour la route : "Si on décide de trancher des têtes, il faut le faire absolument sans erreur".
Mon avis :Bon tout a été dit ou presque déjà. L'auteur a choisit délibéremment de traduire que les parties traitant des devoirs du samourai, ca va l'acceptation de la mort, à l'hygienne du samourai qui doit etre impecable a tout moment, à la cérémonie du thé... Ce livre ma fait une forte impression tant au niveau des détails sur la vie et les coutumes japonaises de cette époque que au niveau de l'état d'esprit des samourais. Ce livre est malheureusement trés court et parle de beaucoup de personnages que nous ne connaissons pas du tout. Mais fort heureusement ceci n'est pas un probleme, les maximes se suivent et s'enchainent avec un réel plaisir a lire et a decouvrir. Je le conseille vraiment tout le monde, que vous soyez juste interessé par le Japon, les samourais ou le budo. Un bon livre de chevet a lire et relire. Ce livre complété, avec "l'art de la guerre" de Sun-Tzu et "le traité des 5 roues" de Miyamoto Musashi vous permettra d'avoir une vue d'ensemble de ce qu'il faut savoir sur la philosophie du budo et de sa compréhension.
Quelques passages :- "J'ai découvert que la voie du Samouraï réside dans la mort. Lors d'une crise, quand il existe autant de chances de vie que de mort, il faut choisir immédiatement la mort. Il n'y a là rien de difficile ; il faut simplement s'armer de courage et agir. Certains disent que mourir sans avoir achevé sa mission, c'est mourir en vain. Ce raisonnement que tiennent les marchands gonflés d'orgueil qui sévissent à Osaka n'est qu'un calcul fallacieux, qu'une imitation caricaturale, de l'éthique des Samouraïs.
Faire un choix judicieux dans une situation où les chances de vivre ou de mourir s'équilibrent est quasiment impossible. Nous préférons tous vivre et il est tout à fait naturel que l'être humain se trouve toujours de bonnes raisons pour continuer à vivre.
Celui qui choisit de vivre tout en ayant failli à sa mission encourra le mépris et sera à la fois un lâche et un raté.
Celui qui meurt après avoir échoué, meurt d’une mort fanatique, qui peut sembler inutile. Mais il ne sera, par contre, pas déshonoré. Telle est en fait la voie du Samouraï.
Pour être un parfait Samouraï, il faut se préparer à la mort matin et soir et même toute la journée.
Quand un Samouraï est constamment prêt à mourir, il a acquis la maîtrise de la Voie et il peut sans relâche consacrer sa vie entière a son Seigneur."
- " Quand on a décidé de tuer quelqu'un, même si l'entreprise paraît difficile à réaliser sans hésiter, il ne sert à rien d'essayer de le faire par des moyens détournés. Le coeur peut fléchir, l'occasion manquer et en fin de compte tout peut échouer. La voie du Samouraï est celle de l'action immédiate et c'est pourquoi il est préférable de « foncer tête baissée ».
Un homme était, un jour, en route pour aller écouter les Sutra au Jissoîn à Kawakami. Un de ses pages s'enivra sur le bateau et chercha des ennuis à un des marins. Quand ils accostèrent, le page dégaina son sabre et le marin, attrapant une perche, le frappa à la tête. Au même moment, les autres marins se saisirent des rames et allaient frapper le page quand le maître arriva. Il fit semblant de ne rien remarquer et à ce moment, un autre page alla s'excuser auprès des marins. Il calma son compagnon et le raccompagna chez lui, mais il constata alors qu'on lui avait volé son
sabre.
La leçon à tirer est la suivante :
En premier lieu, ne pas avoir désapprouvé et sanctionné le page sur le bateau est une négligence du maître ; ensuite, même si le page a agi inconsidérément, dès lors qu'il avait été frappé à la tête, il n'y avait plus lieu de s'excuser.
Le Maître aurait dû aller vers le page ivre et le marin, comme pour s'excuser, et les « pourfendre » tous les deux. Il est sûr que ce maître n'avait
pas « l'Esprit »."
- " Bien que le Seigneur Ieyasu n'ait jamais gagné de bataille, la postérité a dit de lui : « Ieyasu était un général très courageux ». De tous ses Samouraïs morts au champ d'honneur, aucun n'a succombé le dos tourné à l'ennemi.
Tous gisaient le visage face aux rangs adverses ..."
Bon courage pour tout lire, mais j'apprecie beaucoup ce livre ( a part la pochette, n'importe quoi...) d'où le roman que j'ai écrit .