Un peu de mes pensées...[La Clé des Cieux] Tome 14

La vie continue au Paradis. Après les grands troubles des dernières semaines, le calme est revenu. Les soldats, intendants, fonctionnaires, officiers et arcanes, sont retournés à leurs occupations quotidiennes.

Mais pendant ce temps, près de la frontière avec le Monde Perdu, une patrouille de Démons est en mission de reconnaissance. Elle est menée par le Zodiac Mineur du Cheval, Asphal, assisté par quatre Chevaliers. Il faut bien des guerriers de ce niveau pour s’infiltrer au plus près du Paradis, sans attirer à eux les âmes Errantes.

La patrouille n’est plus qu’à quelques kilomètres de la frontière quand, soudainement, un trait d’acier traverse la nuit. Un des Chevaliers prend la lance en pleine poitrine et s’effondre aussitôt. Immédiatement, les autres se mettent en position de combat. Quelle erreur ont-ils commise ? Ils ne le sauront probablement jamais, et c’est loin d’être leur souci principal. Leader d’expérience, Asphal prend les choses en main sur le champ.
- En position ! Couvrez les angles !

Les trois Chevaliers se déploient rapidement. Mais d’autres lances jaillissent déjà des ténèbres, et un nouveau Démon est à son tour transpercé sur place. Juste à coté, Asphal sent le vent siffler à ses oreilles. D’un revers de main, il pulvérise la lance qui filait vers lui.

- Merde, jure le Zodiac entre ses dents. D’où ça vient, je ne sens aucun alcar !
- Là ! crie le troisième Chevalier. Il y a quelqu’un qui…
Il n’aura jamais le temps de finir sa phrase. Un être en cape noir surgit des ténèbres en face de lui. D’un coup de cimeterre, il tranche le corps du Démon en deux.
- J’le vois ! crie le quatrième Chevalier en se jetant sur lui.

Il appelle à lui une fine épée de gladiateur et les deux armes se croisent. Mais, l’inconnu bloque les lames, avant de tirer un RAIGEKI qui fait reculer le Démon de plusieurs mètres. Le Zodiac décide alors d’intervenir.
- A terre ! S’exclame-t-il en écartant son subordonné.
Son regard se durcit. L’ombre s’immobilise face au Zodiac, dont l’alcar fulmine.
- Viens donc te mesurer à quelqu’un de ta taille ! déclare Asphal en libérant son pouvoir.

Ses mains et ses pieds s’illuminent un court instant, tandis que des lames apparaissent sur chacun de ses membres.

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Ce que le Zodiac ignore, c’est que son assaillant n’a rien d’un ange. Bien au contraire, le Paradis n’est au courant de rien. Cependant, la brusque montée d’énergie a affolé tous les détecteurs.
Pour les anges, une forte aura de Démon vient de s’activer tout près de la frontière avec le Monde Perdu, et ce genre d’évènement n’est pas chose courante. Heureusement pour les opérateurs radars, des procédures existent pour ces cas, et ils ne mettent pas longtemps à les appliquer.
L’alerte est immédiatement donnée. Il faut stopper l’intrus au plus vite, avant qu’il n’ouvre une brèche pour lancer une invasion massive. Tous les Majors sont prévenus.

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Pendant ce temps, l’inconnu en cape noire saute pour éviter un splendide coup de pied et tire un nouveau RAIGEKI. Asphal esquive d’un mouvement d’épaule.
- Attends un peu, jure-t-il. Prends ça ! Verset numéro 49…. DEFERLANTE OBSCURE !!!

La vague de ténèbres quitte ses mains tendues. L’inconnu n’a pas assez de marge pour esquiver, il est obligé de tenter une défense de choc. Cependant, il est rapidement emporté au loin par la puissance du sort. Le Zodiac atterrit en soufflant de soulagement, mais l’autre Chevalier s’écrie :
- Attention !!!
Le Zodiac saute de nouveau, pile à temps pour éviter la chute d’une colonne de foudre.
- C’est pas vrai ! Il venait d’où celui-là ?
- Je le vois ! réplique le Chevalier en libérant à son tour son pouvoir.
Deux dagues apparaissent dans sa main, et il s’élance contre une nouvelle ombre.

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Au Paradis, l’alerte monte d’un cran. Ce sont désormais deux auras hostiles qui sont actives aux frontières du Paradis. On lance des recherches, et les menaces sont vite identifiées : Le Zodiac Mineur du Cheval, accompagné d’un Chevalier Primat.
Le Major Naico, flanquée de son Minor Thénid, débarque au centre de surveillance pour réclamer des précisions.

- Où se dirigent-ils ?
- Ils sont immobiles pour l’instant, Madame. D’après les fluctuations, je dirais qu’ils sont en train de livrer bataille. Le Zodiac a relâché son Dan il y a quelques minutes.
- Des âmes errantes, peut-être ? suggère Thenid.
- Je ne vois que ça, répond le technicien.
- Que comptez-vous faire, Major ? demande le Minor.
Naico garde le silence quelques secondes.

- Ce genre de patrouille n’a rien d’extraordinaire. Ils se sont juste fait surprendre.
- Alors on n’intervient pas ?
- Pas pour l’instant. Mais on surveille de près.

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Pendant ce temps, de nouveaux assaillants s’en sont pris aux Démons. Ce sont désormais une bonne dizaine d’ombres noires qui brandissent haches, épées et lances contre eux.

- Ils sont trop nombreux ! s’exclame le Zodiac. On dégage de là !!
Mais les ombres leur coupent la retraite. Pour fuir, les deux Démons n’ont qu’une seule possibilité : la direction du Paradis.
- Ils veulent nous forcer à aller vers la frontière, monsieur ! analyse le Primat en esquivant une attaque venue de derrière. Qu’est ce qu’on fait ?
- On n’a pas le choix, répond Asphal en coupant en deux l’un de ses ennemis. En avant !
Les deux Démons mettent donc le cap vers le Paradis, en s’efforçant d’éviter les lances et les vagues d’énergie lancées contre eux.

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Cette fois, l’alerte est maximale au Paradis. Le technicien du PC surveillance écarquille les yeux.
- Quoi ? s’exclame Naico. Qu’est ce qu’il se passe ?
- Ils….ils….foncent vers le Paradis, Madame !

Les yeux de Naico et de Thenid se révulsent. D’un ample mouvement de manteau, le Major quitte immédiatement la pièce.
- Thenid ! En route, plus une minute à perdre !
- Bien, Major. La Couleur du Major Leper est la deuxième de garde, dois-je la faire prévenir ? demande le Minor en emboitant le pas de sa supérieure.
- Oui, et fais aussi renforcer la surveillance des autres points. C’est peut-être une diversion.
- On va vite le savoir, Major.

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- Hé merde ! jure le Primat quand il détecte les anges. On fait quoi maintenant !
Ils ont fait vite ! peste le Zodiac.
- J’en sais rien ! Il faut…hé !
Leurs mystérieux assaillants viennent subitement de disparaitre. Il n’en reste pas la moindre trace, ni dans le champ sensoriel, ni dans le champ physique.
- Mais c’est quoi ce…

Un poids immense tombe à ce moment sur le Monde Perdu.
- LES VOILA !! hurle le Primat.

Fonçant comme des fusées, Naico et Thenid déchirent le ciel ténébreux de leurs alcars.
- Je me charge du Zodiac ! Prenez l’autre ! ordonne le Major.
- Oui madame ! répond le vieil homme.

Naico appelle son épée Jian à elle, et fait voler une bonne tonne de poussière en atterrissant. Adroitement, Asphal esquive la charge.
- Un Major ! Merde ! Verset numéro 49 …… DEFERLANTE OBSCURE !!!!
La vague noire fonce sur le Major, qui décolle aussitôt dans les airs pour l’éviter.
- Verset 25, OOKAZI ! lance-t-elle à son tour.

Le Zodiac évite de justesse la boule de lumière, mais il doit pivoter au dernier moment pour rencontrer la lame d’acier de Naico.
Cette dernière prend immédiatement l’offensive. Son épée fend l’air à toute vitesse, obligeant son adversaire à des cabrioles en tout sens pour parer les coups avec ses lames. Finalement, prenant Asphal de vitesse, elle saute par-dessus lui. Son épée s’illumine, et une volée de lames jaillit à bout portant. Le Zodiac recule pour toutes les dévier, mais il comprend vite qu’il est fait.
Je ne peux rien faire ! Elle est trop rapide…..
- Verset 36, DIX EPEES DE LUMIERE !! S’exclame Naico.

Les épées tombent du ciel, et le pauvre Démon se retrouve immobilisé par la pression en moins d’une seconde.
- Non…
- C’est fini ! Verset 45…..ECRASEMENT DE METEORES !!!!

Une dizaines de pierres en fusion apparaissent autour de la Major et foncent sur le Zodiac. Les explosions en cascade font trembler le Monde Perdu.
- Verset 28….MUR DE LUMIERE !! hurle le Zodiac, avant de disparaitre dans la poussière.
Celle-ci met plusieurs secondes avant de s’effacer. Naico scrute le brouillard grisâtre et découvre vite les bords fissurés d’un miroir lumineux.

Etouffant un juron, l’ange envoie sa lame à la parade quand le Zodiac jaillit vers elle à pleine vitesse. Tournoyant sur lui-même, il décoche un coup de pied d’une puissance phénoménale. Le choc est telle que la Major trébuche sur le coté.
- C’est pour moi ! Triomphe le Zodiac. Verset 49…DEFERLANTE OBSCURE !!!
L’arcane 14 n’a pas le temps d’éviter la vague. Elle doit se replier en défense pour l’encaisser.
- Merde ! peste-t-elle en luttant contre le sort.

Sa lame fend les ténèbres, mais Asphal ne renonce pas. Il remarque bien vite que les traits de la Major se tirent.
Oui ! jubile le Zodiac. La magie est son point faible. J’ai une chance de m’en sortir. Très bien, je vais tout donner !!
Serrant les dents, le Démon fait abstraction du poids généré sur son esprit par le verset 49. Il se concentre du mieux qu’il peut, conscient des risques qu’il est en train de prendre. Encouragé par l’espoir d’une victoire, il n’hésite pas à scander :

« Que sonne l’heure pour cette âme
De chercher le triste chemin, par delà les peurs
De la vallée profonde des morts qui attendent
Pour y rester mille ans par trois fois pesant
Comme prix des festins, la raillerie sinistre
De ces hommes porteurs des noms aux allures de mort »

- Verset numéro 55…..
Toujours en lutte contre la vague de ténèbres, Naico écarquille les yeux.
Il peut faire ça ?? Non !
Les veines sur le visage du Zodiac semblent au bord de l’éclatement. Néanmoins, il trouve la force de conclure :
- ….LIEN DE PUISSANCE !!!!

Immédiatement, un surplus de puissance brute vient s’ajouter à son sort précédent. La vague de ténèbres s’élargit et se solidifie, augmentant considérablement le poids sur le sabre de Naico. L’arcane serre les dents, elle doit utiliser ses deux mains pour lutter contre la marée noire.
- C’est trop….je….
Oui !!! s’extasie le Zodiac. Elle faiblit ! Elle ne tient plus ! Je vais….
Mais les yeux de Naico brillent.
- Tant pis ! Je n’ai pas le choix !

Son alcar prend soudain une autre dimension. Une sphère invisible se déploie depuis son corps, repoussant à elle seule les vagues noires. Puis c’est l’explosion, terrible et brutale. Un cri déchire le ciel :

- Pluie d’acier sur le champ de bataille…INGOLEMNO !!!!

Les yeux du Zodiac se révulsent. La panique s’y lit alors qu’il voit, impuissant, ses derniers espoirs s’envoler. Une immense bourrasque emporte la vague noire comme de la poussière, saluant l’apparition d’un gigantesque oiseau fait de lames d’acier derrière Naico.
- Non…..éructe le Zodiac, pétrifié.
Tremblant, les yeux pleins de sang, il titube.

- C’est la fin pour toi, Démon, déclare l’arcane 14 d’une voix glaciale. Attaque !!

Sur le commandement de sa maitresse, l’oiseau déploie ses immenses ailes et une véritable tempête d’acier se lève. Le Zodiac du Cheval ne peut rien faire. Face à ce pouvoir loin au-delà de son monde, il est aspiré en quelques secondes par l’ouragan de lames. Quand le Gardien s’apaise enfin, il ne reste plus rien du corps d’Asphal.

En Enfer, le temps est à l’orage. A l’initiative de Nemrod, les Zodiacs Supérieurs se réunissent.

- Où sont les Astres ? demande Peng Chin. Le Seigneur Canaro n’avait-il pas dit qu’il souhaitait participer à toutes les décisions ?
Guesclin a un petit rire.
- Inutile de nous le rappeler, très cher. Mais là, un de nos subordonnés a connu un destin des plus funestes. Il nous faut réagir sans attendre, non ?
- Oui, déclare fermement Tien Zi. Les anges ont décidé d’attaquer sans raison une patrouille de routine, cela a surement une grave signification.
Nemrod lève les deux mains pour temporiser.

- Attention à ne pas aller trop vite en conclusions. Nous ne savons rien de ce qui s’est passé là-bas.
- C’est vrai, intervient Asgar. Mais le Zodiac du Cheval était un guerrier d’expérience, qui avait l’habitude de ce genre de missions. Je ne le vois pas commettre une erreur à même de justifier qu’un Arcane Major se rue sur lui de cette façon.
Guesclin hoche la tête en signe d’assentiment.
- Vous avez raison, mon ami. Il se passe quelque chose au Paradis.
- Aran peut-être ? esquisse Asgar. Après tout, tout à commencer chez les anges, le traitre a de bonnes raisons de faire son mouvement suivant au même endroit.

- Nous n’avons pas assez d’informations pour tirer des conclusions, rappelle Nemrod. Il est dangereux de se perdre en conjectures.
- Si vous le dites, réplique Tien Zi. Quoi qu’il en soit, le niveau de menace a gravement augmenté. Nous devons prendre des mesures pour nous protéger.
Tous les Zodiacs Majeurs marquent leur accord.
- C’est l’évidence même, reconnait Nemrod. Et qui dit mesure de protection, dit mise sous contrôle des éléments inconnus.
- Vous parlez des âmes Egarées, pseudo alliés des anges qui vivent sur terre ? demande Guesclin. Nous sommes liés par les ordres de Dame Leven à leur sujet, très cher.

- Je sais bien. Je ne parle pas de provoquer le combat, bien au contraire. Mais dans une telle situation de doute, ils sont un facteur d’instabilité à ne pas négliger. La simple surveillance que nous exerçons sur eux ne suffit plus. Il nous faut être prêt à tout instant à agir contre eux.
- Bien parlé, approuve Guesclin avec un petit sourire. Nous mettons en place une cellule de crise donc ?
- Oui. Un Major et un Minor doivent en permanence être en alerte, de façon à parer à tout évènement suspect dans le Monde des Vivants.

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Dans le Monde des Vivants, justement, les humains poursuivent leur vie de tous les jours sans avoir conscience de l’attention dont ils font l’objet. Kumano et Elanor sont repartis au Paradis, car la crise réclame la présence de tous les Arcanes. Devant l’agitation des anges, Varna commence à avoir des doutes sur leur implication dans le conflit qui s’annonce. Elle repense à leurs combats au Paradis, et à leur joute contre Leven.
Nous avons eu de la chance, c’est tout. Contre tous nos adversaires, nous avons à chaque fois été sauvés in extremis.

Elle repense aux interventions d’Elanor dans les premiers jours de leur entrainement. Contre la patrouille de Chevaliers Démons, puis face au Zodiac Imrad, à chaque fois la vie des humains était entièrement entre ses mains. Et il n’y a pas que ça. Varna repense à leur escapade au Paradis, aux combats qu’ils ont livré là-haut face aux arcanes. Encore une fois, leur trépas s’est joué à peu de choses. Ils n’étaient clairement pas de taille face à l’élite du Paradis. Et enfin, que dire de leur joute contre l’Astre de Vénus ? Se comparer à des moustiques face à elle reviendrait à exagérer leur puissance…

Assaillie par le doute, Varna sent la tristesse monter en elle quand elle repense à ses aventures. Que de douleur dans ses combats, que de tension et de stress, tout ça pour quoi ? La tristesse se mue en rage dans le cœur de la jeune femme. Toute sa vie, elle n’a fait que lutter pour survivre. Pourquoi le cercle vicieux doit-il se poursuivre par-delà les limites de la mort ? Le monde est trop injuste. Elle voudrait tant vivre, simplement vivre normalement comme tous les gens de son âge. Est-ce trop demander ?

Pour sa part, Revi ne connait pas ces états d’âme. Il repense lui aussi à ses combats, mais sous un angle totalement différent. Derrière chaque épreuve, le jeune homme voit encore le visage de son père. Il est toujours là, le narguant, le poussant vers la haine à chaque étape de sa vie. Revi n’a qu’à fermer les yeux, et il entend son rire résonner dans sa tête, il sent son haleine dans ses narines. Comme il voudrait ne plus partager son existence avec le spectre puant de son géniteur. Etre libre, enfin, pour pouvoir aller de l’avant en étant pleinement soi et non une image déformée du passé. Il voudrait tant vivre, simplement vivre normalement comme tous les gens de son âge. Est-ce trop demander ?

Pendant que Varna et son frère se débattent avec leurs doutes, Gindar lui ne va pas mieux. Il va même pire. Depuis son combat contre l’Astre de Venus, il a le sentiment de sombrer de plus en plus. Chaque jour, il a l’impression que son identité lui échappe. La frontière entre lui et son alter ego se fait de plus en plus fine, laissant à Gindar la sensation horrible d’être consommé de l’intérieur.

En repensant à son combat contre Leven, il ne peut s’empêcher de frissonner. Quand les pouvoirs de son sosie coulaient en lui, il se sentait invincible. Il voyait plus clair, bougeait plus facilement, comprenait plus vite. Une véritable ivresse du pouvoir s’était emparée de son âme sans même qu’il s’en rende compte. Et le choc de la rupture avait été douloureux, un véritable déchirement. Gindar s’entend encore crier, il avait besoin de son sosie à ce moment, il devait le sentir en lui pour être au sommet de sa force.

Plus encore que la fusion elle-même, c’est le sentiment qu’elle a provoqué en lui qui le terrifie. Son âme semble demander cette union, voire même l’exiger. Depuis que le sosie a fait corps avec lui, Gindar a l’impression de ne plus être complet.
C’est comme si son esprit avait soudainement retrouvé une partie de lui-même qu’il n’avait même pas conscience d’avoir perdue. Et voilà maintenant qu’il exige une nouvelle fusion, éternelle cette fois, pour qu’il puisse retrouver enfin sa plénitude. Mais Gindar n’en veut pas de cette réunion. Horrifié à l’idée de perdre toute identité, il résiste de toutes ses forces à la pression de son esprit.

Il ne peut même plus dormir. Chaque fois qu’il ferme les yeux, il entend le rire teinté de folie de son sosie se rapprocher de lui. Aussitôt, une ivresse maladive s’empare de son esprit et lui supplie de s’abandonner au rire, de le faire sien pour réunir leurs âmes à nouveau. Alors Gindar se réveille en sursaut, les yeux exorbités, dégoulinant de sueur. Il ne veut pas de ça.
Comme il voudrait ne plus jamais ressentir ce sentiment, et être enfin seul aux commandes de son âme. Il voudrait tant vivre, simplement vivre normalement comme tous les gens de son âge. Est-ce trop demander ?

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C’est dans cette ambiance plutôt morose que débute l’acte suivant.

Rentrés de leur lycée, Varna et Revi se débarrassent de leurs corps fictifs et retrouvent leur forme spirituelle. Deux âmes bien entrainées peuvent voler à une vitesse sans commune mesure avec les capacités de marche des humains. C’est quand même plus pratique pour se déplacer rapidement.

- Tu sais, Revi, je me demande comment le Paradis compte s’y prendre avec tout ça.
Le jeune homme hausse les épaules.
- Aucune idée, je ne comprends même pas ce qu’il se passe. C’est du n’importe quoi, il veut quoi ce Maethor ?
- Je ne sais pas non plus, soupire Varna.
Sans qu’ils aient besoin d’évoquer le sujet, les mêmes idées ont afflué dans leurs têtes. Ils revoient le sourire de la petite Oonile, puis ses pleurs au moment de disparaitre dans le Jardin d’Eden. Il est toujours bon de se rappeler pourquoi on se bat.
- L’avenir nous le dira, je pense, reprend Revi. On verra…
- Oui, tu as raison…

Pendant un instant, les deux jeunes gens restent silencieux. Histoire de détendre l’atmosphère, Varna désigne les nuages au-dessus d’eux.
- Tiens, revoilà nos chers gardes du corps. Toujours aussi doués pour masquer leurs alcars…
Effectivement, les deux jeunes gens distinguent facilement quatre sources d’énergie dissimulées au-dessus des nuages. Depuis leur joute avec l’Astre de Vénus, c’est toujours la même rengaine. Où qu’ils aillent, des Chevaliers de l’Enfer suivent leurs mouvements.
Revi esquisse un sourire.

- On devrait être fier de faire l’objet d’une telle attention de la part de l’Enfer j’imagine.
- Bof, relativise sa sœur. Les Démons s’inquiètent de l’équilibre des forces, c’est tout.
- Ils ont peur qu’on fasse des bêtises, ricane son frère. J’ai l’impression d’être traité comme un gosse des fois…
- Qu’est ce que tu veux, c’est comme…

La jeune femme s’interrompt soudainement. Une étincelle d’énergie à peine perceptible vient d’illuminer son esprit. L’écho fugitif n’avait rien d’un alcar démoniaque…Sans réfléchir, elle se jette sur son frère.
- Attention ! s’écrie-t-elle.
Dans la même seconde, une flèche de feu traverse le ciel en sifflant, manquant de peu de transpercer Revi de part en part.
- Qu’est ce que…

Les reflexes du jeune homme prennent le dessus. Ecartant sa sœur d’un geste, il rassemble son alcar et convoque sa large épée. Une nouvelle flèche enflammée jaillit vers lui, un seul revers de lame suffira à la pulvériser.
Cependant, l’adrénaline se déverse dans le sang de Revi quand il sent un mince souffle d’air dans son oreille droite. Aussitôt, il pivote sur ses appuis, juste à temps pour dévier une fine lame d’acier. A quelques pas de lui, son mystérieux assaillant porte une ample cape noire qui dissimule ses formes et son visage.

- Merde ! T’es qui toi ! s’exclame l’humain.
Avec adresse, il dégage sa lame et décoche une riposte. Le guerrier en noir esquive facilement, avant de se projeter dans les airs d’une seule poussée de jambes.
- Attends ! Tu ne t’échapperas pas comme ça !
Sans hésiter, Revi s’élance à son tour. Ce n’est qu’à ce moment là que Varna prend conscience de la situation.
Oh non ! C’est pas vrai !
- REVI ! s’écrie-t-elle. N’y va…

Il est cependant trop tard. Son frère s’est déjà enfoncé dans le brouillard opaque des nuages d’altitude. Mais son mystérieux adversaire s’y est volatilisé. Sans une étincelle d’alcar pour repérer sa cible, Revi s’immobilise. Alors seulement, tandis que l’adrénaline s’évacue de son sang, il réalise dans quel piège il vient de tomber.
- Ils nous attaquent ! entend-il crier au-dessus de lui.
- Contactez le PC d’urgence ! Qu’ils envoient…

Le chef de la patrouille Démon n’aura jamais le temps de finir sa phrase. Quand Revi quitte les nuages, il ne peut que contempler le carnage. Les corps ensanglantés des quatre Chevaliers de l’Enfer chargés de leur surveillance tombent sans vie vers le sol.

- C'est pas vrai, souffle Revi. Qu’est ce qui va se passer maintenant…

Les évènements vont rapidement s’enchainer. Etant donné que le mystérieux assaillant en noir n’émettait pour ainsi dire aucun alcar, les radars de l’Enfer n’auront jamais connaissance de son existence. Aux yeux des opérateurs Démons, la situation est donc dramatiquement claire. L’alcar de Revi s’est illuminé, et tout contact avec la patrouille de surveillance a été perdu quelques secondes après. La conclusion est facile à tirer.
Moins d’une minute après la mort des quatre Chevaliers, le groupe de crise préparé par l’assemblée des Majeurs quitte l’Enfer à toute vitesse.

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Pendant de longues minutes, Revi et Varna restent immobiles dans le ciel. Ils ont été joués. Par qui, par quoi, pour quelles raisons ; ils ne le sauront peut-être jamais. Mais le constat est là. Aux yeux de l’Enfer, les voilà devenus des meurtriers…
- Qu’est ce qu’on fait maintenant ? demande la jeune femme.
Revi est le premier à réagir. Vigoureusement, il attrape sa sœur par le bras.
- Pas le choix. On doit dégager au plus vite. La Porte n’est pas loin, si on peut l’atteindre on…

Une soudaine chute de pression coupe la réplique du jeune homme.
- REVI !!
Varna se jette devant son frère, et le pousse in extremis hors de la trajectoire d’une lance d’acier jaillie de nulle part. Elle étouffe un grognement de douleur quand la fine lame lui mord méchamment le bras.
- Varna ! crie Revi en la rattrapant.
- Belle esquive, commente une voix.

Un homme de grande taille apparait à quelques mètres des deux humains. Une chevelure longue, soigneusement peignée, souligne son visage fier. Dans chaque main, il tient une fine lance forgée dans une pièce d’acier. Enfin, sur son épaule, l’insigne de métal à une flamme gravée des Zodiacs Mineurs est accroché.
- Si rapide…peste Revi.

- Evidement ! répond le Démon en jouant avec ses mèches. Je suis le plus rapide de ma catégorie, et puis ce n’est pas comme si on n’était pas prêts aussi…Je vais te dire, depuis que j’ai pris part à cette cellule de crise, j’attendais avec impatience le moment où vous alliez faire la bêtise de trop. J’ai vraiment eu beaucoup de chance.
- Attends ! essaye de temporiser l’humain. C’est pas ce que tu..
- Rien à faire, l’interrompt le Zodiac. Je m’en fiche des explications que tu pourrais me donner. Mes ordres sont clairs, et c’est tant mieux. Vous avez agressé des Démons, je suis là pour rétablir l’ordre !

Revi comprend vite qu’il n’y a rien à espérer. D’ailleurs, il fallait admettre que c’était logique. Comment un Démon pouvait-il accepter de les écouter après ce qu’il venait de se passer ? Le combat est inévitable. C’est donc à lui de tout faire pour y survivre.
D’un coup d’œil, il estime la blessure de sa sœur. Elle saigne abondamment, l’entaille est sérieuse. En tout cas, avec un bras en moins, pas question qu’elle participe au combat.
- Je vais m’occuper de celui-là, décide le jeune homme. Soigne ta blessure.
- Fais….attention….
Le visage serré, elle s’éloigne en serrant les dents.
Et c’est reparti, pense-t-elle. Encore des combats, et des blessures…

Revi n’a pas ces états d’âme. Il se tourne vers le Zodiac, l’air confiant.
Une flamme, c’est un Zodiac Minor. Je peux le faire. Je sais que je peux….tout seul !!

Le Zodiac fait voler ses mèches pour les chasser de devant son visage.
- Tu dois être celui qui a vaincu Jin’ke, n’est ce pas ? J’ai reconnu ton alcar.
Revi se fend d’un sourire carnassier.
- J’ai déjà une réputation alors. Tant mieux, tu sais ce dont je suis capable alors.
Mais le Zodiac n’a pas l’air très impressionné.
- Oh, ce n’était pas une grande performance, tu sais. Jin’ke n’était qu’un imbécile, n’importe qui aurait pu le battre. Les Majeurs pensaient le virer, d’ailleurs il a vite été remplacé.

- Quoi ? Te fiche pas te moi !
- Mais je ne fais que dire la vérité. Tu ne pensais quand même pas que tous les Zodiacs Inférieurs étaient de même niveau, si ?
Revi ne répond pas. Mais la remarque l’a touché.
- On dirait que si, reprend le Démon. Et bien laisse-moi te dire une chose…..ne fais pas l’erreur de me mettre dans le même panier que cet imbécile.
Cependant, le jeune humain se reprend bien vite. Avec confiance, il répond à la menace par un sourire.

- Ca te fait rire ? s’étonne le Démon. Je viens pourtant de te dire que je n’ai rien de comparable à ton précédent adversaire.
- Et alors ? réplique Revi. Tu peux dire ce que tu veux, je m’en fiche.
Son ton est glacial. Lentement mais surement, l’énergie se lève dans son aura.
- Si j’ai bien compris, tu te prends pour le meilleur Zodiac Mineur, pas vrai ? Et bien mets-toi ça dans le crâne…..
Une flamme de détermination passe dans les yeux du jeune homme.
- Il en faut bien plus pour m’impressionner !

- Tsss ! Réplique le Minor d’un air contrarié. Tu te prends pour qui pour me parler ainsi ? Tu n’es qu’une âme errante parmi d’autre !
- Ha ouais ?
Revi tend la main droite. Un choc énergétique semblable au bang supersonique accompagne l’apparition de son sabre.
- Et bien t’attends quoi pour le prouver ?
Le Zodiac plisse les yeux devant la lourdeur de l’alcar de son futur adversaire.

- Oh oh. Mais c’est que tu t’y crois vraiment. Tant pis pour toi.
Avec souplesse, il fléchit ses appuis et resserre sa prise sur ses armes. Un flux d’énergie parfaitement canalisé illumine son corps.
- Je suis le Zodiac du Chien, Huan ! Mémorise bien ce nom, humain. C’est celui de l’homme qui te prouvera ta faiblesse !

- Ma faiblesse, hein ? C’était pas la chose à dire, mon vieux.
L’aura de Revi fulmine.
- Prépare-toi, démon. Nous allons voir qui est le faible entre nous deux !!
- Oh ? s’étonne Huan. Tu ne veux pas me donner ton nom ? Aucune importance. Je n’en aurai pas l’utilité de toute façon.
- Si. Je te le donnerai.
- Ah oui ? Et quand ça ? demande le Zodiac, amusé.

- Au moment où il te sera le plus utile, répond Revi avec fermeté. Quand tu seras à l’agonie, pour que ce soit le son que tu emmènes avec toi dans les abysses !
Huan plisse les sourcils.
- Vraiment ? Cela revient à dire que je n’aurais jamais l’occasion de le connaitre.
- Tu le connaitras. Et avant que ta vie ne s’achève, tu le maudiras ! J’en fais le serment !

Dans un cri terrifiant, Revi s’élance, sabre au clair. Pas impressionné pour deux sous, Huan fait tournoyer ses quatre lances à la parade. Le choc est rude, l’humain est presque aussitôt rejeté en arrière. Il est néanmoins assez vif pour éviter la remise d’un léger mouvement d’épaule, et une poussée de jambes lui fait prendre de l’altitude.
- Tu crois faire quoi, là ? s’exclame le Zodiac en se lançant à sa suite.
- A ton avis !

Revi inverse brusquement sa course et retombe comme un météore sur son adversaire. Par reflexe, Huan lève ses lames à la parade, mais l’humain a cette fois assez de percutant. Sous la pression de l’impact, les bras du Zodiac se plient et le mouvement de lame lui fait perdre l’équilibre. Prompt à la remise, Revi relève son sabre et l’abat avec force, pulvérisant les deux lames dans la main de Huan.

- Mer….de….
- J’te tiens !!! crie Revi en plongeant sabre au clair.
- Que tu crois !
Sans une hésitation, le Zodiac ouvre bien grand sa main nue :
- Verset 25…OOKAZI !!

La boule de lumière force Revi à se replier en défense. Alors qu’il lutte en serrant les dents contre la puissance du sort, Huan en profite pour assembler les deux lances de son autre main. Les bois fusionnent, donnant une arme du double de la longueur originelle.
- C’est moi qui te tiens, imprudent !!

Gonflé par l’adrénaline, Revi détourne enfin la boule de lumière dans les airs. Il était temps, la lance adverse fend déjà l’air vers lui. En se contorsionnant, il l’évite de justesse. Mais Huan semble être très versé dans l’art du maniement des armes longues.
A l’aide de solides mouvements de poignet, il imprime à sa lance des ondulations rendant imprévisible sa trajectoire. En plus, les flexions de l’acier décuplent d’autant la force de l’impact, et les parades de Revi s’en ressentent. Chaque choc se répercute dans ses bras et ses épaules, un jeu dangereux sur le long terme.

- Merde….peste-t-il en détournant une nouvelle frappe.
La puissance de l’impact est telle que son bras dévie légèrement sur le coté.
- C’est fini !! Exulte aussitôt Huan.
Le Zodiac donne un coup sec dans sa prise de garde, et la longue lame fléchit dans l’autre sens. Le sabre de Revi est trop loin, l’humain a un temps de retard…

Cependant, la lance ne touchera jamais sa cible. Dans un choc d’une rudesse telle qu’il faillit faire sauter l’arme des mains de Huan, le jeune humain saisit l’acier à pleine main. Le sang gicle entre ses doigts, mais la lame est stoppée net. Le Zodiac n’en revient pas.
- Qu..Quoi ? Comment…
Un rictus mêlant douleur et satisfaction apparait sur les lèvres de Revi.
- Hé hé ! ricane-t-il en essuyant rapidement le sang sur sa manche. J’suis peut être pas très doué pour la magie et tous ces machins, mais j’ai de la puissance à revendre. Et voilà comment je le prouve !
D’un coup, d’un seul, le sabre de Revi fracasse la lance du Zodiac en mille morceaux.

- Espèce de…
L’air dépité du Démon redonne confiance à son jeune adversaire.
- J’ai appris deux ou trois trucs ces derniers temps. Tu remercieras Dame Leven de ma part, ses leçons sur les cinq composantes de l’âme m’ont été très utiles.
- Qu’est ce que tu veux dire, humain !
- He ben, c’est simple. J’ai pigé que comme j’étais nul en magie, j’avais plutôt intérêt à booster sérieusement les autres. Et parmi ces autres, il y a une que je n’avais jamais vraiment travaillée : la résistance. Tu vois, nous les humains, on se fiche pas mal de travailler ça vu que de toute façon, une balle ou une lame nous tuera. Mais c’est plus vraiment vrai maintenant. Alors j’ai bossé là-dessus.

Sans se soucier de l’entaille profonde sur la paume de sa main droite, le jeune homme resserre sa prise sur la garde de son sabre.
- Et on dirait bien que j’ai eu tout bon, tu crois pas ? poursuit-il. Maintenant redis-le moi, Démon….qui est le faible dans l’histoire ?
Le Zodiac revient cependant assez vite de sa surprise.
- C’était pas mal, je te l’accorde. Mais tu ferais mieux de ne pas attraper la grosse tête juste parce que tu as pu arrêter une de mes attaques.
- Oh mais je sais. Le combat n’en est qu’à ses débuts, du moins c’est ce que j’espère.

Dans un ricanement, Huan lâche les débris de sa lance. L’énergie se déploie dans son aura, et ce sont cette fois quatre nouvelles armes qui apparaissent entre ses doigts.
- Tu ferais mieux de faire attention aux vœux que tu émets, humain. Ils se pourraient bien que certains d’entre eux se réalisent.
- Mais c’est justement ce que je souhaite, Zodiac !

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Le dégagement d’énergie provoqué par le choc entre Revi et Huan a bien évidemment alerté Gindar. Cependant, ce dernier ne sait pas comment réagir. Bien sûr, il brule de se joindre à ses amis pour les assister dans leur combat. Mais, au fond de lui, la terreur ne le quitte plus.
La simple perspective de se retrouver à nouveau pris dans une lutte à mort le paralyse sur place. Il parvient à peine à retenir son sosie en temps normal, alors il n’ose pas même pas imaginer ce qui pourrait arriver dans le feu de la bataille. En réalité, si, il en est pleinement conscient. L’adrénaline du combat ferait à coup sûr sauter les dernières barrières entre lui et son sosie. Alors, rien ne pourrait plus empêcher leur fusion, et Gindar perdrait toute identité…

C’est pour cette raison que le jeune homme reste un long moment immobile dans les airs, à quelques kilomètres à peine de ses amis. Malheureusement pour lui, il ne suffit pas de se tenir à distance du combat pour y échapper…

Un picotement familier vient soudain déranger sa nuque. Gindar comprend immédiatement le pressentiment. Alors qu’une immense pression énergétique tombe autour de lui, il est déjà en train de maudire son destin. Son cœur s’affole et sa respiration s’accélère, quand il se retourne doucement.
Un homme de grande taille, portant de riches habits brodés à l’ancienne, se tient à quelques mètres de lui. Le front hautain, le regard fier, l’insigne de métal sur le coté de sa ceinture de soie porte deux flammes de rubis gravées.
Quand les yeux d’émeraude du Zodiac Major du Dragon se posent sur lui, Gindar est parcouru d’un long frisson.

Le jeune homme cligne involontairement des yeux. Lorsqu’il les rouvre, le Démon vient de se matérialiser juste sous son nez. L’adrénaline se décharge dans le sang de Gindar. D’instinct, il fait aussitôt un bond en arrière.
Quelle Rapidité ! pense-t-il. Et merde !
- Ton alcar correspond à celui que je recherche, humain, annonce le Zodiac Roa.
Gindar sent la pression se resserrer autour de lui.

- Malheureusement pour toi, reprend le Major d’une voix pleine d’arrogance. Je suis ici pour l’effacer de ce monde.
- Qu….quoi ?
Devant la lourdeur de l’alcar, Gindar recule.
Quelle aura ! Je n’ai aucune chance de le battre. En tout cas….sans lui…..
- Je suis Roa, le Signe Major du Dragon. Prépare-toi, humain, l’heure de ton dernier combat a sonné. Tu vas périr ici…..

L’énergie dans l’alcar du Zodiac se concentre. Il tend la main vers le haut, alors qu’une magnifique épée incrustée de pierres précieuses descend vers lui en tournant artistiquement sur elle-même. D’un geste sec, Roa s’en empare. La pression de son aura se relâche d’un coup, faisant hurler le vent autour de lui.
- Voici le pouvoir qui te mettra à genou, humain, conclut le Zodiac.
Face à lui, Gindar devient blanc comme un linge. Dents et poings serrés, il recule encore.
- Et bien ? demande Roa. Qu’attends-tu ? Est-ce la peur qui te paralyse ? Dans ce cas….tu n’as aucun droit de fouler cette terre.

Dans un sursaut de fierté, Gindar réagit enfin. Sa main se tend et son sabre se matérialise doucement. Au moment de refermer ses doigts sur la garde, il lui semble entendre le rire de son sosie dans ses oreilles.
Je n’ai pas le choix, il ne partira pas. Je dois me battre. Mais s’il revient et prend le contrôle ? Où trouverai-je la force de l’arrêter ? Arrête ! Ce n’est pas le moment ! L’avenir….est devant !!

Un semblant de détermination dans les yeux, il se redresse face à son adversaire.

La Clé des Cieux

TOME 1 : MOURIR POUR MIEUX RENAITRE

1 : Etrangers dans son monde.
2 : Derrière la chair.
3 : Souffler sur les braises.
4 : L’appel du sabre.
5 : Premiers pas.

TOME 2 : LES CLEFS DE L’AU-DELA

6 : Introduction à l’Au-delà.
7 : Nouveaux horizons.
8 : Face à la peur.
9 : Un ange sans auréole.
10 : Un aperçu des sommets.

TOME 3 : D’UNE VERITE A L’AUTRE

11 : Rattrapé par le réel.
12 : La fin du rêve.
13 : La mélodie des âmes.
14 : Face à l’élite.
15 : Les limites de la colère.
16 : Un flocon de regret.

TOME 4 : AU-DELA DU VISIBLE

17 : Des nuages dans le ciel.
18 : Provoquer le destin.
19 : Un rideau de pluie sur l’innocence.
20 : Des larmes et un espoir.
21 : Le fer du destin.

TOME 5 : A LA CROISEE DES CHEMINS

22 : Les pièces de l’échiquier.
23 : Le Chemin des Morts.
24 : Un pied dans la forteresse.
25 : Du sang pour la Mort.
26 : Langue de serpent.

TOME 6 : LES MYSTERES DU PARADIS

27 : Les saveurs de la mort.
28 : Défier les murailles.
29 : Un sourire de magicien.
30 : L’ombre du lointain.
31 : Un vœu dans les abysses.
32 : Audi alteram partem.
33 : Nemo judex in causa sua.
34 : Un pas de plus.

TOME 7 : LES ROUTES DU DESTIN

35 : A la recherche de la douleur.
36 : Une morsure au cœur de l’âme.
37 : Les graines de l’avenir.
38 : Une étincelle dans la nuit.
39 : Nostalgie d’hiver.

TOME 8 : DECHIRER LE VOILE

40 : Le masque de la Lune.
41 : Divine folie.
42 : Le miroir des certitudes.
43 : Trois flammes sur un manteau blanc.
44 : Programmer l’apocalypse.
45 : Rendez-vous au sommet de l’Univers.
46 : A l’aube du deuil.

TOME 9 : TOUJOURS PLUS HAUT

47 : Lendemain d’orage.
48 : Au royaume de Nyx.
49 : Prise d’initiative.
50 : La Vénus des Enfers.
51 : Des mortels devant l’Olympe.
52 : Deux lames pour une âme.
53 : Reprises des hostilités.

TOME 10 : UN SEUL ROI DANS L’UNIVERS

54 : Entre génie et folie.
55 : Contre le sens de l’histoire.
56 : Causalité sous influence.
57 : Le nom de l’engrenage.
58 : Appel de flammes.

En s’efforçant de maitriser les tremblements de ses membres, Gindar lève son sabre. Le manque criant de confiance dans son attitude déclenche un haussement de sourcils chez son adversaire.

- Est-ce là ta force ? demande le Zodiac. Je peux te le dire dès à présent, tu m’es largement inférieur.
- On va voir, réplique Gindar entre ses dents.
- Tu es déjà mort…..

Sans rien ajouter, il se volatilise. Gindar écarquille les yeux. Au dernier moment, il agite sa lame. Roa est réapparu à deux pas de lui, et sa lame entre violement en contact avec celle de son adversaire. Le choc est d’une telle intensité que Gindar est repoussé plusieurs mètres en arrière. Il jure en se rattrapant tant bien que mal. Son visage est encore plus tendu. Il grimace, pendant que Roa le toise de tout son mépris.
- Comprends-tu à présent le fossé qui nous sépare ?

D’un simple geste du poignet, le Zodiac fait jaillir un magnifique dragon de feu de sa lame. Pétrifié, Gindar met un temps précieux à réagir.
- Qu’est ce que…..
D’instinct, il se jette sur le coté juste à temps pour éviter l’attaque.
Cette puissance, c’est…..

- Pitoyable, commente Roa en agitant la main. Verset 36, DIX EPEES DE LUMIERE.
- Non…
Pris de court, le jeune humain se retrouve encerclé par les dagues de lumière. Aussitôt, la terrible pression du sort s’abat sur lui et l’immobilise sur place.
Il m’a eu comme un débutant ! peste-t-il. Reprends-toi merde ou tu vas y laisser la vie !
- Pourquoi moi ! jure-t-il, la mâchoire serrée à s’en faire mal.

Roa, toujours d’un calme olympien, avance tranquillement vers lui.
- Mes collègues s’affolent vraiment pour un rien, ils n’ont aucune capacité de discernement. Franchement, s’affoler pour une créature aussi faible ! En un sens, ils sont aussi pathétiques que toi.
Lentement et plein de mépris, il tend la main vers sa victime.
- Meurs maintenant. Verset 49….DEFERLANTE OBSCURE !

La vague noire fonce sur un Gindar tétanisé de peur. C’est terminé, il ne peut plus rien faire. Il a échoué dans tout, il va…BORDEL !!!!

Sur son chemin, la vague de feu obscur pulvérise les épées de lumière. La pression sur le corps de Gindar s’efface aussitôt, et il peut se jeter in extremis sur le coté. Le souffle de la déferlante le balaye comme un fétu de paille, mais une nouvelle force anime désormais le jeune homme.
- PRENDS CA !! Hurle-t-il dans la poussière à s’en éclater les cordes vocales. Verset 25, OOKAZI !!
- Pardon?
A peine surpris, Roa évite facilement le tir.
- Il s’est donc libéré, constate-t-il toujours aussi calme. Ca ne veut rien dire…

Sans hésitation, il prend appui dans l’air et se propulse sabre en avant. Derrière les ténèbres qui se dissipent, Gindar apparait sur son chemin, lame brandie.
- Approche !!! hurle-t-il.
Violement, les lames se croisent. Mais cette fois, Gindar tient le choc.
- Je vois, dit Roa. Tu te décides enfin à te battre. Mais, cela ne change rien. La volonté ne compense pas la faiblesse.
Un éclat rouge sang illumine la lame du Zodiac et un dragon de feu en jaillit. Le choc sur le sabre de Gindar est tel que celui-ci est expulsé en arrière en crachant.

Le Major ne manque pas l’occasion, et sa lame fend l’air dans la foulée. L’humain se reprend, mais trop tard pour éviter de récolter une méchante blessure au torse. Alors que Gindar crache du sang, Roa s’écarte. Déjà, Il tend la main :
- C’est la fin, humain. Verset 49…DEFERLANTE OBSCURE !
- Verset 28, MUR DE LUMIERE !!!

Le bouclier apparait au dernier moment, et la vague noire vient mourir dessus. Cependant, Gindar est loin d’avoir la force suffisante pour tenir le verset adverse en échec. Rapidement, son mur de protection se fissure et la pression s’accroit d’autant.
- Non ! s’écrie-t-il.
- Je te l’ai dit, réplique Roa, toujours aussi froid. Qu’importe ta volonté de survivre, la seule chose qui compte, c’est ta force. Et comparée à la mienne, la tienne est ridicule.

Sans effort, le Démon augmente la puissance de son sort. La vague de ténèbres grossit encore plus, dépassant complètement la défense de Gindar. Heureusement, l’humain a l’intelligence de bondir sur le coté juste avant que sa défense ne vole en éclats. La déferlante passe une fois de plus à un cheveu d’emporter sa vie.
Mais le combat ne fait que commencer. Dans un souffle, Roa se matérialise près de l’épaule gauche de son adversaire.
- Ne m’oublies pas, humain !

Etouffant un juron, Gindar pivote sur ses appuis, et sa lame fend l’air. Mais Roa est déjà de l’autre coté, le doigt pointé sur lui. Le RAIGEKI du Zodiac perfore l’épaule du jeune homme de part en part, lui arrachant un horrible cri de douleur.
- Minable…commente Roa. Ta faiblesse est affligeante, un Zodiac Minor aurait très bien pu se charger de toi. Tu ne méritais pas le temps que je t’ai accordé, humain. Meurs à présent…
Sans une once de pitié, le Major abat son sabre dans l’ouverture. La lame ouvre le torse du jeune homme sur presque toute sa longueur, et un jaillissement de sang accompagne sa chute vers le sol.

Non…non…Je…Il…
Les ténèbres se referment sur Gindar quand sa tête heurte le sol. Un calme étrange accompagne alors sa chute dans l’inconscience. La douleur s’estompe, puis disparait totalement. Il ne souffre plus, son esprit est apaisé. Comme c’est étrange de vivre sa mort pour la deuxième fois. Non, le sentiment est différent. Il n’a pas l’impression de mourir, il ne fait que s’endormir. Un sommeil doux et réparateur lui tend les bras, un sommeil sans plus aucun cauchemar. Quel bonheur ! Finalement, la réponse à toutes ses craintes était simple. Il lui suffisait de mourir…

Non mais il se prend pour qui celui-là ! Personne ne m’obligera à crever ! Tu veux y passer, tant mieux ! C’est mon tour, maintenant !!

L’aura de Gindar se réactive brutalement. Dans un souffle assourdissant, une vague démoniaque envahit le corps du jeune homme. Son alcar angélique faiblit, puis vacille. Dans un sifflement d’agonie, il finit par s’éteindre, laissant toute latitude à la poussée d’alcar opposé pour occuper chaque membre et chaque muscle. Témoin de la scène, Roa écarquille les yeux de surprise.
- Son alcar ! Il a changé, complètement changé….mais qu’est ce que….C’est ??

Autour de Gindar encore à terre, une masse d’énergie vibrante de noirceur est en train de s’accumuler. Une tension noire, emplie de violence et de méchanceté pure, se met à grandir. Les pavés tremblent, tout l’air est aspiré vers le jeune homme. La lumière dans son âme disparait soudain entièrement, et la nuit le happe.
Alors, un ricanement sinistre traverse le ciel. La pression devient folle, l’énergie s’agite autour du corps étendu à terre, comme un feu sur lequel on aurait jeté un seau d’huile. Puis, Gindar se redresse. Il rouvre des yeux aux pupilles rouges, alors que des rides de folie lui creusent le visage. Ce n’est plus Gindar qui se tient là, c’est son sosie…

- Ha ha ha ha ha ha !! Bordel, je suis libre !

Le sosie de Gindar contemple ses mains. L’éclat dans ses yeux rouges montre qu’il ose à peine croire à ce qui lui arrive.
- J’l’ai fait, j’l’ai fait ! Il est dedans et je suis dehors. Bordel, c’est bon !

Roa s’approche de lui, lame vers le bas. Il n’a pas l’air impressionné, juste intrigué.
- Qui es-tu ? demande-t-il simplement. Tu as changé.
Gindar se tourne vers lui.
- Ha, c’est toi qui as expédié l’autre au pays des songes ? Merci, vieux. Tu m’as rendu un fier service. Mais t’inquiètes, je vais te rendre la pareille. Je vais te faire exactement la même chose, hahahaha !
Le Zodiac du Dragon fronce les sourcils.
- J’ignore qui tu es en réalité, mais cela ne…

Une immense explosion lui coupe sa réplique. Le sabre de Gindar vient de frapper l’endroit où il se trouvait à l’instant. Par reflexe, Roa a esquivé la charge de justesse, mais la stupeur remplace désormais la curiosité sur son visage.
Une telle vitesse ! C’est pas….hein ?
Gindar a disparu de son champ de vision. Le regard d’expert du Démon le rattrape juste avant que sa lame siffle, et les sabres se croisent avec violence. Cette fois, c’est le Zodiac qui sent la tension dans son bras.
Sa puissance ! Elle a aussi augmenté ! réalise-t-il.
L’âme Egarée bloque les armes pour rapprocher son visage de celui de son adversaire.
- Tu causes trop, mec ! J’aime pas les radoteurs, ils m’ennuient !

Il ponctue sa déclaration d’un rude coup de tête, qui fait éclater le nez de Roa en sang. Complètement sonné, le Zodiac titube en arrière. Gindar éclate d’un rire satanique.
- Ha ! Ca aussi ça fait un bien dingue ! Tiens, prend ça !! Verset 49 …. DEFERLANTE OBSCURE !!!
La vague noire qui jaillit de sa main tendue hurle tellement elle est concentrée. Roa écarquille les yeux. D’instinct, n’ayant pas la marge pour esquiver, il lève les deux mains et encaisse l’impact.

- Quelle puissance ! éructe-il.
Ses bras ploient sous la pression du sort. Alors, Roa montre enfin quelques émotions. Ses yeux fulminent.
- M’obliger ainsi, quelle arrogance ! Verset 49….annulation !!
Les traits tirés par la colère, Roa claque des doigts et la vague de ténèbres s’évapore devant lui. D’abord surpris, Gindar rit ensuite de plus belle.
- Cool ! J’ai cru qu’t’allais crever !

Le Zodiac du Dragon devient d’un sérieux glacial, tandis que son aura se met à grimper.
- Insolent…une telle attitude, comme si tu m’avais surpassé !
Son alcar se charge d’une lourdeur inédite.
- Je vais t’apprendre, reprend-il. Les faibles et les forts ont chacun leur place ! Et la tienne…..
Mais encore une fois, Gindar l’interrompt en se jetant sur lui sabre au clair.
- J’te l’ai dit, les parleurs, ça m’énerve !!

Un rude échange s’engage. L’humain rit comme un fou, tout en saoulant son adversaire de frappes erratiques. Jamais le même angle, aucun schéma tactique, le jeune homme attaque à l’instinct pur. Poussé à la retraite par la sauvagerie et l’imprévisibilité des assauts, Roa affiche une nervosité de plus en plus visible.
Espèce de….pour qui te prends-tu à m’acculer ainsi ? Tu payeras !
Au sortir d’une longue passe, ses yeux s’illuminent. Ils ont repéré la faille, Gindar a lancé une attaque un peu courte. Roa saisit la balle au bond sans hésitation. Il tire un RAIGEKI parfaitement ajusté, qui dévie le bras de son adversaire de quelques centimètres.
- Merde !!!
- Je te tiens !

La lame de Roa s’illumine, et un dragon de feu en sort en hurlant. Criant de rage, Gindar est emporté sur plusieurs mètres. Roa suit l’attaque au corps avec la détermination d’en finir. Un nouveau dragon de feu nait de son sabre, il s’enroule autour de la lame pour accumuler encore plus de puissance.
Quand il se relâche vers Gindar, le choc énergétique est tel qu’il transperce le mur du son. Au prix d’un effort surhumain, le sosie du jeune homme inverse ses appuis et la charge enflammée passe à un cheveu de l’emporter. Mais Roa n’en a toujours pas fini…
- Verset 36…DIX EPEES DE LUMIERE !
- Tss, pas encore…

Mais Gindar ne peut rien faire. Pris à contre temps, il se laisse facilement prendre au piège des dagues de lumière. Aussitôt, le Zodiac s’élance pour le coup de grâce. Mais le sosie se contente d’éclater de rire.
- Me prends pas pour une bille ! Je suis pas comme l’autre !
La lame de son katana s’illumine, avant de se changer en un trait de laser qui manque de peu de transpercer le Démon de part en part.

Tout en riant de plus belle, Gindar fait exploser le sort paralysant par la seule pression de son alcar. Puis, il agite son bras armé dans tous les sens, rendant le laser de sa lame complètement fou.
Roa doit sauter dans toutes les directions pour l’éviter, passant à plusieurs reprises près d’y laisser un membre. La honte de l’humiliation finit par avoir raison des dernières réserves de fierté du Major. Il lui faut en finir.
- Ne me sous-estime pas, humain !!

Il brandit sa lame, et son dragon s’enroule autour de lui, faisant exploser son aura à tel point que la pointe de la lame de Gindar refuse de le toucher. Le Zodiac retrouve alors son calme, un calme terrifiant.

- C’en est assez, déclare-t-il. Tu crois avoir le dessus mais tu te trompes. Je vais te montrer pourquoi tu ne me vaincras jamais. Regarde ! Et reconnais ta faiblesse !
L’alcar de Roa gonfle subitement, drainant une quantité astronomique d’énergie dans son essor. Il lève bien haut son sabre, concentrant encore plus de poids autour de son corps. Un silence mortel tombe sur le champ de bataille, avant que ne retentisse l’invocation :

- Noie le soleil sous ta lumière….GHALADO-FEALOCE !!

A cet instant, une colonne de lumière surgit du sol dans un fracas d’apocalypse et enveloppe le Zodiac des pieds à la tête. Baigné par l’éclat irréel, Roa abaisse son sabre. Un immense dragon est apparu entre le ciel et la terre, s’enroulant entre les nuages tel un gigantesque serpent mystique. Lentement, sa gueule descend à hauteur de Roa, avant de pousser un cri assourdissant.

- Voici le visage de ton destin, humain…


_________________________________________

Pendant ce temps, le combat entre Revi et Huan se poursuit à un rythme effréné. Le sabre de l’humain croise les lances tourbillonnantes du Zodiac sous tous les angles, avec force et puissance. Revi est aux anges, le combat est à la hauteur de ses espérances.
Oui ! Je peux le faire ! Je le fais ! Je vais gagner ce combat ! Seul !
Le Zodiac, lui, n’est plus aussi sûr. Son adversaire est d’un niveau très proche du sien et il comprend que ce duel va se jouer sur pas grand-chose. Mais, il est prêt à tout donner.

Justement, Revi vient de lancer une nouvelle attaque surpuissante sur le coté droit. Huan pare, avec difficulté mais solidité, et lance ses deux lances depuis l’autre coté. La première est esquivée mais la seconde…Revi la pulvérise d’un revers de sa main non armée.
- C’est pas vrai ! jure le Zodiac en écarquillant les yeux.
- T’as toujours rien pigé, mon vieux !

Le sabre de l’humain s’abat une nouvelle fois, mais le Zodiac a le temps d’éviter. Prenant de la distance, il tend ses deux mains et quatre lances en jaillissent. Loin de chercher à les esquiver, Revi lève son arme et décoche deux frappes propres et précises. Les quatre armes adverses tombent en morceaux autour de lui. Pendant que le Zodiac peste, Revi fonce à la contre-attaque.
- Tu m’auras pas comme ça ! hurle Huan. Verset 25, OOKAZI !!

Le tir semble avoir fait mouche, mais Revi émerge intacte de la boule de lumière. Comme un missile, il tombe sur le Démon et son sabre croise avec fracas les lances. Huan jure mais Revi poursuit son avantage.
Profitant de l’élan, il tourne sa ligne des épaules et fait partir un coup de pied circulaire de toute beauté. Atteint en pleine poitrine, son opposant recule en crachant du sang. Sans perdre une seconde, Revi fonce dans l’ouverture sabre au clair.
- Non, non ! peste Huan.

Au prix d’un effort surhumain, il parvient à changer son angle de chute et Revi le dépasse en écarquillant les yeux. Opportuniste, Huan en profite. Son coude cueille son adversaire en plein dos et c’est au tour de l’humain d’éructer de douleur. Sur cet entrefaite, les deux guerriers se séparent en tenant leurs blessures.

- Enfoiré….Ne crois pas t’en tirer comme ça ! Je suis Huan, le Zodiac du Chien ! Le plus puissant des Signes Mineurs ! Ce n’est pas une âme Egarée comme toi qui me fera baisser la tête !!
Il tend les muscles de ses bras et ce sont six lances, puis huit, qui apparaissent dans ses mains. Cependant, en face, Revi ne perd pas sa contenance.
- C’est ça ! Donne ce que t’as de mieux ! Je t’aurai de toute façon !!
- Arrête de te moquer de moi ! MEURES !!!

Le visage déformé par la frustration, le Zodiac s’élance. Revi affermit ses appuis, resserre sa garde, et plisse le regard. Il est prêt à recevoir l’assaut. Cependant, au dernier moment, Huan pivote légèrement son angle d’attaque…et l’arme de son adversaire s’enfonce d’elle-même dans son épaule. L’humain écarquille les yeux de surprise.
- Qu’est ce que…commence-t-il.
Ignorant la douleur qui l’envahit, le Démon se fend d’un sourire mauvais.
- Je l’ai dit, humain. Je suis prêt à tout pour vaincre !

Profitant de la stupeur de son adversaire, il place ses deux mains grandes ouvertes devant Revi. D’une poussée, ses huit lances jaillissent à bout portant. Pétrifié, le pauvre humain est transpercé de part en part par les huit projectiles dans un horrible bruit de chair broyée.
Alors que Varna hurle le nom de son frère, les deux adversaires décrochent vers le sol. Ils s’écrasent à moins de dix mètres l’un de l’autre.

Huan est le premier à se relever. Jurant et crachant du sang, il se redresse et avance en trébuchant vers sa victime.
- Me faire aller….si loin….heureusement que personne….n’est là pour le voir….

A ce moment, Varna intervient. Résolue, elle se place entre les deux combattants.
- Ca suffit ! dit-elle. Le combat est fini, allez-vous en !!!
Un éclair passe dans les yeux de Huan. Grimaçant de douleur, il lève sa lance.
- C’est toi…qui va t’en…aller….Je vais….en finir…..
- Tais… toi…
Varna et le Zodiac sursautent à l’unisson. C’est Revi qui a parlé. Aussi étonnant que cela puisse paraitre, l’humain est debout. La figure aussi pâle que la mort, respirant avec peine et s’appuyant à moitié sur son sabre, il n’en est pas moins sur ses deux jambes.

- Varna…, souffle-t-il avec difficulté. Ce combat est mon combat. Ecarte-toi, s’il te plait.
- Mais…
Le feu de la détermination absolue brule dans les pupilles du jeune homme.
Je le ferai, se répète Revi. Je le ferai seul. Parce que….J’en suis capable !!
- Pas de mais, petite sœur, répond-il avec toute la fermeté dont il est encore capable. Je vais…en finir…tout seul !
Varna reconnait la dureté du regard de son frère. Il veut vaincre, il en a besoin. Avec tristesse, la jeune femme baisse la tête et recule. Le Zodiac est l’humain sont de nouveau face à face.

- Comment…comment…peux-tu tenir encore…debout ! s’exclame avec peine Huan.
Inspirant un grand coup, Revi se redresse.
- Je te l’ai dit, démon. La dernière chose que tu entendras avant de mourir sera mon nom !
La réplique déclenche la colère du Zodiac.
- Fou ! crache-t-il. La dernière chose que TU entendras sera mon rire !!!!

Hors de lui, le Signe du Chien s’élance en courant vers son adversaire. Dans sa main, il brandit la seule lance qui lui reste. Le sabre de Revi se lève et s’abat lourdement, détournant l’attaque adverse vers le sol.
- Tu ne peux plus utiliser qu’une seule lance dans ton état, remarque-t-il en peinant pour reprendre son souffle.
Huan a besoin de quelques secondes pour trouver la force de lui répondre. Sa voix est aussi éraillée que celle de Revi.
- Et alors ? Une lance est plus que suffisant pour te percer le cœur !

Le Zodiac dégage sa main non-armée et frappe Revi de toutes ses forces au visage. Celui-ci recule sous le choc en crachant des dents, mais parvient à dégager son sabre. La lame fend l’air et le sang du Zodiac gicle.
- Conn…connard !!! hurle Huan.

Sa lance vrille à l’attaque, mais Revi est à la parade. Un échange lent et lourd s’engage, les armes semblant peser des tonnes entre les mains des combattants. Manquant de perdre l’équilibre à chaque mouvement, ils se livrent cependant corps et âmes, mettant tout ce qui leur reste comme force dans le moindre de leur geste.
Au bout du compte, Huan parvient à tromper la vigilance adverse et le bois de son arme frappe le sommet du crâne adverse. Sonné, Revi titube.
- MEURES !!!

La lance siffle vers le visage du jeune homme. En désespoir de cause, celui-ci s’en saisit à main nue. Le sang gicle abondamment entre ses doigts, et il hurle de douleur et de rage. Avec une abnégation à faire blêmir, Revi tire de toutes ses forces sur l’acier qui lui déchire la paume. Surpris et déséquilibré, Huan bascule contre lui. Un mouvement, un horrible bruit de déchirure…et la lame de l’humain ressort dans le dos du Zodiac.
- Harg…éructe celui-ci. Bordel…de…
A bout de souffle, Revi approche sa bouche de son oreille.
- Comme promis, Démon. Mon nom est Revi.
- Revi…

Mourir ainsi, dans la poussière et le sang….quelle ironie. J’aurais bien voulu que quelqu’un me voit tomber. Pour qu’il puisse dire à l’Univers que j’ai donné toute mon âme dans ce combat. Mais il n’y a personne. Je meurs seul. C’est vraiment….trop bête…..
Ce seront ses dernières pensées. Après un dernier râle, Huan, Zodiac Mineur du Chien, s’effondre sur le sol. Pour sa part, Revi tient encore debout quelques secondes, avant de succomber aux ténèbres.

Pendant ce temps, le sosie de Gindar fait face à l’énorme Gardien de Roa. Cependant, l’humain n’a guère l’air impressionné par la masse colossale d’énergie générée par le Zodiac. Toujours aussi hystérique, il se précipite à l’attaque en riant comme un démon.
- Espèce d’idiot ! s’exclame Roa. Une attaque de front ? Tu en payeras le prix !

Il tend la main et son énorme dragon hurle de plus belle en partant à la rencontre de l’assaillant. Gindar ne cherche même pas à esquiver, il verrouille sa lame devant lui et reçoit l’assaut de plein fouet. L’impact est terrible, provoquant une onde de choc qui traverse l’air en claquant comme le tonnerre. Le frottement entre le sabre et la gueule enflammée du Gardien fait naitre une cascade d’étincelles, mais la défense de Gindar tient.
- Im…impossible, éructe Roa. Il peut…
Le visage du Zodiac devient mortellement sérieux.
- Non, déclare-t-il. Tu n’y arriveras…pas !!!

Cette fois, le Démon laisse libre court à toute sa puissance. Le déchainement de son alcar gonfle encore plus son Gardien, lequel s’illumine en réponse comme une mine d’or. Sous la pression d’énergie comprimée, Gindar serre les dents. Ses bras et ses appuis résistent l’espace d’une seconde, avant de céder.
Hurlant sa rage, le sosie du jeune homme est emporté par la charge. Le dragon heurte le sol avec la violence d’une bombe, creusant un cratère de cent mètres de diamètre. La poussière tourbillonne dans les airs quand Roa fait revenir son Gardien derrière lui.
- Ainsi, tu as donc rencontré ton destin, humain. Finalement, tu n’étais pas digne de mon…

Mais une immense détonation l’interrompt. La poussière est soufflée aux quatre vents, alors qu’une source d’énergie furieuse illumine le cratère.
- Arrête de te la jouer, mec !!! s’exclame la voix folle du sosie de Gindar.
Roa n’en revient pas.
- Non…Tu es encore en vie ?
- Et comment !! J’viens juste de sortir de l’ombre, hors de question d’y retourner aussi vite.
Le Major plisse les yeux.
- Qui vit dans l’ombre ne verra point la lumière.

Gindar l’interrompt une nouvelle fois en décollant dans les airs.
- Oh, la ferme ! Verset 49…DEFERLANTE OBSCURE !!!
La vague de ténèbres est encore plus puissante que les précédentes, mais Roa ne recule pas d’un pouce.
- Idiot ! Tu ne me toucheras jamais avec un sort d’une telle faiblesse !

D’un geste majestueux, il ordonne à son Gardien de le protéger. Le dragon ouvre alors son immense gueule et pousse un hurlement d’une telle intensité que la vague de ténèbres se dissipe aussitôt.
- Tss, peste le sosie avec une moue de dégout. On dirait que va falloir que je me dépasse sur ce coup là.
Un sourire démoniaque lui barre le visage.
- Bah, j’suis pas comme l’autre mauviette ! J’adore ça !!

Sans se démonter, il remonte à l’assaut. Mais cette fois, il serre bien fort son sabre et refait appel à sa technique de lame laser.
- Idiot ! réplique Roa, haineux. Un simple Dan ne peut vaincre un Gardien !
- Je t’ai déjà dit de la fermer, pauvre cloche !
Sous l’ondulation du poignet, le laser file comme un serpent enragé vers le visage de Roa. Mais il ne l’atteindra jamais. Sans que le Zodiac ait besoin d’esquisser le moindre geste, la lame folle rebondit à un mètre de lui, comme arrêtée par un mur d’énergie invisible.

- Tu ne sais rien des Gardiens, n’est ce pas ? en déduit le Démon. Et bien laisse moi t’éclairer. Une fois invoqué, le Gardien prend la place de son maitre au combat. Autrement dit, si tu veux m’atteindre, il te faudra passer par GHALADO-FEALOCE !!
Sur ce, le Dragon hurle de plus belle. Mais Gindar n’arrête pas de rire pour autant.

- Bah, c’est rien de plus qu’un gros reptile ! Je vais me le faire et ensuite je te trancherai !
- Insolent ! Ne sais-tu pas où est ta place ? Et bien je vais te la …
- LA FERME !!
Gindar remonte une nouvelle fois à l’assaut. Immédiatement, l’immense dragon s’élance vers lui. Mais l’humain ne se laisse pas avoir.
- Verset 28, MUR DE LUMIERE !!

Le bouclier se déploie à peine, que la charge furieuse du Gardien le réduit déjà en poussière. Mais la microseconde de répit suffit pour que Gindar se jette hors de la trajectoire de la mâchoire. Profitant de son élan, il file comme un éclair vers Roa, qui se tient immobile au milieu du corps ondulé de son dragon géant.
- Viens te battre toi-même pour voir !!
- Insolent ! Tu crois vraiment t’être débarrassé de mon gardien ? Laisse moi être plus clair alors…

Négligemment, Il tend la main. Aussitôt, son Gardien se volatilise. L’esprit de Gindar lui hurle le danger, mais c’est trop tard. Le corps massif du dragon réapparait, remontant à toute vitesse depuis le sol vers lui. Avant que le jeune homme ait pu faire le moindre geste, le corps massif de la créature s’est enroulé autour de lui.
- Qu’est ce que…

- Comme tu n’as apparemment pas tout suivi, je vais t’expliquer lentement. GHALADO-FEALOCE est une extension de ma propre âme. Essayer de t’interposer entre lui et moi pour m’atteindre ne marchera pas, j’ai le contrôle absolu de son corps. Et maintenant, il est plus que temps pour toi de mourir, humain…
Il lève la main, puis la retourne. Le dragon fait alors redescendre sa gueule juste devant la tête de l’humain et pousse un nouvel hurlement.

- Bien, fait Roa d’un calme mortel. Finissons-en à présent, mon gardien…tue-le.

La mâchoire du dragon s’ouvre en grand devant le pauvre humain. Il voit ses dents, sent son souffle lui passer sur le visage comme une promesse de mort. Gindar se crispe, ses traits se tordent de haine et de rage.

Bordel ! Hors de question que j’y passe ! Je ne veux pas crever !! Et merde, on dirait que j’ai pas vraiment le choix. Eh, toi !!! Je sais que tu m’entends alors réveille-toi !!!
- Qu…Qu’est ce que…où…où suis-je ?
- A ton avis ! T’es à ma place ! Mais là on va vraiment crever tout les deux alors grouille toi de sortir !
- Mais…
- Tais-toi ! On n’a pas le temps pour ça ! Viens m’aider si tu veux pas mourir !!
- Non.
- Quoi, non ? Te fous pas de moi !

La voix de Gindar est d’un calme étrange quand il explique :
- Je n’ai pas envi de continuer à vivre avec quelqu’un comme toi à l’intérieur de moi. Tu es le mal absolu, tu dois disparaitre. Si cela veut dire que je dois y laisser la vie, alors ainsi soit-il.
- Quoi ?? C’est pas loyal, ça !!
- Ca m’est égal. Je ne peux plus supporter cette existence, alors autant en finir.
- T’as pas le droit de faire ça !
- Si. Et je le fais.

- Hé ! Attends une minute ! ... Tu te souviens pas de ta promesse ?
- Que...
- Ouais, t’avais promis sur le corps de cette petite que tu la vengerais ! Et tu vas tout laisser tomber aujourd’hui à cause de moi ? T’es qu’un lâche, une sale mauviette sans honneur !!
- Oonile….

Alors que la mâchoire du dragon se rapproche, une intense lumière s’empare du corps de Gindar.
- Qu’est ce que…s’étrangle Roa.
- Enfin! C’est pas trop tôt !!

Le sosie pousse un cri et, bientôt, la voix du vrai Gindar vient se mélanger à la sienne. Une immense explosion de lumière illumine le jeune homme, arrachant un hurlement de douleur au Gardien de Roa.
Une pression lourde et dure tombe aux alentours, tandis que l’énergie se met à crépiter en se concentrant autour du corps de l’humain. L’air y est aspiré comme par un vortex, tel un tunnel de lumière mêlée de ténèbres. Cet alcar, cette tension, cette volonté….
- Non, murmure Roa, sous le choc. Non, c’est impossible !

Et pourtant, Gindar est bien debout. L’un de ses yeux est revenu à la normal, et son sabre est désormais parcouru d’étincelles de tension pure. Quant à son aura, elle a atteint un niveau phénoménal. Son alcar brille comme une étoile, et la poussière tourne autour de lui telle une nébuleuse. Il rayonne, illuminant la terre de son énergie incandescente.

- Toi, commence la voix de Gindar. Je tiens toujours à t’arrêter.
- Et moi à te tuer une fois pour toute, continue la voix du sosie, sortant de la même bouche.
- Mais là, reprennent les deux voix ensemble. On va devoir le battre, lui !!

Cependant, rien n’est encore fait. Le dragon est déjà réapparu derrière Roa et l’aura de celui-ci est toujours aussi intense.
- Tu…ou plutôt vous. Je ne sais pas qui vous êtes mais une chose est sure, vous êtes bel et bien une menace. Et pour ça, moi, Signe Majeur du Dragon…je vous éliminerai.

Les auras des deux combattants montent encore en puissance. La tension est à son comble, le vent se tait devant ces deux montagnes de force pure.
- Allons-y, fait la voix de Gindar.
- Ouais ! confirme la voix du sosie.
Sans une hésitation, l’humain s’élance. Le claquement supersonique qui salue son attaque résonne à des kilomètres à la ronde.
- FOU ! crie Roa. Attaque !!

Au commandement de son maitre, l’immense dragon part à l’interception. Mais, Gindar se tient résolument sur son chemin et prend la défensive. Le choc est colossal, mais le jeune homme tient bon. Sa lame s’illumine de blanc et de rouge et une immense lumière repousse le Gardien.
- Pas…pas possible…éructe Roa.
Mais Gindar a déjà repris l’offensive. Le dragon l’assaille à plusieurs reprises, mais à chaque fois, la même explosion de lumière le repousse. Un éclair d’orgueil blessé illumine les yeux du Zodiac.
- N’espérez rien de votre folie ! Vous ne vaincrez jamais mon Gardien, idiots !
Faisant détonner son alcar, il écarte les bras. Aussitôt, son dragon se sépare en deux entités encore plus monstrueuses. La stupeur laisse son adversaire sans voix.

Sans attendre, Roa prend de l’altitude et envoie successivement ses deux dragons à l’attaque. A l’instinct et à l’expérience, Gindar vole entre les frappes et parvient à en détourner de nombreuses. Il reste cependant loin de son adversaire. Malgré tout, le combat se poursuit et les attaques des deux dragons font d’énormes dommages aux alentours.

A un moment, Gindar monte à toute allure dans le ciel, suivi par l’un des dragons tandis que l’autre vient de dessus. Il tourne soudain sur lui-même et sa lame s’illumine. Le laser qui en jaillit balafre violemment les deux dragons. Aveuglés l’espace d’une seconde, ils se télescopent dans une immense détonation.
Gindar enchaine immédiatement. Il se décale légèrement avant de s’exclamer :
- Verset numéro 54…SORT DES TENEBRES !!!
Les chaines jaillissent de toute part et emprisonnent les deux dragons l’un contre l’autre.

- Bien joué, commente Roa. Mais…
Il tend la main au-dessus de sa tête. Son sabre réapparait juste à temps pour parer l’attaque de la lame de Gindar, surgi de nulle part à moins d’un mètre de lui.
- Comment…fait l’humain, interloqué.
Le regard du Démon se tourne légèrement vers lui.
- Je vous l’ai dit…vous n’êtes que des idiots…
Le sabre du Zodiac s’illumine et Gindar est projeté en arrière par un immense dragon rugissant.

- Ce n’est pas parce que mon gardien est immobilisé que j’ai perdu mes autres pouvoirs, explique Roa. Je vous avais prévenu, n’espérez rien de votre folie.
Son aura explose et son Gardien réapparait aussitôt derrière lui, hurlant de plus belle.
- Vous avez bien combattu, je ne m’attendais pas à ce que vous puissiez avoir une telle puissance. Mais, face à un Signe Major, ce duel était joué d’avance. Vous allez mourir à présent.

Là dessus, il tend un bras et son Gardien s’élance.
- On ne pourra pas l’arrêter cette fois ! jure la voix de Gindar.
- Je sais, pas la peine de le rappeler, réplique la voix de son sosie. Fait chier, si seulement…

L’impact le coupe dans sa réplique. Le choc est terrible, le sol en tremble de violence. Gindar résiste héroïquement quelques secondes, avant d’être englouti par la masse de puissance pure. Sous la mâchoire de lumière dorée, il part s’écraser dans un fracas de fin du monde.

Revi et Varna ont été piégés par un assaillant mystérieux, qui a fait en sorte de les faire passer pour des agresseurs aux yeux des Démons. Ceux-ci, qui surveillaient déjà les humains de près, ont aussitôt répliqué fermement. Revi et Varna se sont alors retrouvés confrontés au Zodiac du Chien, Huan ; tandis que Gindar a été pris à parti par le Zodiac du Dragon, Roa. Si Revi a pu, au pris de sacrés efforts, triompher de son adversaire, Gindar n'a lui rien pu faire face au Gardien du Major Roa, même avec l'aide de son sosie. C'est dans cette configuration extrêmement délicate que les patrons des deux deux camps vont devoir prendre des décisions...

Pendant ce temps, au Paradis, on suit les évènements avec angoisse. Le Gardien du Zodiac du Dragon a sans conteste fait monter la tension, mais les Anges sont bien décidés à ne pas réagir.
- Ca devient sérieux là en bas, remarque Mahara.
Avec les Majors Neldor et Leper, il assure le commandement du PC de crise réuni pour l’occasion au centre de surveillance.

- Cet humain, tout à l’heure….commence Leper en se frottant le menton.
- Gindar, il s’appelle Gindar il me semble, complète Mahara.
- Oui, qu’importe, reprend l’arcane 12. Vous avez vu son alcar, il était d’un très haut niveau. Pas loin d’un Major, même pas loin du tout. Il me faudrait plus de données mais je crois que le phénomène qu’il a connu est très semblable à celui que nous avons vu chez Maethor….
Neldor l’interrompt :
- Je connais ce phénomène, il s’est produit la même chose lors de mon combat avec lui.
Leper se tourne vers elle, intéressé :
- Vraiment ? Et comment le décrieriez-vous ?

Mahara ricane.
- Je ne veux pas paraitre rabat-joie, les amis. Mais ce n’est pas trop le moment pour ça, vous ne croyez pas ?
Il étouffe un bâillement.
- Ce Gindar là, il vient de se faire battre, et assez méchamment d’ailleurs. Alors la question c’est, on fait quoi ?
Neldor fronce les sourcils.
- Nous n’avons rien à voir avec ces âmes Egarées, rappelle-t-elle.
- Vous voulez les laisser tomber alors ? demande Mahara, l’air de rien.
- Nous n’avons aucune obligation vis-à-vis d’eux, réplique l’arcane 8.

Leper secoue la tête.
- Là n’est pas la question, intervient-il. Il est hors de question d’intervenir pour une raison simple.
Son regard se durcit.
- Nous sommes dans une situation délicate, une intervention de notre part risque d’être interprétée comme une agression par les Démons. Ils ont surement une équipe de soutient prête à porter assistance à Roa, donc si on veut avoir une chance de peser, il nous faudrait envoyer une équipe avec beaucoup de puissance de combat.

- Ouais, ouais, c’est pas faux tout ça, acquiesce Mahara. On ne peut pas prendre le risque que tout ça nous explose à la figure, pas vrai ?
- Exactement, confirme Leper d’un hochement de tête.

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Pendant ce temps, en Enfer, on analyse également la situation. Les Astres Leven et Hekla ont été alertés, ils rejoignent le PC où les attendent les Zodiacs Nemrod et Peng Chin.
- Mes Seigneurs, je…commence le Zodiac du Serpent.
- Plus tard, le coupe Hekla en l’écartant d’un geste. Qu’est ce qu’on a ?

Peng Chin fait un pas en avant.
- Le Majeur Roa, accompagné du Mineur Huan, ont mené une opération contre les âmes Egarées, en représailles de…
- Droit au but, Peng Chin, l’interrompt Leven sèchement.
- Oui, ma Dame, répond le Zodiac en inclinant la tête. Roa a été obligé de relâcher son Gardien pour venir à bout de son adversaire et…
- Et les Anges l’ont repéré, je crois que j’ai saisi, intervient Hekla. Bon, je prends les commandes maintenant, vous avez fait assez de bêtises pour une journée. Situation ?

- Les anges n’ont pas encore réagi, mon Seigneur, répond Nemrod. Mais ils suivent la situation de près.
- Tu m’étonnes, raille l’Astre.
Hekla étouffe un ricanement.
- N’empêche, je ne pensais pas qu’un Signe Majeur allait être obligé d’aller aussi loin, commente-t-il en lissant sa moustache. Ces Egarés ont vraiment un énorme potentiel.
Un sourire en coin apparait sur ses lèvres.
- Toute la puissance d’un Gardien contre un Dan à peine maitrisé….si la dernière attaque ne l’a pas tué, cet humain sera un parfait adversaire pour moi !

- Peu de chance, malheureusement, répond Leven en prenant place à coté de lui. Mais ce que je me demande, c’est comment vont réagir les anges.
- Pas la peine de s’en faire, très chère ! Ils ne bougeront pas le petit doigt. Ils savent parfaitement ce qu’ils risquent !
Nemrod hoche la tête.
- Je suis d’accord, mon Seigneur. Mais nous devrions peut-être maintenir notre vigilance le plus longtemps possible. Il n’est pas impossible que les anges ne fassent qu’attendre le bon moment pour riposter.

Hekla balaye l’idée d’un geste.
- Le problème avec vous, Nemrod, c’est que vous n’avez pas de flair. Un guerrier sent ces choses là, croyez-moi.
- Je ne crois qu’aux informations sures venant de sources avérées, mon seigneur, répond le Zodiac du Serpent.
Soudain, un cri d’alerte venant d’un des techniciens les interrompt.
- Mes seigneurs ! Mes seigneurs !

- Quoi ? demande Leven, alarmée. Qu’est ce qui se passe ?
Le technicien se tourne vers ses supérieurs, de la panique dans les yeux.
- Un alcar angélique de très haut niveau vient d’être repéré. Il descend à grande vitesse vers la position du Majeur Roa !
Le sang se fige dans les veines des responsables, et un souffle froid balaye le centre de commande.
- Vous vous êtes trompés, on dirait, mon seigneur, murmure Peng Chin.

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- C’est quoi ce bordel !! s’exclame Maître Ulrich en entrant en trombe dans le centre de commandes du Paradis.
Des yeux ahuris se tournent vers lui.
- Qui ? Hurle le Maître, fou furieux. Qui a autorisé cette sortie ??!

Pendant plusieurs secondes, les Majors ne parviennent pas à articuler le moindre mot. Puis, c’est finalement Neldor qui bégaye :
- Personne n’est sorti, Maître Ulrich….
L’arcane 16 écarquille les yeux.
- Quoi ?
- Le compte a été fait et refait deux fois, Maître, reprend Leper. Aucun arcane ne manque au rapport, ce nouvel alcar ne vient pas de chez nous.

Ulrich n’en croit pas ses oreilles.
- Mais alors….c’est qui ?
- J’aurais bien une hypothèse, Maître, répond Leper. Mais elle ne plaira à personne….

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- Mes seigneurs ! crie un Chevalier Primat en entrant dans le poste de commande en courant.
Tous les regards se tournent vers lui.
- L’équipe du Zodiac Asgar est prête à partir, annonce le Démon.
- Qu’elle parte immédiatement ! répond Hekla. Il faut absolument soutenir Roa avant qu’il ne soit trop tard !

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Devant la muraille de la Cité du Paradis, des anges en armes courent dans tous les sens, sous les ordres fermes du Minor Kemen. Une alarme stridente perce tout d’un coup les cieux. Pendant un instant, tout le monde se fige. Non, cela ne peut pas être vrai….
- Major ! crie l’arcane 4.

Sulimer apparait entre ses soldats. Elle a le pas décidé, l’assurance des guerriers se lit sur son visage.
- Je sais, Kemen, répond-elle. En route…

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Pendant que la fièvre s’empare du Paradis et de l’Enfer, Roa voit arriver la mystérieuse aura d’ange.

C’est une femme, mais elle n’a rien d’un Arcane. De grande taille, la posture altière et pleine de noblesse, ses longs cheveux noirs et fins volent dans le vent. Elle est entièrement vêtue de noir. Une magnifique cape de soie lui tombe sur les épaules, retenue par une lourde chaine en or. Le bas de son visage est caché par un voile de tissu sombre, mais l’éclat de ses yeux bleu turquoise semble traverser les âmes et les airs.

- Qui es-tu ? demande le Signe du Dragon, méfiant. Attends….
Il plisse les yeux.
- Ton alcar est celui d’un ange mais tes vêtements….tu es un Exilé, n’est ce pas ?
Mais la jeune femme ne répond pas. Elle se contente de tendre la main et….disparait brusquement dans un souffle de vent.

Roa écarquille les yeux et esquive de justesse la paume de sa main, sortie de nulle part en face de lui.
Cette vitesse ! C’est….
Il n’a rien le temps d’ajouter. L’Exilée vient de se matérialiser derrière lui. Le tranchant de sa main fend l’air et atteint Roa en plein milieu du dos. Crachant du sang, le Signe du Dragon perd connaissance et s’effondre aussitôt.
Bon sang, pas de doute…une telle force ne peut appartenir qu’à un….

Après le départ de Maethor pour la dimension divine, Gindar et ses deux compagnons sont retournés sur Terre. Inquiets, les Démons ont alors envoyer l'Astre Leven pour tester leurs pouvoirs. Suite à l'analyse de cette dernière, il a été décidé de placer les humains sous surveillance étroite. Gindar, Revi et Varna sont donc suivis en permanence par une patrouille à distance, chargée de rapporter le moindre de leurs faits et gestes.
Ce délicat équilibre a cependant fini par voler en éclats. Probablement piégés par les mystérieux Exilés de Maethor, Revi et Varna se sont retrouvés de facto en état d'agression envers les Démons. L'Enfer a immédiatement réagi en ordonnant leur mise hors d'état de nuir. Le Major Roa du Dragon et le Minor Huan du Chien ont été envoyés dans ce but.

Revi et Huan ont livré une intense bataille, remportée d'extrême justesse par l'humain. Quant à Gindar, malgré l'aide de son sosie, il a finalement dû baisser pavillon face au Gardien de Roa.
Tout aurait pu s'arrêter là, si les Exilés n'en avaient pas décidé autrement. Profitant de l'état de fatigue de Roa, l'un des guerriers de Maethor a en effet envoyé le Major au tapis avant de disparaitre. Problème : son alcar était manifestement typé ange. Du coup, l'Enfer en a forcément déduit que le Paradis venait de déclencher les hostilités...

En réaction, l'équipe d'urgence du Major Asgar prend la route du monde des vivants. Quant le Paradis détecte leur présence, le temps n'est plus à l'hésitation. Redoutant à leur tour un assaut généralisé, les autorités ordonnent le départ de leur propre équipe d'urgence. Le Major Sulimer et son Minor Kemen sont sur le départ...

En marge des évènements ayant abouti au départ de Maethor du Paradis, le Major Sulimer avait livré combat contre le Major Nemrod, Zodiac du Serpent. A cette occasion, le Démon avait révélé le passé de mortelle torturée de l'ange. Humaine, celle-ci avait en effet perdu son enfant qui venait de naitre. Rongée par le désespoir, elle avait ensuite mis fin à ses jours. Le choc de la révélation de ce drame avait laissé Sulimer complètement sans défense, et il s'en était fallu de peu que Nemrod n'exploite la situation par un coup fatal.

Quand l’équipe de secours de l’Enfer arrive sur place, la mystérieuse Exilée a déjà disparu. Tout ce qui reste devant les yeux du Zodiac Asgar et de ses Chevaliers, c’est le corps inerte de Roa et de Gindar.
- Mais qu’est ce qui s’est passé ici ! s’exclame un Primat.

Asgar ne répond pas. La tête tournée sur le coté, il est perdu dans ses pensées.
C’est elle. Je sens sa présence.
Ses yeux se plissent. Par-delà la distance, il voit Varna tentant de guérir les sérieuses blessures de son frère.
Pourquoi le destin est-il si cruel avec moi ? M’imposer une telle épreuve…

Un brusque dégagement d’alcar interrompt ses pensées. Le sol se met à trembler tandis qu’une tension s’installe dans les airs, témoignant sans ambiguïté de l’approche de grandes masses d’énergie. Il se retourne sur le champ, et ses yeux se révulsent.
- Attention ! hurle-t-il à l’intention de ses subordonnés.
- Hein ? Quoi ?

Il est déjà trop tard. Surgissant du néant comme un ange de la mort, Kemen leur tombe dessus en brandissant sa large épée. Le premier Chevalier est tranché net et le deuxième a à peine le temps d’éructer une syllabe avant de le rejoindre.
- Bon sang ! jure le Primat en sautant dans les airs pour prendre de la distance. Un….arcane !!

Les simples soldats, eux, n’ont pas le temps de comprendre. Pétrifiés par l’énorme pression de l’arcane 4, ils restent figés comme des statues. Certains pleurent, d’autres appellent leur mère. Rien n’y change. Kemen déboule en plein milieu et sa lourde épée fait un tour complet. L’onde de choc fait valser les soldats comme de simples pions.
- Assassin !! s’écrie le Primat en se jetant sur lui.

Il pousse un hurlement, et dans sa main apparait un large cimeterre. Mais le vieil homme ne bouge pas. L’arme adverse s’arrête à deux centimètres de son crâne, arrêtée par un champ invisible. L’arcane tourne la tête pour foudroyer le Primat du regard.
- Ta vie vient de finir, gamin !
La lourde lame de Kemen file pour frapper mais Asgar intervient.
- Verset 35, VORTEX FOUDROYANT !

Les éclairs tombent pile devant le Chevalier, obligeant l’Arcane à un saut périlleux arrière. Kemen a à peine le temps de se ressaisir qu’il doit lever son arme à la parade. Le redoutable fouet du Signe du Chat tombe sur lui en claquant comme le tonnerre.
Asgar, flottant majestueusement dans les airs, enchaine aussitôt les mouvements du poignet et son fouet harcèle le vieil homme. Mais celui-ci ne démérite pas. Avec sang froid, sa lourde lame dévie les coups les uns après les autres. Il parvient même à prendre le Major de vitesse et à sauter à sa hauteur.
- Verset 28, MUR DE LUMIERE ! crie Asgar.

La lourde lame de l’arcane vient s’encastrer dans le bouclier en crachant ses étincelles. Le Zodiac du Chat exploite son temps pour scander :
- Verset 49…DEFERLANTE OBSCURE !!

La vague de ténèbres hurle en jaillissant de sa paume. Instinctivement, Kemen se replie en défense. Mais la puissance de la déferlante l’emporte tout de même. Néanmoins, en jouant sur la formidable puissance de sa lourde épée, il se dégage et évite la vague par le bas. Quand l’arcane 4 rejoint le sol, son aura crépite de mille feux.
- Impressionnant, commente Asgar. Le vénérable Kemen est toujours fidèle à sa réputation.

Le visage du vieil homme se fait dur comme la pierre.
- Vous feriez mieux d’abandonner, Zodiac. Vous ne pourrez pas gagner…
Une fine brise fait voler la tunique du Zodiac. Dans un souffle, le Major Sulimer apparait juste derrière lui.
- …Contre nous deux, termine-t-elle.
Asgar se retourne subitement.
- Major Sulimer !!

L’arcane 11 n’a pas l’air dans son assiette. Les bras croisé, le visage fermé, ses yeux sont vides.
- Votre carrière de Démon s’achève aujourd’hui, Asgar, déclare-t-elle froidement.
Au sol, Kemen dissimule son inquiétude.
Ca ne s’est pas amélioré. Depuis que ce perfide serpent lui a craché son venin, elle ne s’est jamais remise. Peut-elle trouver la force de combattre ?

Soudain, une voix grave et terrifiante comme les pires ténèbres résonne dans les airs. Quatre mots traversent les âmes pour geler le cœur et étreindre l’esprit dans un étau d’horreur :
- Je ne crois pas !!!!

Tous le monde sursaute quand cette voix grave et puissante tonne dans les airs. Les têtes se tournent et les yeux s’écarquillent.
Quelqu’un d’autre est arrivé, sans que personne ne le remarque. C’est un géant, plein de muscles et portant une barbe et de nombreuses cicatrices sur le visage. Au revers de son manteau, son insigne de métal porte trois flammes.
- Se…Seigneur Giliath ! s’exclame Asgar, aussi terrifié que les arcanes. Que…que faites-vous là…
- SILENCE !!! glapit l’Astre.

Le son de sa voix suffit à faire hurler le vent. Au sol, Kemen devient blanc comme un linge.
Non, pas lui….pas Giliath !! L’Astre d’Uranus, le plus honni et le plus craint de tous les démons de l’Enfer. Il ne respecte rien ni personne, ne connait ni le remords ni la peur. Cet homme ne mérite même pas ce nom. C’est un monstre, une bête sanguinaire, un loup, une hyène. Même dans ses rangs, tout le monde le craint. Il ne reconnait pas d’alliés, considère tout le monde comme des ennemis. Un regard de travers, un visage qui ne lui convient pas….et il tue. Il tue, sans réfléchir, sans se préoccuper de rien.
Giliath pose des yeux emplis de méchancetés sur Asgar et Sulimer.

- Toute cette agitation m’énerve ! déclare-t-il. Les anges et les démons s’agitent dans tous les sens comme des brebis terrifiées, c’est PITOYABLE !!!!
Asgar commence à trembler.
- Je…je m’excuse, Seigneur…
- SILENCE !!!! hurle l’Astre. Si tu tiens à ta misérable carcasse, dégage de mon chemin dans la seconde !! Je n’en peux plus de toute cette comédie ridicule. Il est grand temps que cette farce cesse.

Sa voix descend encore d’une octave, on croirait entendre la Mort en personne. Asgar et Kemen sont pétrifiés d’horreur.
- Je vais en terminer moi-même….

Pendant ce temps, Sulimer et Kemen ont échangé un regard. Tous les deux, d’ordinaire calmes, sont terrifiés. Ils font face au plus sanguinaire de tous les guerriers de l’Univers. Ils n’ont besoin que d’un regard pour accorder leurs pensées.
Brusquement, ils décollent de toute la puissance de leur aura dans la direction opposée aux Démons. Malheureusement, la vitesse des arcanes n’est rien comparée à celle de l’Astre. Dans l’instant, Giliath se matérialise devant Sulimer. Celle-ci se fige, pétrifiée.
- Où croyez-vous aller, Major ?
- Merde….

Kemen, voyant que son Major ne suit pas, s’arrête aussitôt. Il est vite rattrapé par Asgar.
- Tu aurais très bien pu fuir, remarque le Major.
Le vieil arcane reste de dos pour répondre.
- Peut-être. Mais si le Major Sulimer se bat, alors je resterai à ses cotés !
- Idiotie…
- Non.

Le Minor se retourne enfin vers son adversaire, et brandit sa large épée, affichant une détermination sans faille.
- Honneur ! conclut-il.
Cependant, les pensées de Kemen sont ailleurs. Du regard, il observe sa supérieure, qui fait face à Giliath.

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L’Astre considère l’arcane comme on considère un insecte avant de l’écraser. Mais, Sulimer est aussi expressive qu’une statue. Dans sa tête, des flashs lui reviennent avec violence.
Vous vouliez disparaitre, murmure la voix sifflante de Nemrod dans sa tête. Vous vouliez en finir avec la souffrance. Vous libérer, enfin. Tout ceci, ce manteau, ce grade, ce sabre, vous n’en vouliez pas. Vous n’aspirez qu’à être enfin apaisée.
Je sais qu’il avait raison, se dit Sulimer.

De nouvelles images de son passé affluent dans son esprit. Elle se revoit serrer dans ses bras le cadavre ensanglanté de son enfant. Elle entend de nouveau son cri de désespoir.
Pourquoi ? Pourquoi n’ai-je pas été libérée ? C’est tout ce que je voulais. M’éteindre. Pour ne plus souffrir.

Sulimer lève des yeux vides vers Giliath. L’Astre se fend d’un sourire carnassier.
- Sulimer, l’une des plus anciennes figures du Paradis. Voilà un gibier de choix. J’ai hâte d’ajouter votre écharpe à ma collection !
Une bourrasque fait s’écarter les pans de son lourd manteau. A l’intérieur, on peut y voir attachées 4 écharpes portant un grade d’hermine, sur lesquelles pendent 5 insignes de métal frappés d’une flamme unique. De l’autre coté, sont accrochées 2 écharpes et 3 insignes portant chacun les signes des Majors. Les trophées sinistres d’une vie de massacre…
- Cela fait longtemps que je n’ai pas eu un beau combat. Ma dernière victime a rendu l’âme bien trop vite.

Alors qu’il prononce ces mots, Giliath revoit le cadavre d’un homme pendu par les tripes à la principale porte du Palais de l’Enfer. Un insigne de métal à deux flammes est violement arraché de sa tunique ensanglantée.
- J’espère que vous tiendrez un peu plus longtemps….

Cependant, Sulimer ne répond pas à la provocation. Ignorant complètement son adversaire, elle est toujours ailleurs. Le vide dans ses yeux se remplit. La colère s’y insinue, et son aura se modèle en conséquence. Au loin, Kemen le remarque immédiatement.
Je le redoutais, ça s’est donc produit. Dans un cœur blessé aussi profondément, la haine trouve facilement son chemin. Vous qui avez été si calme et réfléchie, allez-vous vous abandonner à la noirceur, Major ?

Sans que Giliath n’y prête attention, l’âme de Sulimer devient de plus en plus sombre. Plus loin, Kemen livre son verdict.
Quelle que puisse être la souffrance, l’âme cherche toujours le moyen de survivre. Et quand la volonté de vivre disparait, la haine la remplace. La haine envers le monde, envers les autres, envers soi-même. La haine alimente la vie…..jusqu’à la consumer.

Dans l’esprit de Sulimer, les images se succèdent de nouveau. La mort de son enfant, les pleurs, la souffrance, son suicide. Mais cette fois, l’émotion qui les accompagne est différente.
Pourquoi moi ? Pourquoi une telle souffrance ? Suis-je condamnée à toujours souffrir ? Pourquoi le destin s’acharne-t-il ainsi sur moi ? Qu’ai-je fait pour mériter ça ??
Les images de son passé tournent en boucle, elles s’enchainent de plus en plus vite, telle une spirale sans fin. Puis, un hurlement traverse son âme de part en part. Les yeux de Sulimer s’enflamment.
Pourquoi serais-je la seule à souffrir, d’abord ? Il n’y a pas de raison !!

Lentement, elle lève les yeux vers Giliath, qui la considère toujours avec mépris.
Lui….il ne souffre jamais. Il ne connait pas la peur, ni la douleur. C’est injuste !
Les ténèbres se lisent dans les yeux de l’arcane. Giliath semble enfin noter quelque chose.
- Que de lourdeur dans votre alcar ! Vous êtes différente de mes précédentes victimes. Toutes tremblaient de peur alors que vous….je lis l’envi de meurtre dans vos yeux.
Les deux regards se fixent. Puis, l’Astre éclate d’un rire démoniaque.

- Excellent ! Excellente attitude, arcane !! J’éprouverai d’autant plus de plaisir quand vos yeux refléteront l’agonie !
Cependant, Sulimer a trouvé une nouvelle gravité.
- Non, déclare-t-telle d’une voix sombre. Vous vous trompez, Giliath, le plus honni des êtres. Vous n’éprouverez pas le plaisir de me voir souffrir devant vous.
- Ha oui ?

Sulimer tend la main en arrière. Son magnifique katana vient s’y déployer en pulsant violemment.
- J’ai connu dans ma vie plus de douleur que vous ne pourriez en infliger. Mon cœur n’est plus qu’une plaie. La douleur, la souffrance….n’ont plus de prise sur mon âme !!!!
Giliath ricane.
- Et alors ? Vous croyez que ça changera quelque chose ?

La pression autour de lui s’abat comme une montagne. Les murs dimensionnels vibrent, des éclairs de tension traversent l’atmosphère. En-dessous, un cratère commence à se dessiner, par-delà les frontières des dimensions. Quand l’écho de la décharge énergétique atteint les récepteurs du Paradis, la panique s’empare du centre de surveillance. Un Astre a été repéré ! Un Astre s’apprête à combattre !!
Sulimer est bien la seule à ne pas être affectée par la folle pression qui se dégage de Giliath.

- Ca ne changera peut-être pas l’issu de ce combat, avoue-t-elle. Mais quoi qu’il arrive, ça changera tout le reste !!
L’aura de Sulimer explose dans une immense bourrasque d’énergie.
- Oh ? fait l’Astre.
Décidée, l’ange lève bien haut sa lame. Dans le soleil de midi, le sabre s’illumine comme un cristal. Une intense bouffée d’énergie pure envahit son alcar quand elle s’exclame :

- Les pleurs du feu font fuir la nuit…. LOSTASURÜ !!!!

Dans un rugissement assourdissant, un énorme lion à la crinière de feu se lève derrière elle. Une cascade de flammes accompagne l’invocation, faisant trembler le paysage sous le poids de leur énergie. Face à cette apparition mystique, Giliath ne bouge cependant pas d’un pouce. Les bras toujours croisés, il déclare :
- Ha ha ha ! Vous croyez faire quoi avec ça ? Vous ne m’arracherez rien d’autre que du mépris !!

La texture de l’alcar de l’Astre commence à se charger. Une pression immense tombe autour de son corps quand l’énergie se concentre dans son aura. La tension générée par la montée de puissance est telle qu’elle distord les barrières dimensionnelles entre le Royaume des Morts et celui des Vivants.
La terre tremble, des failles se creusent, et les animaux se mettent à hurler à la mort. Dans l’univers des âmes, l’énergie crépite autour de l’Astre. La pression devient vite insupportable. Puis, il la libère enfin en écartant les bras d’un seul coup. Ceux-ci se recouvrent alors de plusieurs tonnes de pierre. Quand l’aura de l’Astre se stabilise, elle plafonne à un niveau d’intensité largement plus élevé que celui du Gardien de l’ange.

- Voici le poing qui marquera votre fin, Major Sulimer !

La libération du Dan d’un Astre a affolé les compteurs du Paradis. L’alerte cède la place à la panique et tous les arcanes, du Minor au Maître, reçoivent l’ordre de suspendre leurs activités et de se présenter au rapport.

En Enfer, on s’agite également car Giliath n’avait prévenu personne de son départ.
- On n’aurait jamais dû faire ça, murmure Nemrod.
- Silence ! ordonne Hekla. On…
Un claquement assourdissant l’interrompt. La porte vient de voler en éclat et l’Astre Canaro déboule dans le PC. Nul besoin de longue description pour comprendre à quel point il est furieux.
- Non mais qu’est ce qui se passe dans ce Palais ? s’exclame-t-il.

Personne ne l’avait encore vu dans de tels états.
- Seigneur Canaro…commence Nemrod.
- Rien du tout ! Vous vous rendez compte de la situation dans laquelle vous nous avez mis ? Bandes d’idiots ! Vous….
Hekla s’approche de lui et pose sa main sur son épaule.
- He, du calme, mon vieux ! Ce qui est fait est fait. Ca sert à rien de se mettre à hurler. D’ailleurs, c’est plutôt un beau combat non ?
Canaro se dégage, toujours autant en colère.

- Non ! Ca n’a rien de beau ! Il faut arrêter tout ça avant que ça dégénère.
Son collègue soupire.
- Bien sûr, dit-il. Je sais très bien. Mais ça ne sert à rien de se mettre dans des états pareils. Refroidis-toi un peu, Astre de Neptune !
Canaro prend une longue inspiration pour se forcer à se calmer. Lentement, il évacue la tension de ses muscles avant de répondre.
- Oui, tu as raison. Je ne fais pas avancer les choses…
- C’est sûr, intervient Leven en s’examinant les ongles. Par contre, il faut faire quelque chose maintenant. On ne peut pas laisser Giliath nous déclencher une guerre.

Canaro acquiesce lourdement. L’espace de quelques secondes, un silence de plomb règne dans la salle. Puis, l’Astre de Neptune livre son verdict.
- Alarme maximale, déclare-t-il. Que tous les Zodiacs se mettent en disponibilité immédiate. Et les Astres également.
Les Zodiacs Peng Chin et Tien Zi échangent un bref regard devant la gravité de l’ordre. Leven elle-même hausse les sourcils.
- Ouah…Tu n’y vas par quatre chemins là…

Hekla, lui, éclate de rire.
- L’épreuve de force, hein ? Tu deviens sacrément audacieux, Canaro !
- Nous n’avons pas le choix…


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La tension monte encore dans les deux PC de contrôle quand on repère une nouvelle aura de grande taille qui arrive sur Terre.

- Message d’alerte des quartiers intérieurs ! crie le responsable technicien du Paradis.
Tous les anges présents au PC de crise se figent.
- Parle ! ordonne Ulrich.
- C’est le Major Orchal, Maître. Il….il vient de quitter le Paradis.
- Cette pourriture….murmure Neldor entre ses dents. Il causera notre perte à tous…

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Pendant ce temps, à quelques kilomètres à peine de l’apocalypse en devenir, Varna fait de son mieux pour soigner les blessures de Revi.
Malheureusement, elle ne connait pas grand-chose dans la magie médicinale et le seul sort qu’elle peut utiliser n’est pas assez efficace.

- Il est sérieusement blessé…
Varna sursaute. En se retournant, elle découvre un jeune homme vêtu d’un manteau d’ange très soigné. Elle le reconnait tout de suite, c’est l’un des Arcanes Maîtres : Agamant.
- Qu’est ce que…
- Ca fait un moment que je vous observe, dit-il en s’approchant. Votre frère a livré un merveilleux combat, mais il en paye le prix.
La jeune femme se relève.
- Vous êtes un arcane Maître, n’est ce pas ? Que faites-vous ici ?

Le jeune homme essaye de sourire.
- J’observe.
- Je croyais que le Paradis avait décidé de nous laisser nous débrouiller.
Un peu mal à l’aise, l’arcane élude la question. Il pointe Revi du doigt.
- DIAN KETO, hein ? Ca ne suffira pas à le guérir.
- Je sais. Mais je ne connais pas d’autres sorts de guérison.
L’ange hoche la tête avant de se baisser vers le blessé.
- Je peux vous aider, si vous le voulez.

Les deux jeunes gens se regardent. Varna détourne le regard avant de s’incliner.
- Je vous en serai reconnaissant, Maître.
Agamant sourit, soudain plus détendu.
- Vous n’avez pas à être aussi formelle avec moi. Vous n’êtes pas un ange, après tout. Je m’appelle Agamant.
- Ha, moi c’est Varna. Mon frère s’appelle…
- …Revi, oui je sais. Bon, pour une bonne guérison, il va falloir l’isoler dans une dimension alternative. Pour ça, il suffit d’utiliser ce sort là.

Agamant n’a même pas besoin de se concentrer. Il lève juste la main et annonce :
- Verset numéro 71, CAPSULE D’ISOLATION CURATIVE.
Varna tique en entendant le nombre. 71, c’est le sort le plus élevé auquel elle ait jamais assisté. Magicienne dans l’âme, elle ne peut qu’être émerveillée par la facilité d’exécution du Maître. Même avec son don indéniable pour cet art, elle est obligée d’avouer qu’elle serait bien incapable de comprendre ne serait-ce que la moitié des lignes de concentration que l’arcane a utilisé.

Sous l’effet du verset, le corps de Revi est enfermé dans une sorte de sarcophage fermé par une horloge. Agamant ferme les yeux un instant pour se synchroniser avec le sort, puis la montre se règle.
- Bon, déclare-t-il en rouvrant les yeux. Quand le compte à rebours sera terminé, votre frère sera guéri. D’ici là, il doit rester dedans.
- Merci. Je ne sais pas comment…
- C’est normal. Vous n’êtes peut-être pas officiellement dans notre camp, mais vous affrontez les Démons et pour moi, c’est suffisant.
Avec un sourire, il se détourne.

A ce moment là, une porte de marbre blanc sort soudainement du sol dans un éclat lumineux aveuglant. Entre les lourds battants d’or, un homme grand comme un géant s’avance. Il porte les habits des Exilés de l’armée de Maethor.
- Oh ? Qu’est ce qui s’est passé ici ?
Varna écarquille les yeux en le reconnaissant. L’Exilé est celui qui l’avait attaquée avant de lui remettre le message pour le Paradis.

- Vous le connaissez ? S’interroge Agamant, pas impressionné du tout.
Le géant se tourne vers l’ange et le détaille de la tête au pied. Son visage bouffi se tord d’une grimace de satisfaction quand il découvre les trois grades d’hermine à sa ceinture.
- Oh, mais t’es un arcane Maître, toi ! Merde, j’ai un de ses pots ! Le Roi offre une sacrée récompense à qui se fait un Astre ou un Maître.
Agamant fronce immédiatement les sourcils.
- Tu es avec Maethor ?
- Ouais. J’suis un Exilé, Rage est mon nom ! Et ça fait un bon moment que j’attends de pouvoir me faire un Arcane !

Sans une once de doute dans son attitude, Agamant se tourne vers Varna.
- Prenez la capsule et allez-vous-en.
- Mais…
- Je vous en prie, insiste l’arcane avec fermeté.
- Heu … Bien…Soyez prudent…

La jeune femme se recule alors que Rage éclate de rire.
- Quoi ? Tu veux te battre, morveux ?
Agamant lui lance un regard sans expression.
- Vous êtes la cause de tout le trouble. Il est temps pour vous de nous apporter des réponses.
- C’est ça. Viens donc les …

Mais il n’a pas le temps de finir, car le Maître vient de disparaitre de son champ de vision. En un clin d’œil, il se matérialise à un pas dans le dos de l’Exilé. Le tranchant de sa main fend l’air, frappant la nuque du géant avec une telle force que celui-ci bascule malgré son poids.
- Trop lent…
- Put…éructe Rage.
- Verset 56, CYCLONE DE VIOLENCE, enchaine l’ange.

Il ouvre la main et une violente bourrasque de vent fait décoller l’Exilé dans les airs comme un grain de poussière.
- Harg ! Attends un…
L’Exilé retrouve ses appuis, mais il a déjà dix ans de retard. Agamant apparait devant lui, la main tendue.
- C’est la fin, Exilé. J’espère que tu survivras à ça. Verset numéro 69…..
Rage écarquille des yeux de pure terreur.
- Fait…
- … CHIMERE, BÊTE MYSTIQUE !

Une intense lumière enveloppe le corps d’Agamant, puis un monstre de lumière jaillit de sa main. Pétrifié de stupeur, Rage ne peut rien faire avant d’être englouti entièrement. Quand l’éclat se dissipe, l’Exilé est presque complètement incinéré.
Le corps noirci et fumant, il part s’écraser dans la poussière en crachant et en pestant. Agamant retourne alors au sol dans le plus grand calme. Il s’approche de sa victime, sous les yeux ébahis de Varna.
- Tu as des réponses à me donner, Exilé. Et tu vas venir avec moi.

- Non.
Dénuée de toute expression, mais résonnante d’un pouvoir à glacer le sang, la voix est tombée de nulle part.

Agamant se retourne aussitôt. Un autre Exilé vient de franchir les battants de la porte de marbre. Varna le reconnait aussi, c’est celui qui accompagnait Rage déjà lors de leur première rencontre.
- Blaze…murmure ce dernier.
Celui-ci ne lui accorde même pas un regard.
- Tais-toi, abruti. Ne sais-tu pas où est ta place ? Tu espérais vraiment sortir vainqueur d’un tel combat ? Ton idiotie n’a d’égale que ta faiblesse, Rage.
- Bordel…
- Silence. Ta punition sera décidée par sa majesté. On s’en va, maintenant.

Alors qu’il s’approche de son malheureux compagnon, un éclair foudroie le sol juste devant ses bottes.
- Reste en dehors de ça, Arcane, déclare Blaze le plus calmement du monde.
- Je regrette mais c’est impossible, répond Agamant. Nous avons besoin de réponses et j’entends bien en obtenir.
Mais l’Exilé l’ignore.
- Je ne t’affronterai pas, arcane. Le temps n’est pas encore venu.
- Ce n’est pas à toi d’en décider, Exilé. Verset numéro 68, CAGE D’ACIER DU CAUCHEMAR !

A ces mots, quatre immenses piliers jaillissent du sol. Ils se rejoignent autour de Rage, pour former une prison en forme de cage. Des liaisons d’énergie ultra-concentrée courent entre les armatures. Varna en reste bouche bée.
- Qsss…peste Rage quand les décharges électriques le rejettent au centre de sa prison.

- Oh ? Tu es donc sérieux, jeune Maître, dit Blaze en se tournant à moitié vers lui.
- Oui. Je vous laisse une chance. Si vous acceptez de répondre à mes questions, je vous laisse partir, je n’ai rien contre vous.
L’Exilé se tourne pour lui faire enfin face.
- Je dois décliner cette proposition, jeune Maître. Sa majesté n’a pas encore décidé de dévoiler nos secrets.

Agamant fronce les sourcils.
- Dans ce cas…
- Je te préviens, jeune Maître. Le combat que tu souhaites livrer risque d’être ton dernier.
- Ne me sous-estime pas, Exilé.
- Ne commets pas la même erreur, jeune Maître….

Une pression immense tombe autour des deux futurs adversaires.