Description et synopsis :
Le roman est décomposé en 2 ouvrages: "La pierre et le sabre" et "La parfaite lumière".
Musashi Miyamoto est l’inventeur du style de combat à deux sabres, l’auteur du traité le livre des cinq roues, et une grande figure du Japon. Il s’est incarné dans deux remarquables fictions qui sont venues jusqu’à nous : Musashi, roman feuilleton de Yoshikawa Eiji, et Vagabond, manga de Inoue Takehiko. Depuis la bataille de Sekigahara, où prit racine la formation du Japon moderne, les deux oeuvres racontent un itinéraire semblable pour le ronin Musashi : celui de son édification, et la victoire de son esprit sur son instinct, qui fit de lui le plus grand samouraï de tous les temps.
Le roman de Yoshikawa nous est parvenu en deux volumes, traduits sous les noms de La pierre et le sabre, et de La parfaite lumière. Le roman paraît entre 1935 et 1939 dans l’Asashi Shimbun, le plus grand et prestigieux journal du Japon. "Miyamoto était un personnage réel ; mais grâce au roman de Yoshikawa, lui et les autres personnages principaux du livre sont devenus partie intégrante du folklore japonais vivant." Ce folklore, Inoue Takehiko, auteur du manga Slam Dunk, va se l’approprier et le retravailler. Non seulement, il utilise la figure de Miyamoto Musashi, mais encore la constellation de personnages qui évoluent tout autour de lui au long de la fresque. Cependant, après un début très fidèle au livre, jusqu’à l’épisode où Shinmen Takezo, qui n’est pas encore Musashi, s’échappe du village de Miyamoto ; l’oeuvre d’Inoue cesse d’être une simple transposition graphique, brillante, du roman de Yoshikawa, pour devenir une version très personnelle de la figure qu’est Musashi.
Cette figure, image au-delà du samouraï qui vécut réellement au XVIIe siècle, est un véritable mythe. "Une histoire dont on a oublié le sens", voilà en substance la définition que donne du mythe l’un des personnages d’Ilium. Pour simple qu’elle soit, elle est authentique et riche. A son aune, la figure de Musashi se colore d’un intérêt tout particulier. De la figure historique, on peut retenir la trame donnée par la préface de Reischauer : "Le Miyamoto Musashi historique, né peut-être en 1584 et mort en 1645, était comme son père une fine lame, et dut sa célébrité au fait qu’il se servait de deux sabres. Il pratiquait avec ardeur l’autodiscipline en tant que clé des arts martiaux, et il est l’auteur d’un célèbre ouvrage sur l’escrime, le Gorin no sho. Adolescent, il a sans doute pris part à la bataille de Sekigahara, et ses heurts avec l’école Yoshioka de Kyoto, les moines guerriers du Hozoin à Nara, et le fameux escrimeur Sasaki Kojirô ont véritablement eu lieu. Yoshikawa nous conte l’histoire de Musashi jusqu’en 1612, année où il n’était encore qu’un jeune homme de vingt-huit ans."
L’essence du roman est concentrée dans cette phrase, lumineuse, qui conclut la préface de Reischauer : "L’accent qu’il met sur la recherche de la maîtrise de soi et de la force intérieure personnelle grâce à une austère autodiscipline de type Zen constitue un trait majeur du caractère japonais. Il en va de même pour la suprématie de l’amour de la nature, et du sentiment d’intimité avec elle. La Pierre et le sabre est plus qu’un grand roman d’aventures. Il donne en outre un aperçu sur l’histoire japonaise, et sur l’image idéalisée que se font d’eux-mêmes les Japonais contemporains."
A l’instar de l’Iliade, dont la rédaction est fortement influencée par le contexte politique et religieux, et nullement par les préoccupations contemporaines du conflit lui-même, le roman de Yoshikawa constitue donc une histoire dont la visée est au-delà de la simple restitution idéalisée de Musashi. Il utilise l’image du samouraï pour proposer, et défendre, une certaine idée de ce que doit être un Japonais. Le cours de la narration est ainsi émaillé d’une suite d’épisodes à portée hautement moralisatrice, qui explicitent ce qu’est "bien agir" en telle ou telle circonstance. Leur conclusion est d’ailleurs invariable : toute conduite conforme à l’ordre est couronnée de succès, mais qui suit le chaos finit toujours par chuter. Car c’est l’apologie d’un ordre immuable, voulu par la nature et les dieux, que propose La pierre et le sabre. Ainsi, à l’agitateur poltique qui veut s’en prendre au shôgun, et dont les projets sont déjoués, on préfère la figure de Musashi qui, avant de s’occuper de réformer l’Etat, songe tout d’abord à réformer, critiquer, et élever à une dimension supérieure sa propre personne.
L’itinéraire de Musashi est riche de sens. Si Yoshikawa s’appuie sur les évènements historiques, et des figures qui ont existé à l’époque, il n’en demeure pas moins qu’il leur insuffle une portée symbolique. Ainsi Musashi entamme son parcours dans le camp des perdants à Sekigahara, car il s’est précipité vers cette bataille sans rien connaître du monde. Puis il fuit, et commet nombre d’erreurs, guidé par son seul instinct. Cependant, la providence place sur son chemin une autre figure historique du Japon du XVIIe siècle : Le moine Takuan : "Ainsi Takuan, qui tient lieu de phare et de mentor au jeune Musashi était-il un célèbre moine Zen, calligraphe, peintre, poète et "maître du thé" de l’époque." Par sa grande sagesse, il fait prendre conscience à Musashi de l’animalité de ses actes et de ses réactions, et le guide vers la prise de conscience de la valeur à accorder à la vie. C’est alors que Musashi va renaître, lors d’un long enfermement au château de Himeiji, au terme duquel il prend le nom de Miyamoto Musashi en lieu et place de Shimen Takezo. Et c’est sous cette nouvelle identité qu’il va traverser plusieurs fois le Japon, faisant nombre de rencontres intéressantes, mais n’ayant surtout de cesse de progresser sur la Voie du samouraï.
En contrepoint de Musashi, on rencontre deux figures, qui tiennent le rôle de doubles dégradés du héros. Tout d’abord Matahachi, ami d’enfance qui le suit à Sekigahara. Lui et Musashi ne sont pas véritablement différents, sinon que Musashi se montre plus volontaire, courageux et fort d’emblée. Tandis que Matahachi se révèle un suiveur de peu d’ambition, qui ne fait que tomber de déchéance en déchéance tout au long des épisodes, Musashi croît en grâce et en renomée. Ensuite vient Sasaki Kojirô, le rival de Musashi, qui s’oppose à lui dans un terrible duel qui clôt le roman. Pareillement doué que Musashi pour la Voie du samouraï, il suscite le respect, et s’attire les honneurs. Mais il poursuit avant tout la gloire, et cherche à se placer et à faire connaître son style d’escrime le Ganryû. Il finit donc par être terrassé, car il "avait placé sa confiance dans le sabre de la force et de l’adresse. Musashi dans le sabre de l’Esprit. C’était toute la différence entre eux." Symbole du chemin vers la domination de soi, et la réalisation de son potentiel, telle est la figure de Musashi dans l’oeuvre de Yoshikawa.
Et il y a fort à gager que les Japonais se sont reconnus dans cette figure, puisque La pierre et le sabre est un grand classique de la littérature populaire japonaise. Il est ainsi caractérisé par Reischauer "La pierre et le sabre diffère beaucoup des romans très psychologiques et souvent névrosés qui ont formé l’essentiel des traduction de littérature japonaise moderne. Il ne s’en trouve pas moins en plein dans le courant principal du roman japonais traditionnel et de la pensée populaire japonaise." Et si, en effet, le style de Yoshikawa est radicalement différent de ceux d’auteurs tels que Kawabata ou Mishima, il n’en demeure pas moins qu’entre ces oeuvres il est possible de lancer des ponts. La nostalgie profonde qui hante Le maître ou La mer de la fertilité s’explique sans nul doute par la confrontation de l’image de Musashi, idéalisation de l’âme japonaise, avec les compromissions que demandaient la modernisation et de l’occidentalisation, et qui ne lui permettaient plus de se réaliser en tant que telle.
Mon avis:Baaa que dire de plus a part que c'est le roman que j'ai le plus lu. 1700 pages au total quand meme mais qui passe tellement vite. On aimerai meme que ca continue pour savoir ce qu'il advient de tous les personages secondaires (tellement intéressant). C'est trés bien écrit même si les 200 premières pages peuvent parraître pas attirante pour ceux qui ne lisent pas beaucoup, l'auteur prend son temps pour mettre en place les decors, les nombreux personnages.
Ce qui ma plus c'est que les livres sont découpés en plein de petit chapitre, c'est pratique quand on ne peut pas se taper 200 pages par jour.
Si vous avez des questions.
Bonne chance pour lire le post