En premier lieu : beaucoup. trop. de. personnages.
Je ne comprends vraiment pas ce choix d’Astier de faire revenir absolument tout le monde alors qu’on a déjà une myriade d’arcs narratifs à traiter et que l’échiquier qu’il a mis en place au fil des trois dernières saisons nécessite déjà la mobilisation d’un paquet de personnages importants. Résultat on se retrouve avec le même problème que les saisons 5 et 6 de Game of Thrones : on passe 30 secondes sur chaque personnages dans chaque épisode pour leur faire dire/faire un petit truc et hop, scène suivante… ce qui a parfois des conséquences dramatiques :
- Léodagan est bon au début, après ça il se fond totalement dans le décor. Même Séli est mieux utilisée que lui. Je suis tellement déçu de la retrouvaille avec Arthur qui se passe en offscreen, alors que ça aurait pu donner lieu à une engueulade d’anthologie…
- Elias de Kellewic’h dont on se rend compte qu’il est inintéressant sans Merlin… il y avait pourtant tellement à faire avec l’opportunisme du personnage (qu'est-ce qu'il fout à moisir en Carmélide, à la place ?).
- Le père Blaise est fidèle à Lancelot maintenant ?
- Bohort et Gauvain qui doivent cumuler 5 répliques à eux deux… que des types comme Galessin ou Calogrenant soient relégués en arrière-plan, je veux bien, mais pas eux, quoi !
- Un jurisconsulte aussi inutile que chiant, et bien entendu interprété par un Christian Clavier toujours aussi mauvais que ces 20 dernières années… d’ailleurs, d’une manière générale on sent que les acteurs ont vieilli de 10 ans.
- Le Roi Loth, le pauvre Roi Loth ! Un des personnages les plus drôles et inventifs de la saga et qui peut jouer sur plusieurs registres comiques, en est réduit à égrainer ses sempiternelles locutions latines qui, cette fois, tombent complètement à plat.
- Le roi Burgonde n’est clairement pas fait pour les longs-métrages, mais bien pour des petites scénettes de trois minutes sans conséquences sur l’intrigue.
- Guethenoc et les deux autres... bof...
- Les trois aspirants chevaliers (mais si, le groupe où y'en a un qui court après une des filles de Karadoc) :
- Cornillac et ses deux potes Wisigoths, qui disparaissent après leur introduction pourtant réussie. Quant au « Collègue », il n’aurait jamais dû exister.
L’autre grande faiblesse du film est sa narration.
Autant j’avoue avoir trouvé le scénario bon sur le papier. Autant pas mal de scènes et de rebondissements sont amenées de manière vachement abruptes et perdent terriblement en impact.
En tout premier lieu, ce qui aurait dû être le climax principal du film, le moment où Arthur se décide à reconquérir son trône. Ça aurait dû être un cheminement tortueux, et bah non, Arthur passe en 30 secondes et sans beaucoup de transition de « J’en ai plus rien à foutre de rien, je refoutrais jamais les pieds à Logres » à « VIVA LA REVOLUCION, MUERTE A LANCELOT ! »… comme c’est pratique… dans cette optique, le retrait d’Excalibur du rocher est bâclé et beaucoup trop banal.
Qu’est-ce que c’est que cette histoire comme quoi Vennec a vendu Arthur comme esclave ? Ça fait justement totalement régresser le personnage, lui qui avait sauvé la vie du non-roi à la fin de la série… selon l’ami qui m’accompagnait, c’est peut-être parce que c’était un moyen de le protéger, mais ça aurait pu être mieux expliqué. D’ailleurs, les dix années d’exil d’Arthur ne sont pas tellement exploitées et c’est franchement dommage.
Chaque scène de retrouvaille entre Arthur et son entourage ne suscite strictement aucune émotion. Je veux bien qu’il soit dans le coma au moment où il retrouve Perceval et compagnie, mais que que sa retrouvaille avec Guenièvre soit aussi plate, ça me pose un sérieux problème. Idem pour le fait qu’il tombe sur Bohort et Gauvain au hasard, et du reste j’ai déjà dit ce que je pensais au sujet de Léodagan.
Le rôle de Lancelot me laisse un sentiment mitigé, également. Autant on sent bien qu’il est tourmenté et qu’il se passe quelque chose dans sa tête, et qu’il peut envoyer du lourd dans les deux prochains films. Certains personnes ont été indisposées par son côté passif, mais je pense que c’est fait exprès et que ça sera mieux détaillé par la suite.
Mais il endosse très mal son rôle de roi fou. Il n’est jamais menaçant. On ne cesse d’affirmer qu’il est tyrannique, cruel mais… on ne fait qu’en parler, en fait. On ne le montre pas. On ne voit pas à l’écran les conséquences désastreuses de son règne, à part les ruines de la cultissime taverne et la bande de péquenauds qui peinent à payer l’impôt (mais comme c’est exprimé sur le ton comique, on ne ressent pas le moindre malaise pour le peuple breton). Alors que Astier avait toutes les cartes en main pour dépeindre en dystopie la Bretagne gouvernée par Lancelot et ses Ku-Klux-Klan… à la place on a droit à un robot médiéval mou, interprété par un Thomas Cousseau peu inspiré. Et ce combat à l’épée sans souffle avec Arthur à la fin...
J’ai moyennement compris l’intérêt des flashbacks d’Arthur jeune légionnaire. En plus, je trouve que la love story avec la nana dont j’ai déjà bouffé le nom casse pas mal le côté unique de sa relation avec Aconia dans la saison 6…
D’ailleurs, puisqu’on parle de cette saison, le retour d’Arthur à Rome qui la concluait est expédié aussi rapidement ? A mon avis, ça n’aurait pas été traité de cette manière si le film était sorti en 2012-13...
Même si j’avoue que le fait d’avoir réutilisé les techniques « musicales » apprises durant sa formation pour faire se coordonner les catapultes burgondes est bien trouvé.
De fait, venons-en à présent aux points forts du film.
L’humour : certes, pas mal de gags sont usés (encore une fois, les locutions lat(r)ines de Loth, les beuglements du roi burgonde et les "MÉCRÉAAAAANTS" de Bohort) mais il y a suffisamment de grands moments pour rattraper ces quelques inconvénients.
Le clan des Semi-croustillants est tout bonnement excellent. Chaque scène avec eux est une perle, Perceval, Karadoc et Kadoc (les mirabelles putain) sont au sommet de leur art. Tous les gags m’ont fait rire, le délire autour des tunnels donne lieu à des répliques géniales (parce que c’est classe!!) et s’avère même utile (Merlin quoi ^^). Et contrairement à certains acteurs qui ont perdu de leur énergie, Franck Pitiot et Jean-Christophe Hembert sont au top du top. Les piques de Perceval et des deux filles de Karadoc (très bons quasi-nouveaux personnages au passage !
) envers Mevanwi étaient priceless.
D’habitude, les sketchs avec les jeux du Pays de Galles ne me font pas tellement rire, mais la séquence du Robobrol (c’est bien ça ?) est oufissime. C’était bien rythmé et sans temps mort, le rire et l’effet de surprise sont constants. Une grosse réussite pour moi.
Hervé de Rinnel n’apparaît pas beaucoup mais il est bon. Idem pour le duc d’Aquitaine, qui, contrairement au Jurisconsulte, s’en sort beaucoup mieux en tant que personnage « récent » pas indispensable à première vue…
Guillaume Gallienne n’apparaît pas beaucoup, mais il est marrant et pas forcément interchangeable avec un autre personnage vu dans la série.
J’ai bien aimé Guenièvre aussi, elle est moins gourdasse que dans la série (elle tient tête à Lancelot avec une fermeté inattendue de sa part) et c’est rafraîchissant. Et si, d’une manière générale je n’ai pas trouvé la réalisation et la mise en scène exceptionnelles (Astier faisait du meilleur boulot sur les saisons 5 et 6 de Kaamelott), la scène où Arthur et elle s’embrassent pour la première fois était très bien exécutée.
Concernant le scénario : comme je le disais, sur le papier il se tient, c’est plutôt la façon dont il est amené qui pèche. Ce qui m’a particulièrement plu avec la fin, c’est qu’elle est très ouverte et que l’histoire peut aller dans n’importe quelle direction pour les deux prochains.
- J’imagine que ça va se recentrer davantage sur la quête du Graal, et c’est tant mieux car c’est ce qui manque cruellement à ce premier volet. Notamment l’investissement de Lancelot dans cette quête, alors qu’il prenait le pouvoir précisément parce qu’il « avait une chance unique de trouver le Graal et d’amener la lumière en Bretagne ». Après OK, il est obnubilé par la traque d’Arthur…
- Lancelot qui part se réfugier dans l’ancien château de son père… j’imagine que c’est le fantôme de ce dernier qui apparaît sous la forme de nuage appuyé sur la tour…
- Sting le Saxon a beaucoup de potentiel.
- Mevanwi toujours en liberté mais qui a tout perdu, vu comment elle réagit dans ce genre de cas de figure, elle va foutre un bordel monstre dans les prochains films. J’espère que la bande à Loth va faire de même, sinon je chiale…
- La demi-sœur d’Arthur : je vois venir gros comme une maison qu’elle va prendre l’apparence d’une des « femmes » du roi pour coucher avec lui (Aconia ? Ou Guenièvre maintenant qu’il s’est enfin résolu à la besogner?)
- Les nouveaux pouvoirs d'Excalibur, je me demande qui les lui confère ? Si c'est les supposés dieux maléfiques qui ont suivi Lancelot dans la saison 5 ça peut être intéressant.
- Yvain a intérêt à revenir en grandes pompes reformer son légendaire duo avec Gauvain.
- La scène post-générique, suis-je le seul à y voir le signe que, tel la Dame du Lac avant lui, Méléagant a été banni par les dieux suite à l’échec de Lancelot ? Hâte de voir comment il va prendre sa revanche